avril 29, 2024

Crowbar – Zero and Below

Avis :

Fondé à la toute fin des années 80 mais trouvant son nom définitif au début des années 90, Crowbar fait partie des groupes influents de la NOLA (la scène métal de la Nouvelle-Orléans) mais aussi et surtout du Sludge Métal. De nombreuses formations dises s’inspirer de Crowbar comme Baroness, Cult of Luna ou encore Mastodon, c’est dire l’aura qui entoure le groupe porté par l’emblématique Kirk Windstein. Pour autant, les américains n’ont pas une côte de popularité incroyable, surtout en France, où ils font, la plupart du temps, les premières parties de groupes un peu plus connus. Cela n’empêche pas Crowbar de sortir de bons albums et de nous asséner de bons coups de massue derrière la tête. Dernier fait en date, Zero and Below, sorti en 2022, et qui fait suite au sympathique mas anecdotique The Serpent Only Lies.

Le principal reproche que nous avions fait sur l’album précédent, c’était son absence de prise de risque, son Sludge calibré et le manque de titres marquants, de ceux qui restent en tête un long moment. Qu’en est-il de ce douzième effort studio, qui aura mis six ans à pointer le bout de son nez. Et bien on sent que les américains ont pris du temps pour pondre ce nouvel effort, qui reste dans une veine connue (et attendue), tout en essayant de sortir, parfois, de sa zone de confort, avec des riffs moins lourds, des rythmiques plus rapides, ou une place plus nette à la batterie et la basse. Bref, Crowbar revient en forme, et ça fait plaisir, d’autant que cela s’entend dès le premier morceau, The Fear That Binds You. Le titre démarre au quart de tour, et il comporte tout ce que l’on attend du groupe.

Les riffs sont lourds, le chant est bien grave et puissant et la rythmique demeure assez lente. Bref, on est en plein dans du Sludge, et cette entrée en matière est percutante. Her Evil is Sacred sera du même tonneau et peut faire craindre une certaine redondance dans les titres. Mais Crowbar arrive à rendre le morceau unique, notamment grâce à quelques breaks intéressants, et des variations qui permettent d’alourdir une ambiance déjà pesante. Confess to Nothing envoie aussi de la lourdeur par paquets de douze, et la mélodie choisie va rapidement rester en tête. C’est bien fichu, c’est malin, mais jusqu’à présent, on reste dans quelque chose de similaire qui manque un peu d’originalité. Heureusement, Chemical Godz déboule avec son riff imparable et sa rythmique saccadée. Le chant crié de Kirk Windstein se marie très bien avec l’ambiance souhaitée, et on aura même des passages très aériens.

On entend bien que le groupe essaye de varier les plaisirs, tout en restant dans une veine Sludge appuyée et percutante. En ce sens, Denial of the Truth aura une construction plus complexe que le reste, avec des relents Doomesques appréciables, et une belle volonté de nous mettre une grosse tarte dans la tronche. Puis avec Bleeding From Every Hole, le groupe se penche vers un aspect Hardcore qui tabasse. Le début, avec la ligne de basse est ultra intéressant, et on sent les influences de groupes comme Hatebreed (et pas étonnant, en cette année 2024, ils tournent ensemble). Vif, court et concis, il s’agit peut-être du meilleur morceau de l’album, et ce n’est pas un hasard si le groupe a choisi ce titre pour en faire un clip. Bref, Crowbar envoie du lourd et démontre qu’il est capable de se diversifier tout en gardant sa rage.

Une rage que l’on retrouve sur It’s Always Worth the Gain qui laisse un boulevard à la batterie qui va se faire plaisir. Elle devient ici moteur du morceau, et les guitares vont pouvoir s’appuyer dessus pour offrir une belle mélodie, à la fois percutante et entêtante. Crush Negativity renoue avec le Sludge Doom du groupe, avec une belle efficacité et une lourdeur retrouvée qui permet de voir que Crowbar ne renie pas pour autant son passé. On retrouve cela avec Reanimating a Lie, gros pavé qui donne vite envie de headbanger en rythme. Enfin, le groupe clôture son album avec Zero and Below, qui fait plus Doom qu’autre chose, avec une rythmique très lente et une ambiance bien pesante. Dépassant en prime les cinq minutes, on voit que le groupe veut terminer sur une note plus technique et plus appuyée. Et ça marche.

Au final, Zero and Below, le dernier album en date de Crowbar, est un excellent effort, bien meilleur que le précédent, qui se reposait un peu trop sur ses lauriers. En variant les plaisirs, passant du Sludge au Doom, arpentant parfois le chemin du Hardcore, on peut dire que les américains tentent des choses et retrouvent une belle inspiration qui fait plaisir à entendre. Bref, ce douzième album est une réussite, même si on peut lui imputer un manque de hits en puissance, ou tout du moins un autre morceau (autre que Bleeding From Every Hole) qui reste dans nos petits cervelets amateurs de musique violente.

  • The Fear That Binds You
  • Her Evil is Sacred
  • Confess to Nothing
  • Chemical Godz
  • Denial of the Truth
  • Bleeding From Every Hole
  • It’s Always Worth the Gain
  • Crush Negativity
  • Reanimating a Lie
  • Zero and Below

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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