avril 25, 2024

Venom Prison – Samsara

Avis :

Il y a un phénomène qui apparait de plus en plus (et c’est bien chouette), c’est la féminisation du métal. Même si les femmes sont encore trop peu présentes dans cet univers violent, celles qui sont présentes sont vraiment une avant-garde de qualité, et démontrent qu’elles peuvent faire pareil que les bonhommes, si ce n’est mieux. Même quand on sort du Métal Symphonique et des chanteuses lyriques, on trouve de belles hurleuses qui n’hésitent pas à pousser bien fort. On pense bien évidemment à Jinjer, mais on peut aussi citer Venom Prison et Larissa Stupar. Groupe anglais mais chanteuse russe, Venom Prison rentre dans une catégorie bien spécifique, le Deathcore, et on sait à quel point il est difficile de « chanter » dans ce registre. Fer de lance d’une nouvelle base vocale effroyable, Larissa prouve avec Samsara que même les femmes peuvent avoir de grosses cordes vocales.

Le problème avec le Deathcore, c’est que l’on tombe rapidement sur des excès qui repoussent la mélodie. Il réside dans ce genre une sorte d’hyper violence qui empêche les groupes de sortir de certains tropes presque caricaturaux. Et Samsara, le deuxième album des anglais, ne fait pas dans l’exception. De façon globale, on fait face à un disque très compact, très rigoureux, qui manque cruellement de mélodies et de moments qui restent en tête. Le groupe propose vraiment une galette rigide qui ne va pas plaire à tout le monde, mais qui peut néanmoins trouver des passages intéressants, où la vitesse et la technique des musicos sont assez incroyables. Matriphagy va nous mettre directement dans le bain (de sang) avec une virulence poussée à l’excès et une rapidité d’exécution qui fracasse tout sur son passage. C’est techniquement irréprochable, mais on peut rester un peu sur le carreau.

Avec sa voix impressionnante, Larissa Stupar délivre une prestation sans faille, qui lorgne du côté de Will Ramos de chez Lorna Shore. Le problème provient bien évidemment de la rugosité de l’ensemble, qui ressemble à un énorme parpaing dans la tronche, où l’on oublie la finesse et les quelques moments éthérés. Venom Prison n’est pas là pour nous caresser dans le sens du poil, mais plutôt pour nous briser la nuque. Il est juste dommage que cette compacité obstrue la mélodie et délaisse les quelques breaks, vraiment intéressants, où les guitaristes peuvent un peu plus s’exprimer. Cela l’est d’autant plus que la plupart des morceaux dépasse allègrement les quatre, voire les cinq, minutes, pour offrir des élans plus épiques et grandiloquents. Megillus & Leana rentre directement dans la catégorie des titres qui pourraient presque manquer d’intérêt tant la violence est accrue et gâche toute mélodie.

Alors bien évidemment, on sait dans quoi on met les oreilles quand on s’attaque à un tel genre. Mais là, c’est vraiment le manque d’attache qui se fait sentir. On baigne aussi dans un univers très sombre, où les thèmes récurrents sont la douleur et la peine. Uterine Industrialisation sera un titre qui met en avant cela, et qui va peut-être être le morceau le plus accessible, et cela malgré un début tonitruant. Il faut dire que la structure est plus simpliste, et que les riffs, bien lourds, sont plus marqués et partent moins dans tous les sens. Self Inflicted Violence viendra tout de même mettre sa petite torgnole derrière la tête, retrouvant une sorte de d’hyper violence qui parfois manque de sens musical. Heureusement que Deva’s Enemy nous laisse le temps de souffler un peu, à travers un interlude inquiétant et sombre.

Le groupe arrive tout de même à garder son aspect malaisant, non seulement avec ses thèmes et ses clips, mais aussi grâce à sa musique qui pourrait presque être représentatif de la douleur. Asura’s Realm va alors tromper un peu son auditoire, avec une introduction parfaite à la gratte, démontrant, si besoin l’en était, le talent des guitaristes. De plus, c’est assez doux, permettant même à la ligne de basse de bien s’exprimer. Ici, Venom Prison démontre aussi qu’il est capable de fournir autre chose qu’un Deathcore pas loin d’être pénible. Mais chassez le naturel, il revient au galop, et la chanteuse pousse sa voix dans des aigus qui feraient frémir Dani Filth. Néanmoins, le morceau reste une belle réussite. Il est presque triste que les quatre morceaux suivants soient si anecdotiques, ou rentrant néanmoins dans une routine Deathcore sans élan de génie, ni fulgurance.

Au final, Samsara, le deuxième album de Venom Prison, risque fort de laisser sur le bas-côté certains amateurs de métal, même extrême. Massif, rugueux et pas forcément agréable, cet effort démontre le talent du groupe dans sa technicité, mais manque cruellement de finesse d’exécution pour pleinement convaincre. On ne peut alors qu’être impressionné par la prestation vocale et la rapidité des riffs, mais pour ce qui est de la mélodie, on repassera. Un album qui plaira certainement aux amateurs du genre, mais pas forcément à tout le monde.

  • Matriphagy
  • Megillus & Leana
  • Uterine Industrialisation
  • Self Inflicted Violence
  • Deva’s Enemy
  • Asura’s Realm
  • Sadistic Rituals
  • Implementing the Metaphysics of Morals
  • Dukkha
  • Naraka

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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