mai 2, 2024

Joe Bonamassa – Time Clocks

Avis :

On pourrait croire que le Blues est un genre tombé en désuétude, dans lequel ne vivote que quelques vieux briscards américains. Et pourtant, il s’agit encore d’une scène qui a des choses à dire et à prouver, et on retrouve de très grands prodiges de la guitare. Comme Joe Bonamassa, que l’on ne présente plus, tant on a déjà chroniqué plusieurs de ses albums. « Seulement » âgé de 46 ans, le musicien a déjà plus de quarante projets à son actif, allant d’album solo, à des groupes en passant par des collaborations de zinzin, comme avec Beth Hart par exemple. Nous avions laissé Joe Bonamassa en 2020 avec Royal Tea, et le moment fut vraiment excellent, avec un blues léger mais doté d’une technique irréprochable et de quelques moments vraiment aériens. Un an plus tard, le guitariste nous revient avec Time Clocks.

Comme à chaque fois, le musicien prodige s’est associé avec quelques grands noms de la musique pour écrire cet album. On retrouve alors Charlie Starr de Blackberry Smoke, Bernie Mardsen, ancien de chez Whitesnake, ou encore des piliers de la country avec James Horse et Tom Hambridge. Un mélange qui ne peut donner que de bons résultats, mais parfois, la sauce ne prend pas. Est-ce le cas ici ? Très clairement non, puisque Time Clocks est un bon album de Blues, qui lorgne de plus en plus vers le Rock et le Hard Rock. Un virage des plus intéressants, mais qui va dérouter à plus d’une reprise, la faute à des morceaux trop longs, et à une absence de hit en puissance, de ces titres qui vous restent en tête durant de longs moments. De ce fait, Time Clocks se fait moins marquant que Royal Tea.

Après une petite introduction nommée Pilgrimage, le skeud débute vraiment avec Notches, et c’est une vraie réussite. Le morceau propose un long moment qui passe par plusieurs genres, et notamment des arpèges de Country. Ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait avec qui il a écrit cet album. Mais ce titre va avoir un défaut, sa longueur qui est trop importante. Et c’est un peu l’adage de cet album, qui enchaine les longs titres, en oubliant l’efficacité de quelques morceaux plus vifs et plus concis. On retrouve cela sur The Heart That Never Waits, un titre rock’n’blues réussi et plaisant, mais qui manque un peu de variations, ou tout du moins d’un moment vraiment marquant et efficace. Après les chœurs féminins sont sublimes, la guitare est omniprésente, et on passe globalement un excellent moment. Mais il lui manque un petit truc en plus.

Time Clocks joue un peu plus sur la corde sensible, mais force est de constater que malgré l’ampleur que prend le titre, avec une superbe orchestration, il laisse de marbre, et donne la sensation d’avoir entendu cela des dizaines et des dizaines de fois. Questions and Answers se veut plus rude et un peu plus percutant, mais là aussi, la longueur gâche un peu tout. La rythmique est cool, la mélodie fonctionne bien, mais au bout d’un moment, on s’ennuie et cela porte préjudice au morceau. Et c’est assez étonnant d’écrire ça, car la voix de Joe Bonamassa est parfaite pour cet exercice, et on se retrouve aussi un bon solo, mais qui se fait un peu bouffer par la rythmique de base. Mind’s Eye sera un très joli titre, qui lorgne du côté de la ballade. On ressent enfin un peu de douceur au sein de l’album.

Puis Curtain Call va être bien plus lourd et virulent. Joe Bonamassa se débarrasse de certains atours Blues pour partir vers quelque chose de plus orchestral et plus percutant. Il est dommage que son chant ne soit pas plus rugueux pour ce genre d’exercice, ce qui dénature un peu le morceau. The Loyal Kind saura néanmoins nous redonner un peu le sourire. Son introduction aux airs irlandais donne un bel enrobage à ce titre qui est relativement sympathique. Un titre trop long, comme pour presque tous les morceaux de cet album, mais il détient un gimmick que l’on reconnait et qui reste bien en tête, rendant la piste à part. Puis Hanging on a Loser renoue avec un aspect plus léger avant de fournir un gros final avec Known Unknowns et ses sept minutes. Un bon morceau mais qui manque d’un peu plus de délicatesse.

Au final, Time Clocks, le dernier album en date de Joe Bonamassa, est une bonne galette, avec son lot de titres techniques et de relents bluesy. Néanmoins, si on doit le comparer à son aîné, Royal Tea, on a la sensation que le guitariste a visé trop haut, oubliant la simplicité et l’efficacité. Si c’est toujours bien joué, plaisant à l’écoute et d’une technique irréprochable, il manque à ce disque plus de délicatesse et de sentiments, même sur les ballades. En soi, c’est un très bon album, mais il reste inférieur au précédent.

  • Pilgrimage
  • Notches
  • The Heart That Never Waits
  • Time Clocks
  • Questions and Answers
  • Mind’s Eye
  • Curtain Call
  • The Loyal Kind
  • Hanging on a Loser
  • Known Unknowns

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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