avril 28, 2024

The Divide

De : Xavier Gens

Avec Lauren German, Milo Ventimiglia, Michael Biehn, Michael Eklund

Année : 2011

Pays : Etats-Unis, Angleterre

Genre : Science-Fiction, Horreur

Résumé :

Quand une explosion cataclysmique ravage la ville de New York, huit personnes se réfugient dans le sous-sol de leur immeuble. Des tensions et des rivalités apparaissent parmi les rescapés qui survivent grâce aux réserves déclinantes d’eau et de nourriture. Soudain, des hommes en combinaison pénètrent dans l’abri et font feu sur ses occupants. Eva, la seule jeune femme du groupe, va devoir s’endurcir pour survivre à cette menace extérieure…

Avis :

Au rayon des réalisateurs français qui aiment le genre et qui en ont fait leur cheval de bataille, on pioche aujourd’hui la carte Xavier Gens. Commençant sa carrière sur le terrain et sans jamais être passé dans une école de cinéma, très rapidement, le jeune homme va s’intéresser au film d’horreur, et après un court-métrage remarqué, il va alors proposer Frontière(s). Film neuneu basique où des banlieusards vont se friter avec des néo nazis, il fallait tout de même reconnaître au cinéaste une certaine patte et une envie d’aller vers le gore et le trash, chose trop rare dans notre pays. Après cela, Xavier Gens va continuer son petit bonhomme de chemin sans jamais faire d’éclat. Il s’expatrie un peu aux States pour fournir l’adaptation du jeu vidéo Hitman, puis en profite pour faire The Divide, film qui nous préoccupe entre ces lignes.

Fait avec trois fois rien, le scénario de ce film (signé par Karl Mueller et Eron Sheean) commence très rapidement avec une explosion qui semble nucléaire, et une panique générale au sein d’un immeuble. Une poignée de personnes arrivent à se réfugier au sous-sol, où il s font la découverte d’un vrai bunker de survie aménagé par le gardien, un survivaliste qui avait prévu qu’un jour ou l’autre, cela se produirait. Bien évidemment, tout ce petit monde va devoir apprendre à vivre ensemble, attendant que les secours arrivent, ou tout du moins, que les retombées radioactives ne soient plus dangereuses. Comme on s’en doute, tout ne va pas se passer comme prévu, des groupes d’affinité vont se faire, et certaines émotions vont être décuplées. The Divide doit alors se voir comme un portrait nihiliste de notre humanité, où même dans une situation précaire, le pire remonte toujours à la surface.

« Le problème avec ce scénario, c’est qu’il va beaucoup trop loin dans l’aspect sombre de l’humanité. »

Afin d’exacerber les sens et les réactions, Xavier Gens va proposer des personnages avec des traits de caractère assez forts, où les binômes vont se détruire et se reconstruire. On aura droit aux deux compères qui montent en pression et vont péter les plombs. Il y aura aussi la mère inquiète pour sa petite fille, mais qui va elle aussi finir dans une folie douce. On aura le couple mal assorti qui jouera sur la jalousie de tout un chacun. Puis on ne passera pas à côté du gardien trumpiste, qui pourtant va tout faire pour sortir ce petit monde de l’impasse. En faisant ainsi, le réalisateur va permettre au spectateur de s’identifier à certains personnages, et donc de ressentir une empathie envers eux. comment aurions-nous fait si nous étions à leur place ? Une façon de faire assez maline pour éviter de tourner en rond pendant deux heures.

Le problème avec ce scénario, c’est qu’il va beaucoup trop loin dans l’aspect sombre de l’humanité. Rien ne nous sera vraiment épargné, et la réalisation, brute et vive, ne va pas nous mâcher la digestion. Ici, tout y passe, de la torture au viol, à la menace psychologique en passant par quelques aspects scatologiques. Bref, on sombre vraiment dans les plus bas instincts de l’homme, et parfois, c’est difficilement soutenable. D’autant plus que les acteurs sont très investis dans leur rôle, à l’instar de Milo Ventimiglia, vraiment glaçant, ou encore Michael Eklund qui devient une véritable figure cauchemardesque. The Divide est dur à regarder et à supporter, et malgré ce côté dérangeant, qui bouscule un peu, c’est aussi ce qui fait sa puissance. Xavier Gens n’est pas réputé pour sa finesse, il confirme ici, mais il y a aussi un but, un propos.

« Il manque un peu de finesse dans ce monde de brutes. »

Bien évidemment, le film n’est pas exempt de défauts, et le premier provient de sa longueur, car deux heures de huis-clos, il faut tenir la barre, et on n’évite pas un petit ventre mou. Tout comme certaines situations demeurent inexpliquées, à l’image de ces soldats qui viennent enlever une jeune fille, et que l’on ne retrouvera pas par la suite. Même la toute fin laisse ce côté-là de l’histoire en suspens.Ensuite, si la réalisation est nerveuse et tente d’assurer le spectacle, on va retrouver des tics de réalisation propre à Gens, avec notamment cette lumière jaune qui sature un peu l’image. Alors oui, ça rend une atmosphère maladive, mais c’est peut-être un peu trop marqué, comme les aplats de bleu et de blanc pour l’aspect clinique. Comme dit auparavant, il manque un peu de finesse dans ce monde de brutes.

Au final, The Divide est un film qui contient de très bonnes choses, et qui n’hésite pas à salir son image pour peindre une image peu reluisante de l’humanité. Ce manque d’espoir, ce côté nihiliste au possible fait à la fois le charme du film, qui marque et percute, mais aussi sa faiblesse, ne trouvant pas de juste équilibre pour ne pas partir dans le graveleux et le vulgaire. Il en résulte un film à concept intéressant, loin d’être idiot, mais qui génère un côté bourrin et sale gosse qui fait un peu défaut. Bref, Xavier Gens tient tout de même bien la barre, avec une tension palpable à chaque instant, et même si c’est imparfait, ça reste surprenant (et trop rare) de retrouver cela sous l’œil d’un cinéaste français.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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