avril 29, 2024

Revenge of the Pontianak

Titre Original : Dendam Pontianak

De : Glen Goei et Gavin Yap

Avec Nur Fazura, Remy Ishak, Hisyam Hamid, Shenty Feliziana

Année : 2019

Pays : Malaisie

Genre : Horreur

Résumé :

Un mariage dans un village de Malaisie n’est pas du goût d’une créature vengeresse, déterminée à régler ses comptes avec le marié et tous ceux qui croisent son chemin.

Avis :

À l’instar du vampire en Occident, le pontianak est une créature surnaturelle particulièrement populaire en Asie du Sud-est. Selon le pays, comme l’Indonésie ou la Malaisie, il arbore différents patronymes. Au demeurant, le cinéma local a très tôt exploité la légende, et ce, dès les années 1950. Au fil des décennies, ces productions n’ont malheureusement pas profité d’une distribution internationale. La plupart d’entre elles demeurent inédites ou ont sombré dans l’oubli. Avec les plateformes de streaming, il est désormais possible d’appréhender certaines d’entre elles dans de bonnes conditions, dans la mesure où elles ont rencontré un succès commercial dans leurs contrées. Preuve en est avec Revenge of the Pontianak.

Le présent métrage fleure bon l’hommage appuyé à ses prédécesseurs. D’emblée, on sent une volonté de traiter l’intrigue au plus proche de la légende et des histoires qui gravitent autour de la créature. Au contraire de Kuntilanak de Rizal Mantovani ou de Suzzanna – Buried Alive de Rocky Soraya, on délaisse l’opportunisme mercantile tributaire d’ambitions douteuses. En ce sens, le duo de réalisateurs privilégie un premier degré de circonstances et évite un humour hors de propos. En s’affranchissant d’une mise en scène excentrique, Revenge of the Pontianak fait montre de circonspection, de retenue dans la progression d’un récit qui prend place en 1965.

« Le scénario n’entretient guère de doute quant à la nature de la créature. »

Le choix de cette date n’est pas anodin pour le pays, car elle marque le retrait de Singapour de la fédération de Malaisie. Le contexte politique reste anecdotique, a fortiori dans un village reculé. Toutefois, on apprécie ce détail dans le sens où il apporte un fond, si ténu soit-il pour la suite des évènements. Par la même, il démontre la perpétuation des traditions et des légendes au fil des époques. Un clivage qui s’accentue à l’occasion d’un flashback principal pour expliquer le passé du protagoniste et ses méfaits. L’idée n’est pas forcément surprenante puisque les tenants sont assez explicites. En dépit d’une simplicité apparente, il n’en demeure pas moins une narration dépourvue d’incohérences.

En parallèle d’une connotation dramatique, voire tragique, on notera que la présence du pontianak reste discrète. Si l’on dénombre des irruptions aussi brutales qu’expéditives, une majeure partie du métrage se focalise sur les conséquences de ses actes sur les villageois. Teintée de paranoïa, leur peur évolue vers des élans de colère et de modestes soulèvements de foule. Cependant, il aurait été plus judicieux de jouer sur l’ambivalence des superstitions et de leurs manifestations dans un contexte réaliste. En l’occurrence, le scénario n’entretient guère de doute quant à la nature de la créature. Un minimum de nuances aurait pu accentuer la tension et faire montre d’une progression moins balisée.

« L’histoire se veut poussive, aux frontières de considérations mielleuses. »

On distingue également plusieurs maladresses qui altèrent le bon a priori initial. À plusieurs reprises, l’histoire se veut poussive, aux frontières de considérations mielleuses. Ce qui n’est pas sans rappeler Inhuman Kiss, dans une certaine mesure. L’incursion nocturne en forêt et les circonstances de la mort de Mina illustrent cet état de fait où l’on ballotte entre des sentiments contradictoires, des comportements impromptus. On dénote aussi des soucis de caractérisation et d’interprétation. Là encore, les réactions sont assez mécaniques avec des expressions parfois forcées. À cela s’ajoutent des trucages sommaires et des maquillages moyens, pour ne pas dire négligés. On songe au pontianak (lentilles et prothèses d’ongles, à l’appui), comme à ses victimes et leurs boyaux à l’air.

Au final, Revenge of the Pontianak s’avère une occurrence horrifique non dénuée d’intérêt. Le film de Glen Goei et Gavin Yap propose un contexte soigné où le cadre rural de la Malaisie est bien exploité. De ce côté, le travail sur la réalisation reste propre et sans fioriture. On apprécie l’évocation de la légende du pontianak qui tire parti du folklore, comme de l’évolution des mœurs sociétales. Cependant, l’intrigue n’échappe pas à quelques facilités narratives, le tout affublé d’une progression prévisible et binaire. De plus, on fait l’impasse sur de plus amples explications concernant la créature pour la reléguer à une pâle figure vampirique venue d’Asie. Un film non dépourvu d’attraits, mais perfectible et maladroit dans sa présentation.

Note : 13/20

Par Dante

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