mai 1, 2024

Immanifest – Macrobial

Avis :

On associe souvent la scène Black/Death à la Scandinavie, et on peut comprendre, tant il y a de nombreux groupes de cette niche en Suède, Finlande et Norvège. Pour autant, il arrive que d’autres offrent son lot de violence à caractère plus ou moins satanique, et c’est le cas des Etats-Unis avec Immanifest. Le groupe est encore peu connu, mais il est né de plusieurs membres de Shadow Society (tous sauf le chanteur) qui est du Death mélodique, ou encore de Yeti, groupe de Doom qui a splitté dans les années 2000. Tout ça pour dire qu’aussi peu connu soit Immanifest, il s’est construit autour de types qui ont de la bouteille. Et visiblement de trop nombreux projets. Car le présent groupe se forme en 2009, et il faudra attendre dix ans avant de voir débouler Macrobial, le premier album studio de la formation.

Et autant le dire tout de suite, si on est dans une veine Black/Death, on aura aussi des éléments de Djent, quelques moments plus orchestraux et une production qui a un peu de mal à suivre. En signant chez The Artisan Era, le groupe manque un peu de budget pour fournir un album plus conséquent, plus puissant dans sa production. D’ailleurs, dès l’introduction (Energy Weapons Formed Against Us) on sent la volonté de fournir quelque chose de grandiloquent, mais qui manque un peu d’ampleur et d’épaisseur. On y perçoit tout de même de gros riffs brutaux, et une forte envie de rentrer dans le lard. Ce que fera joyeusement Ultraterrestrial Creation. Le morceau débute comme du Deathcore, avec un growl ultra puissant qui joue avec les modulations plus aigues pour offrir un package que ne renierait pas le chanteur de Lorna Shore.

La comparaison avec les deux groupes est presque évidente lorsque les moments deviennent plus orchestraux, avec ce mélange de blast surpuissant et l’accompagnement symphonique derrière. Mais Immanifest reste tout de même moins impressionnant, avec une production qui manque un peu de rondeur et de percussion. Wandjina le prouvera aussi avec son introduction un peu faiblarde, voire dissonante pour aboutir à un arrangement pas très intéressant. Alors oui, la voix du chanteur impose quelque chose de gras et de lourd, mais on reste sur quelque chose de déjà entendu et qui manque cruellement d’imagination. Ce n’est pas mal fichu, mais ça reste entendu, voire même un peu cliché. Emissaries of Ikhenaton jouera dans le même registre, avec une introduction qui fait très factice, mais qui apporte un peu de légèreté dans ce monde de brutes épaisses. Il s’agit-là du morceau le plus mélodieux de l’album, et peut-être le plus équilibré.

Black Miracle sera un morceau sympathique, mais relativement anecdotique. On reste dans la veine d’un Death/Black très simple, et le titre est assez vite oublié. On passe un bon moment à l’écouter, et puis on passe à autre chose. Heureusement, Jahbulon’s Labyrinth sera un peu plus intéressant, un peu plus symphonique, mais si on pourra reprocher au groupe d’avoir une sonorité trop électronique dans les arrangements. C’est-à-dire que l’on entend bien que le groupe n’a pas eu les moyens d’avoir tout un orchestre avec lui, et que tout ça est bidouillé sur ordinateur. Même si les avancées techniques permettent cela, on ressent un vilain manque d’authenticité, et c’est dommage. Mais le chant clair vient adoucir tout cela, et offre un peu plus d’air à un titre qui trouve un joli équilibre entre violence et passage plus aérien. Ce qui ne sera pas le cas pour les trois derniers morceaux.

Enfin, trois, c’est vite dit, puisqu’il y a un interlude au milieu de tout ce bazar. Orbis Speculari offre une petite minute de répit, même si on reste dans quelque chose d’assez factice et qui manque de grains. En commençant Niflheim, le groupe renoue avec un Deathcore teinté de Black plutôt plaisant, avec de gros riffs puissants et une belle orchestration. Le titre fait partie des meilleurs moments de l’album, et on aurait aimé plus de titres de cet acabit. Pour terminer le skeud, Immanifest nous propose alors Spirits of Old, et c’est aussi un excellent morceau, même s’il coche toutes les cases du cliché de base dans le genre. Néanmoins, il y a une certaine ampleur qui prend, et globalement, il s’agit peut-être du titre qui correspond le mieux à l’image que l’on se fait du groupe, avec cette pochette particulière.

Au final, Macrobial, le premier (et unique pour l’instant) album d’Immanifest, est une bonne galette mais qui a du mal à se sortir de la masse Black/Death, de par ses thèmes ou de par ses mélodies qui sont parfois un peu trop téléphonées. Néanmoins, et malgré quelques arrangements qui sonnent comme trop « robotiques », ce premier effort montre un gros qui a de l’ambition et qui peut donner, dans le temps, de très bonnes choses. Encore faut-il leur laisser une chance.

  • Energy Weapons Formed Against Us
  • Ultraterrestrial Creation
  • Wandjina
  • Emissaries of Ikhenaton
  • Black Miracle
  • Jahbulon’s Labyrinth
  • Orbis Speculari
  • Niflheim
  • Spirits of Old

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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