De : Fabien Onteniente
Avec Franck Dubosc, François-Xavier Demaison, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte
Année : 2019
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Planté par sa fiancée à l’aéroport, Bruno s’envole seul pour une semaine dans un club de vacances All Inclusive aux Caraïbes. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, il va devoir partager sa chambre avec Jean-Paul Cisse, éternel célibataire très envahissant…
Avec Lulu, retraitée et veuve très open, Caroline, Manon et Sonia, trois copines venues enterrer le divorce de la première et Edouard Laurent, le directeur du Club Caraïbes Princess, les deux vacanciers ne sont pas près d’oublier leur séjour sous le soleil des cocotiers.
Avis :
En France, on est capable du meilleur comme du pire en matière de comédie. Si l’on veut trouver quelques idées et des longs-métrages qui font rire, il faut alors se tourner vers un cinéma un peu plus indépendant, celui où l’on retrouve un casting un peu plus confidentiel, et des réalisateurs qui en sont à leur début. Malheureusement, ce qui prévaut avant la qualité, c’est le nombre d’entrées, et pour cela, il faut avoir un casting solide, qui a de la crédibilité pour le grand public. Et ça, Fabien Onteniente l’a bien compris, mettant en scène des films avec des castings impressionnants, délaissant alors la qualité pour la quantité. Mais le constat est là, sans appel, le type n’a pas fait un seul bon film de toute sa carrière. Pire, il est considéré comme une marque sûre d’un faiseur de navets, avec de bons acteurs qui sombrent avec lui.
Dernier méfait en date, All Inclusive, sorti en 2019, qui met en avant Franck Dubosc (en même temps, c’est la cinquième collaboration entre les deux hommes), François-Xavier Demaison, Josiane Balasko et Thierry Lhermitte. L’histoire raconte comment Bruno part sans sa femme en lune de miel en Guadeloupe, rencontre Jean-Paul, et ce dernier va se montrer un peu trop invasif. Les deux hommes nouent une amitié toute relative, mais ce voyage va permettre à Bruno de remettre en question son amour. Bref, le film sera surtout l’occasion de mettre en avant une succession de saynètes qui se veulent drôles, sans qu’il y ait vraiment de cohérence. De ce fait, All Inclusive n’aura que très peu d’intérêt, brassant son léger fond dans un mélange indigeste de blagues potaches à caractère raciste, homophobe ou encore grossophobe. On appelle ça le grand chelem…
« C’est d’une tristesse qui force presque le respect. »
Le principal problème, dans son fil rouge, c’est qu’il ne tient pas la route. On a droit à un pauvre type qui regrette le mal qu’il a fait à sa femme, et un autre, looser magnifique, qui va lui donner des conseils pour la retrouver. On aura droit à des disputes, et à des scènes coupées qui n’ont aucun lien les unes avec les autres. En fait, le film est découpé en journée (l’ensemble se déroule sur une semaine) et chaque jour voit sa petite animation qui amène une blague de merde. On aura droit à la soirée des sosies, avec un Dubosc en sosie de Johnny, ou encore à la balade en forêt, avec un faux chaman qui explique à Dubosc qu’il va se taper une vieille veuve. Ce n’est jamais drôle, et on sent que même les acteurs, lorsqu’ils disent leurs répliques, n’y croient pas un seul instant.
C’est d’une tristesse qui force presque le respect, surtout quand on sait qu’ils sont trois derrière le scénario. Et histoire de montrer que le film ne s’adresse pas uniquement aux vieux, on a droit à un casting un peu plus jeune, avec notamment Mister V en animateur dragueur/débile, et le pauvre se demande constamment ce qu’il est allé faire dans cette galère. Une galère qui se pose aussi sur les personnages, trop nombreux, à peine écrits, et qui n’ont finalement qu’un fil de progression, comme la fraîchement divorcée qui n’aura pas de conclusion (Caroline Anglade), sa petite sœur, star des réseaux, qui tombe amoureuse d’un animateur qui s’en fout, ou encore un couple québécois qui passe son temps à baiser et se droguer. Bref, c’est nul, c’est écrit avec le cul, et aucun personnage ne sera un tant soit peu sympathique.
« Certains acteurs, d’habitude plutôt bons, sont calamiteux ici. »
A cela, il faut rajouter des figurants piochés sur l’île qui ne sont pas des acteurs, et qui jouent comme des patates. Les répliques sont dites de façon robotique, et on sent que les gens sont mal à l’aise, surtout quand il faut faire une blague pas drôle. Et puis le duo star ne fonctionne pas. Franck Dubosc ressort son costume de Patrick Chirac vu dans les films Camping, et il en fait des caisses. Quant à François-Xavier Demaison, il passe son temps à froncer les sourcils et à surjouer, ne sachant comment donner vie à un personnage lambda qui n’a rien à raconter, si ce n’est qu’il est amoureux de sa femme. Encore plus étonnant, certains acteurs, d’habitude plutôt bons, sont calamiteux ici. Thierry Lhermitte est catastrophique, et Maïwenn est d’une nullité effroyable, alors qu’elle ne possède qu’une réplique en début de film.
Reste alors la mise en scène, qui est là aussi d’une banalité affligeante. Si l’histoire se déroule à la Guadeloupe, on ne profitera quasiment jamais des beaux décors de l’île, l’essentiel de l’histoire se déroulant dans un hôtel, ou sur la même plage. Le film ne respire jamais, essayant de faire des blagues sur des blagues, oubliant non seulement les éléments de la narration, mais n’arrivant pas non plus à se défaire d’une mise en scène téléfilmesque et ridicule. Franchement, même Camping Paradis (vous savez, le téléfilm moisi de TF1 avec Laurent Ournac) est parfois mieux shooté et moins grossier dans son humour beauf. C’est un problème récurrent chez Onteniente, incapable de fournir un film intelligent, d’où, sans doute, sa lente descente vers le téléfilm, où il arrive, là aussi, à faire mauvais.
Au final, All Inclusive est une purge sur tous les fronts. Que ce soit l’histoire, les acteurs, la mise en scène, même la musique de Benjamin Biolay (il avait sûrement des factures à payer), tout est mauvais et d’un mauvais goût rarement atteint. En clair, seuls les amateurs de comédies franchouillardes, où l’on se moque des gens corpulents, de l’accent des locaux ou encore des homosexuels, apprécieront ce film, mais est-ce des gens qui aiment le cinéma ? Je ne crois pas.
Note : 01/20
Par AqME