novembre 3, 2024

Emmure – Hindsight

Avis :

Fondé au début des années 2000 et considéré comme l’un des fers de lance du Deathcore, Emmure reste pourtant un groupe assez apprécié qui rentre facilement dans la catégorie du Hardcore. Alors oui, la limite entre les deux genres est fine, mais elle existe. En effet, si le premier peut parfois apparaître comme grandiloquent, avec des élans symphoniques, l’autre est plus brut, avec souvent des morceaux courts et percutants. Emmure joue constamment sur la frontière, ce qui lui a permis d’avoir une certaine notoriété assez rapidement. Ajoutons-lui aussi une imagerie plus « bad boy » que le côté « sale » du Deathcore, et on obtient un mélange qui peut faire mouche. Mais si les ricains sont toujours actifs, en 2016, seul le chanteur/fondateur reste, et tout le monde se barre. Il a donc fallu refaire un « nouveau » groupe, dont Hindsight est le deuxième effort.

Et très clairement, on savait à quoi s’attendre avant même de poser les oreilles sur cet opus. Il faut dire que la galette possède treize pistes, mais galère sévère à dépasser les trente minutes d’écoute. Cela fait donc des titres courts, voire très courts, puisque certains n’arrivent même pas à durer deux minutes. Sur la fin de l’album, on a droit à une succession de morceaux dont l’intérêt est plus que limité, si ce n’est de faire bouger les nuques et de balancer quelques punchlines bien puissantes. Action 52, Bastard Ritual ou encore Informal Butterflies sont des exemples parmi tant d’autres, qui démontrent la volonté du groupe d’être percutant et de ne pas choisir la complexité dans la structure des titres. Le problème, c’est que tout cela manque d’envergure, de contenant, et que l’on a l’impression d’enchainer les interludes. Des interludes qui tapent, mais des interludes quand même.

Ce problème, on le retrouve aussi sur des morceaux un peu plus longs, mais qui peinent à dépasser les deux minutes. Pigs Ear, par exemple, donne une furieuse envie de sauter partout et de taper dans les murs, mais c’est trop court pour vraiment marquer les esprits. C’est dommage car il y a un aspect métal Indus qui n’est pas pour nous déplaire. On peut aussi évoquer I’ve Scene God qui possède des riffs d’une lourdeur impressionnante, avec un chant qui lorgne clairement vers le Deathcore, mais dans une rythmique plus Doom. C’est intéressant, c’est assez malin car ça permet d’avoir de la variété au sein de l’album, mais encore une fois, difficile de ne pas voir cela comme un simple interlude. Et Trash Folder va aussi dans ce sens, malgré l’efficacité des riffs et la puissance de la basse.

Encore que là, l’alternance entre chant clair et growl est du plus bel effet et permet de passer un peu outre la durée rachitique du titre. Après, au milieu de tout ça, il y a certains morceaux qui surnagent un peu, de par leur nervosité, leur ambiance, ou encore leur envie de casser des dents. Dans ce sens, on peut citer Persona Non Grata, qui possède un gros riff bien sale, et un refrain très facile à retenir avec son « bad boy for life ». Le premier morceau est aussi assez plaisant, donnant fortement envie de se plonger dans le reste de l’album, réussissant à poser toutes les bases de l’album, avec du chant clair, du growl, du gros riffing et surtout, de petits ajouts électro en début et fin de titre, permettant alors de donner un peu plus de consistance à l’ensemble.

Mais le plus important réside dans le milieu de l’album, avec trois morceaux un peu plus longs que la moyenne et qui vont démontrer que le groupe peut parfois faire plus complexe. Thunder Mouth balance du gros son, singeant parfois Korn dans les onomatopées ou la rythmique, mais force est de constater que ça fonctionne à plein régime. Pan’s Dream est le titre qui bénéficie d’une ambiance un peu plus soignée, avec un démarrage assez lent, mais qui va partir vers quelque chose de bien lourd et de bien construit. Seule la fin laisse un peu sur un sentiment mitigé. Mais 203 vient redresser la barre avec une atmosphère poisseuse qu’entretient le chant autour de ce nombre qui semble maudit. Ainsi, on voit que le groupe est capable d’autre chose que des morceaux très courts et assez limités en termes d’intérêt.

Au final, Hindsight, le dernier album en date d’Emmure, peut se voir comme une réussite, dans le sens où le groupe reste fidèle à lui-même malgré le gros changement de line-up ; Toujours aussi incisif et percutant, la formation propose un effort qui semble pris sur le vif et qui cherche surtout à être efficace au-delà de créer une quelconque histoire. Et en ce sens, on peut aussi se sentir flouer, à cause d’une durée très maigre et de morceaux qui ressemblent plus à des interludes qu’autre chose. Bref, on reste le cul entre deux chaises, mais on reste tout de même sur une énergie frontale et dévastatrice qui fait du bien.

  • (F)inally (U)nderstanding (N)othing
  • Trash Folder
  • Pigs Ear
  • Gypsy Disco
  • I’ve Scene God
  • Persona Non Grata
  • Thunder Mouth
  • Pan’s Dream
  • 203
  • Informal Butterflies
  • Action 52
  • Bastard Ritual
  • Uncontrollable Descent

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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