De : Claude Lelouch
Avec Dominique Pinon, Fanny Ardant, Audrey Dana, Zinedine Soualem
Année : 2007
Pays : France
Genre : Policier, Drame
Résumé :
Judith Ralitzer, femme fatale, auteur à succès, est en quête de personnages pour son prochain best-seller. Un tueur en série vient de s’échapper de la prison de la santé ! Huguette, midinette, coiffeuse dans un grand salon parisien, va changer leur destin. Il y a des rencontres plus fatales que d’autres…
Avis :
Claude Lelouch est un immense metteur en scène, mais comme tout metteur en scène, surtout avec une carrière aussi longue que la sienne, Claude Lelouch a eu des hauts et des bas. Les années 2000 pour Claude Lelouch vont être très difficiles à passer, puisque ses films sont des échecs les uns à la suite des autres. Le réalisateur avait même prévu une trilogie qu’il va abandonner. Dans le creux de la vague, Lelouch avait l’envie d’un film radicalement différent de ce qu’il a l’habitude. Pour ce faire, il s’essaie alors à un tour de passe-passe. Ainsi, il prend un pseudonyme (Hervé Picard), et demande à l’un de ses meilleurs amis de se faire passer pour un réalisateur afin d’être tranquille et de refaire un film en s’amusant, sans pression. Le résultat sera étonnant et surtout, il sera la renaissance du réalisateur.
Après l’échec du « … courage d’aimer« , deuxième volet de ce qui ne sera jamais sa trilogie du genre humain, Claude Lelouch revient deux ans plus tard là où on ne l’attendait pas, avec un thriller littéraire. Dans son style, tout en s’en écartant, « Roman de gare« , le dernier Lelouch des années 2000, est un très bon cru pour son réalisateur qui nous livre-là un film tout en suspens. Se sentant plus libre, caché derrière un faux nom, Claude Lelouch retrouve alors une liberté et une créativité. Il en résulte un savoureux moment de cinéma, mené par des acteurs au top. Bref, je ne regrette absolument pas de m’y être arrêté.
Il y a des rencontres qui sont plus fatales que d’autres. Cette rencontre, c’est celle que va faire Huguette quand elle va se faire larguer sur une station d’autoroute. Ce soir-là, Huguette va rencontrer Pierre, la quarantaine bien passée, qui descend vers le sud. Huguette qui devait présenter celui qui l’a plaquée à ses parents, passe un marché avec Pierre. Celui-ci, l’espace de vingt-quatre heures, se fait passer pour son compagnon. Entre un tueur en série qui vient de s’évader de la prison de la santé et une écrivaine qui est loin de celle qu’elle dit être, ces quelques jours vont bouleverser bien des vies…
Il y a des films qui sont comme des piliers, des angles, ou encore des renaissances dans la carrière de tout réalisateur et pour Claude Lelouch, « Roman de gare » fait partie de ceux-là. S’aventurant dans le thriller, Claude Lelouch signe là un film qui n’est pas dénué de défauts, certes, mais malgré cela, il signe un film captivant, intéressant, et surtout un film rempli de suspens. C’est bien simple, avec « Roman de gare« , on ne sait pas où l’on va, mais une chose est sûre, Claude Lelouch sait comment nous emmener là où il veut.
La première chose qui ressort de « Roman de gare« , c’est son intrigue qui multiplie les sources d’intrigues. Pour ce film, Claude Lelouch nous parle aussi bien d’un tueur en série échappé d’une prison, que d’une écrivaine qui n’est pas ce qu’elle dit être, que d’une jeune femme qui revient chez elle après des années, que d’un homme disparu volontairement et enfin que d’une histoire d’amour qui commence. Avec autant d’intrigues condensées sur une heure quarante de film, on aurait pu croire que Claude Lelouch se serait emmêlé les pinceaux, ou il aurait bâclé telle ou telle intrigue, préférant se recentrer sur une autre, mais il n’en est rien, et c’est même tout le contraire qui va se produire. Alors certes, parfois, on peut avoir la sensation d’être largué, surtout par cette première partie de film, mais au final, « Roman de gare » se pose comme un puzzle et toutes les pièces vont peu à peu se rassembler au final, pour livrer une fin des plus terribles (dans bien des sens).
Claude Lelouch nous fait prendre plaisir à nous perdre dans ces intrigues, il s’amuse avec nous en brouillant les pistes, en nous donnant de quoi douter, et grâce à cela, même si parfois on ne sait pas où l’on va, on s’accroche, et mieux que ça, finalement, on adore ça.
Si l’écriture est excellente malgré ses petits défauts, il faut l’allier à la réalisation de Claude Lelouch qui se réinvente avec ce film. Il y aura bien au départ une sensation que Claude Lelouch nous livre ce qu’il fait habituellement, mais finalement, très vite, le réalisateur se détourne de ses habitudes et il nous entraîne dans un film qui a un joli cachet. Mystères, fausses pistes, ambiance sombre, le réalisateur installe peu à peu un suspens étonnant. Précis dans sa méthode, il nous fait douter de tout, et il en ressort un joli thriller qui nous tiendra jusqu’à sa fin.
« Roman de gare« , c’est enfin un joli casting duquel il ressort son trio de tête, c’est-à-dire Dominique Pinon, qui en serait presque flippant, Fanny Ardant qui trouve un personnage glacial fait pour elle, et Audrey Dana qui fut révélée à l’époque avec ce film. Puis derrière ce trio, on notera une Michelle Bernier étonnante, un Zinedine Soualem en flic du quai des Orfèvres, ou encore Myriam Boyer qui excelle comme à son habitude.
Avec « Roman de gare« , Claude Lelouch signe-là un excellent film. Doté d’un scénario malicieux et riche, plongeant dans une ambiance sombre et prenante, et porté par des acteurs géniaux, Claude Lelouch conclut ses années 2000 de très belle manière. « Roman de gare » captive, intrigue, nous fait douter et une fois qu’il se révèle, il nous « achève », comme dirait l’un de ses personnages. Bref, du très bon Lelouch.
Note : 15/20
Par Cinéted