octobre 10, 2024

Les Professionnels

Titre Original : The Professionals

De : Richard Brooks

Avec Lee Marvin, Burt Lancaster, Claudia Cardinale, Robert Ryan

Année : 1966

Pays : Etats-Unis

Genre : Western

Résumé :

Pendant la révolution mexicaine, en 1917, Maria, la femme de Grant, un riche propriétaire terrien, est enlevée par Jesus Raza, un bandit mexicain. Grant engage alors quatre professionnels pour ramener sa femme.

Avis :

Quand on évoque les meilleurs westerns de tous les temps, on a souvent tendance à entendre les mêmes films qui reviennent. Entre Django ou Rio Bravo plébiscités par Quentin Tarantino, Les Sept Mercenaires ou encore La Horde Sauvage de Sam Peckinpah, il y a vraiment de quoi se faire plaisir, mais en dehors de ceux-là, peu de nouveautés reviennent. Certains vous parleront d’Impitoyable de Clint Eastwood, ou de Hostiles, plus récemment, mais étrangement, Les Professionnels de Richard Brooks revient rarement. Pourtant considéré comme son meilleur western, ce film possède un casting de dingue, en plus d’avoir une histoire simple, mais efficace, qui lutte contre le racisme et les riches. Bref, un long-métrage qui a bien des arguments pour lui et qui reste un peu trop dans l’ombre d’autres westerns, tout aussi bien, mais qui ont déjà le vent en poupe.

Ici, le pitch est très simple. Un riche homme d’affaires s’est fait kidnapper sa femme, et plutôt que de payer la rançon, il monte une équipe de quatre hommes pour aller la chercher. Parmi ses messieurs, il y a un pisteur de renom qui manie avec précision les armes, un expert en dynamite, un homme qui est doué avec les chevaux et un meneur d’hommes qui va mener la baraque. Jusque-là, rien de bien intéressant, sauf que le kidnappeur en question est un ancien ami des quatre hommes, et c’est un redoutable personnage qui mène la vie dure au gouvernement mexicain, puisqu’il est à la tête de la révolution. En soi, Les Professionnels n’est pas un film compliqué. Il s’agit d’une mission de sauvetage dans un pays étranger, pour le compte d’un homme plein aux as qui a promis une coquette somme aux quatre cowboys.

« Richard Brooks confère alors du fond à son film grâce à ses personnages et aux valeurs qu’ils véhiculent. »

Cependant, ce scénario épuré va permettre de travailler sur les personnages, leurs relations, mais aussi sur des thèmes importants et bien en avance sur leur temps. Mais en premier lieu, ce sont surtout les personnages qui vont compter. Outre le fait qu’ils soient joués par des acteurs incroyables (Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan, Jack Palance et Woody Strode), chacun possède un caractère particulier, et l’ensemble marche bien. Il y a une belle osmose qui se pose dès le départ, du sauvetage de Burt Lancaster à cause de son côté volage, au fait qu’il n’y a aucun problème de racisme dans la bande. En effet, nous sommes en 1917 dans le film, et l’employeur demande s’il y a un problème de travailler avec un « nègre ». Et visiblement, ça ne pose de souci à personne. En cela, il y a déjà un thème qui transparait.

Pour en revenir au groupe, c’est assez étonnant de voir que cela fonctionne bien, tant le tournage était sous tension, la faute à un Lee Marvin constamment alcoolisé, ce qui avait un don pour agacer fortement Lancaster. Mais force est de reconnaître que cela ne se voit pas à l’écran. Autre personnage pour lequel on va ressentir une forte empathie, c’est celui de Claudia Cardinale. On a droit à une femme forte, qui ne se laisse pas faire, et qui va changer la vision de la mission. En effet, elle sera en quelque sorte le twist du scénario, qui permettra alors de mettre en avant un autre thème, celui de la place de la femme dans la société, mais aussi du patriarcat et de la mainmise des riches sur les autres personnes. Richard Brooks confère alors du fond à son film grâce à ses personnages et aux valeurs qu’ils véhiculent.

« Au-delà de ça, on retrouve aussi un discours passionnant sur la révolution et la lutte des classes, notamment au Mexique. »

Les Professionnels est donc un film qui est très simple, mais qui raconte beaucoup de choses. Très en avance sur son temps sur le sujet du racisme envers les noirs, Richard Brooks met en avant des héros qui se foutent pas mal de la couleur de peau, mais qui jugent aux actions et aux capacités. De même, ils font faire la nique à un riche homme d’affaires qui pense qu’il peut exploiter qui il veut. Le discours est clair et précis, montrant alors que malgré l’argent, il y a plusieurs choses que l’on ne peut pas acheter, l’amour, la passion et l’intégrité de certaines personnes. Au-delà de ça, on retrouve aussi un discours passionnant sur la révolution et la lutte des classes, notamment au Mexique. Raza explique pourquoi il est si impliqué et si passionné, aussi bien en amour qu’en politique, montrant que sans passion, on ne vit pour rien.

La mise en scène est bien évidemment au service de tout cela. Dans son épure, le film reste très beau à voir. Les plans du désert, le soleil écrasant, les chemins dangereux où peuvent se cacher des brigands, on ressent vraiment une tension permanente grâce à la réalisation. De même, les nombreux affrontements sont très bien mis en image. On retrouve une certaine grâce et une vraie violence, que l’on peut retrouver chez Sam Peckinpah quelques années plus tard (avec du sang en plus). Il y a une vraie volonté d’impliquer le spectateur dans la bataille finale, notamment dans la préparation des divers pièges, et c’est vraiment très bien fichu. Le film vogue vers ses soixante ans et il n’a pas pris une ride. Il faut dire que les moyens mis en œuvre sont impressionnants, à l’image de la tempête de sable faite avec des réacteurs d’avions.

Au final, Les Professionnels est un excellent western, et même un très bon film tout court. Richard Brooks livre un long-métrage assez épuré dans sa trame et sa réalisation, mais qui brasse de nombreux thèmes en avance sur leur temps et permettent de donner l’épaisseur nécessaire au film pour devenir une réussite. Ajoutons à cela des acteurs incroyables donnant vie à des personnages ultra attachants, et on obtient un très bon film dont on na parle que trop peu…

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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