mai 2, 2024

Kuntilanak

De : Rizal Mantovani

Avec Sandrinna Michelle, Aurélie Moeremans, Fero Walandouw, Nena Rosier

Année : 2018

Pays : Indonésie

Genre : Horreur

Résumé :

Cinq enfants découvrent que le vieux miroir trouvé dans leur orphelinat abrite un esprit maléfique qui kidnappe les enfants et les y emprisonne.

Avis :

Lorsqu’il est question du cinéma horrifique du Sud-est asiatique, les histoires de hantise et autres phénomènes paranormaux s’attardent volontiers sur le folklore local. À bien des égards, ces légendes et mythes possèdent une aura particulière. Sans doute est-ce dû à ces croyances qui se perpétuent encore de nos jours ou cette conviction des populations des villages les plus reculés. À travers ces récits et l’évocation de créatures de la nuit, il se dégage une atmosphère primitive, empreinte d’une crainte mesurée sur leur potentielle existence. On peut s’attarder sur le leyak, pendant indonésien de la krasue, ou du sundel bolong, un esprit féminin décédé pendant sa grossesse. Quant au kuntilanak (ou pontianak), il s’agit d’une femme morte en couche, mais les similarités demeurent évidentes.

Aussi, Kuntilanak n’est pas à assimiler avec le métrage éponyme de 2006 qui, pour ajouter à la confusion, est également réalisé par Rizal Mantovani. Fasciné par cette légende, et plus généralement par le folklore de son pays, le cinéaste propose une nouvelle interprétation à travers ce film de 2018. L’une de ses premières particularités est d’entremêler des éléments inhérents aux légendes urbaines avec un mythe ancestral. Néanmoins, on devine que l’intrigue ne va guère s’épancher sur l’évocation du passé tourmenté de la créature, encore moins se montrer didactique quant à de modestes explications sur sa nature, ses motivations.

« L’irruption du kuntilanak s’avance comme un prétexte pour une histoire divergente. »

Pourtant, l’entame n’est pas pour déplaire. En dépit de son classicisme, elle a le mérite de poser l’ambiance. Sur fond de deuil et d’alcoolisme parental, on esquisse les prémices d’un cadre social délétère. De plus, on avance que les enfants ne sont guère épargnés et constituent d’ailleurs les victimes de l’esprit. Les adultes, eux, sont des dégâts collatéraux, tour à tour possédés ou touchés par la folie. Le fait de suggérer la présence néfaste du kuntilanak par le miroir offre aussi une occurrence symbolique pour traduire la frontière entre la réalité et l’au-delà. On tient donc là plusieurs éléments à même de fournir un métrage intéressant, sinon étrange dans son traitement de la légende indonésienne.

Très vite, l’irruption du kuntilanak s’avance comme un prétexte pour une histoire divergente des attentes initiales. Si les protagonistes sont des enfants, on aurait pu penser à une approche étonnante où la tonalité sombre des films d’horreur asiatiques les touche. Certes, ce n’est pas novateur. Pour autant, un tel contraste accentue l’effet de tension et, par conséquent, l’imprévisibilité latente des séquences. Seulement, on distingue un clivage entre les nuits minées par des phénomènes paranormaux et les péripéties diurnes de cette bande de sœurs et frères adoptifs. On a ainsi droit à des passages dispensables qui tirent sur la longueur et jouent sur la complicité des intéressés.

« On a l’impression d’assister à une pâle résurgence des Goonies. »

À de nombreuses reprises, on a l’impression d’assister à une pâle résurgence des Goonies ou, de manière plus évidente, à Ça ou Stranger Things. Cependant, ce constat reste ancré dans des situations anodines, sinon inoffensives. L’ensemble s’affuble de gimmicks et même d’un jingle pour souligner l’aspect comique de certaines scènes. Digne d’une sitcom, ce procédé annihile le semblant d’atmosphère que les séquences nocturnes insufflent. Par ailleurs, celles-ci sont loin d’être percutantes. La faute à des mécanismes éculés, des apparitions attendues et des trucages numériques hideux. Cela sans oublier des cris et des rires des plus pénibles pour expliciter la présence du kuntilanak.

Au final, Kuntilanak est un film d’horreur bancal. Si l’on peut apprécier des intentions prometteuses et une légende qui offre un réel potentiel, Rizal Mantovani se perd dans un mélange des genres où l’horreur fait très mauvais ménage avec la comédie. Il en ressort une production familiale où l’ambiance bonhomme rend l’ensemble routinier et lassant, tant les enjeux se délitent dans un florilège de séquences sans tension ni intérêt. De plus, on apprend très peu d’éléments sur l’esprit en question. Cela sans compter sur de très libres considérations du mythe. À aucun moment, on n’évoque le rapport qui unit le kuntilanak aux enfants ou à son décès en couche. Ces informations doivent tenir des connaissances et des recherches personnelles du spectateur. Une incursion grand public, à la mise en scène standardisée et au scénario beaucoup trop verbeux pour ce qu’il a à raconter.

Note : 09/20

Par Dante

Une réflexion sur « Kuntilanak »

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