Titre Original : Here
De : Robert Zemeckis
Avec Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly
Année : 2024
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Fantastique
Résumé :
L’histoire de familles dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations.
Avis :
On connaît tous Robert Zemeckis. Dès qu’on pense à Robert Zemeckis, c’est comme si on avait une petite féerie qui s’illuminait en nous. On a tous grandi avec ses films, et bon nombre d’entre eux on fait les amoureux du cinéma que nous sommes. « Retour vers le futur » évidemment, « Forrest Gump » encore plus évidemment, « Qui veut la peau de Roger Rabbit ?« , « La mort vous va si bien« , ou plus récemment, si l’on peut dire, « Seul au monde« , et « Le Pôle Express« … Bref, autant de films, et plus encore, qui sont à jamais marqués dans nos mémoires.
Pour son vingt-deuxième long-métrage, Robert Zemeckis nous a fait rêver d’emblée, parce qu’il a tout l’air de vouloir nous entraîner dans une histoire d’amour avec l’un de ses plus beaux couples de cinéma, Tom Hanks et Robin Wright, oui, Forrest et Ginny de nouveau réunis, comment résister ? Impossible. Alors je me suis comme rué en salle afin de voir cela (bon, étrangement, j’ai eu du mal à trouver une salle de cinéma qui le jouait), et c’est un beau film que j’ai trouvé là. Un film qui est loin d’être aussi fort et intense que « Forrest Gump » et plus largement, « Here… » ne s’inscrira pas dans les meilleurs films de Robert Zemeckis, mais il restera beau dans ce qu’il raconte, comme dans son concept, car oui, « Here… » est un sacré concept qui offre une expérience comme on n’en a jamais vu.
« »Here… » offre une narration totalement neuve et pleine d’inventions »
Un endroit dans le monde, un angle, une ouverture, comme une fenêtre sur cet endroit, que s’est-il passé ici depuis la nuit des temps ? Depuis les dinosaures, en passant par la forêt, les « premiers hommes », puis une construction, une maison et finalement tous ceux qui l’ont habituée…
À soixante-douze ans, Robert Zemeckis nous revient avec un film aussi étrange qu’il est plein d’inventions dans ce qu’il veut raconter. « Here, les plus belles années de notre vie » est un film comme on n’en a jamais vu. C’est un film concept qui va être complexe à coucher en quelques lignes pour en faire une chronique.
« Here… », c’est une fenêtre, ou plutôt, ce sont plusieurs fenêtres qui ne vont pas arrêter de s’ouvrir, pour offrir un voyage temporel qui racontera une famille, mais aussi le monde, à un endroit particulier. Adapté d’un roman graphique de Richard McGuire publié en 2014, « Here… » offre une narration totalement neuve et pleine d’inventions, ne cessant de passer d’une timeline à une autre, sans qu’il y ait forcément de logique dans l’histoire, ou même dans la façon d’ouvrir ces fenêtres. En effet, dans la mise en scène de Zemeckis, et dans son montage qui est incroyable, les fenêtres s’ouvrent un peu n’importe comment dans l’écran, et alors que ça pourrait sonner comme le fruit du hasard ou de l’envie, il y a quelque chose qui fait que tout en déconstruisant son « intrigue », tout sonne comme extrêmement pensé.
« Il y a un souci du détail assez dingue »
Si, dans ce que raconte le réalisateur, il n’y a pas forcément de logique, chaque nouvelle fenêtre qui s’ouvre fait écho à quelque chose, à un objet, un instant, un sourire, une envie, ou n’importe quoi d’autre. C’est vrai que l’expérience est perturbante, et il faut arriver à entrer dans le concept, mais lorsque cela est fait, le voyage est beau, plein d’émotions, et bien souvent, il fait vibrer la corde sensible des souvenirs, car en prenant comme décor, la plupart du temps, le salon d’une famille lambda, il y a quelque chose qui rappelle ce que l’on a tous plus ou moins vécu. Les soirées canapé, les dîners en famille, les rires, les joies, les drames, la famille, les amis, les premières…
Bref, Robert Zemeckis met en scène de petits bouts de vie, qui sonnent toujours justes, vrais et spontanés, et le montage incroyable du film fait qu’on reste attentif d’un bout à l’autre, comme pris dans un tourbillon totalement imprévisible.
En plus du travail incroyable que le film offre dans son montage, et l’évolution de cette famille, mais aussi de l’endroit où Robert Zemeckis a posé sa caméra, il faut saluer l’effort fou des équipes décos, avec un seul lieu, un seul décor, et qui arrivent à faire évoluer ce salon de manière ultra réelle. Il y a un souci du détail assez dingue, qui fait que chaque époque est mise en réalité et chaque objet, chaque meuble, ou agencement raconte quelque chose de l’époque, de la famille, la façon de vivre ou encore des générations qui habitent cette maison.
Autre travail dingue, c’est bien sur tout ce qui a été fait pour rajeunir les acteurs. Robert Zemeckis a toujours aimé travailler avec les nouvelles technologies, il a toujours aimé faire des expériences, et là, il arrive de manière folle à nous présenter ses acteurs à différents âges de leur vie et ça, de manière on ne peut plus naturelle. On pourrait presque croire à un « Boyhood« , tant les rajeunissements de Tom Hanks et Robin Wright, notamment, sont plus vrais que nature.
Après, derrière tous ces éléments qui sont on ne peut plus magnifiques, derrière l’inventivité, derrière les innovations, derrière l’endroit, ce salon, les personnages à différentes époques, les acteurs… Derrière tout cela, il manque pourtant quelque chose en plus à « Here… » pour être un film incroyable, et ce petit quelque chose, je crois que c’est l’émotion, car malgré les sourires, les rires et les moments où l’on est retenu comme en apesanteur, il manque ce petit quelque chose en plus, comme une promesse qui n’est pas tenue jusqu’au bout, pour faire passer le film de beau, voire très beau, à inoubliable. Bon, après, c’est peut-être aussi pinailler, car pour retrouver un Robert Zemeckis aussi bon, il faut remonter à facilement plus de dix ans.
Note : 15/20
Par Cinéted