février 9, 2025

Avalonia, l’Etrange Voyage – Disney dans la Sauce?

Titre Original : Strange World

De : Don Hall et Qui Nguyen

Avec les Voix Originales de Jake Gyllenhaal, Dennis Quaid, Jaboukie Young-White, Gabrielle Union

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Les Clade, une famille d’explorateurs légendaires, découvrent un monde inexploré, plein de dangers et peuplé de créatures fantastiques. Ils sont aidés dans leur quête d’un blob espiègle et de leur chien à trois pattes. Hélas, les querelles entre ses différents membres menacent de faire échouer cette nouvelle mission, qui est – de loin – la plus cruciale.

Avis :

La politique Disney envers ses nouveaux films est assez étrange et révèle un malaise grandissant au sein de l’entreprise. En effet, si certaines nouveautés avaient déjà bénéficié d’une sortie directement sur la plateforme de streaming, comme Luca, Soul ou encore Raya, d’autres films sont sortis au cinéma et ont fait un joli flop au box-office. Et ici, on peut aisément citer Buzz l’Eclair qui n’aura fait que très peu d’entrées. Cela est certainement dû à plusieurs facteurs, comme une campagne de communication hasardeuse, un repos sur un spin-off pas vraiment attendu, et l’envie des gens de regarder des films chez eux, sans avoir à se déplacer. Bref, Disney ne sait plus trop quoi faire avec ses films, et tout cela témoigne d’une grosse problématique. Pour preuve avec Avalonia, le Disney de Noël, directement disponible sur Disney+ et sans aucune publicité.

Pour cela, il y a plusieurs raisons, et il faut regarder outre-Atlantique pour comprendre ce choix. Aux Etats-Unis, le film est sorti en salles, et il a fait un nouveau score au box-office. Malgré une publicité plus présente qu’en Europe (il n’y a pas de mal à ça), le film n’a pas fonctionné. Par peur de perdre de l’argent, Disney a donc annoncé une sortie directement sur la plateforme de streaming. De plus, si l’on en croit certains « spécialistes », le film rebute certaines personnes à cause de son héros ouvertement gay, de son petit ami qui porte une jupe, et d’une volonté de Disney d’imposer une façon de penser. Si cela veut dire être plus tolérant envers les gens, il ne devrait pas y avoir de problème, mais la société est malheureusement percluse de cons. Bref, tout cela a contribué à voir Avalonia, l’Etrange Voyage depuis son salon.

« Un joli message qui entretient l’importance de la place du père, comme l’avait déjà fait En Avant il y a quelques années. »

Vendu comme un retour aux Pulp Action des années 50, le nouveau film de Don Hall (Les Nouveaux Héros, Raya) ne va pas vraiment être cela. S’appuyant sur une société plus ou moins archaïque qui va découvrir une nouvelle énergie, le film va raconter une épopée fantastique au sein d’un monde nouveau, en plus d’arpenter les chemins de la figure paternelle et de l’héritage. Ce qu’on laisse à nos enfants, mais aussi ce qu’on laisse comme trace indélébile sur cette planète. Afin de tisser cela, le réalisateur va construire une double relation père/fils, qui va aboutir à des enjeux identiques, à savoir ce que l’on veut que son fils devienne, et ce qu’il devient réellement. Un joli message qui entretient l’importance de la place du père, comme l’avait déjà fait En Avant il y a quelques années. Pour autant, on est loin du schéma patriarcal.

Et c’est là toute l’intelligence du récit d’Avalonia, qui va montrer deux pères totalement différents, ouverts d’esprit (il accepte l’homosexualité du fils/petit-fils sans jamais la remettre en cause), mais qui se font parfois rembarrer par les personnages féminins forts, comme la mère qui est une pilote tête brûlée, ou comme l’exploratrice, qui est plus forte physiquement que les autres bonhommes. Il se dégage alors du film une sorte de délicatesse dans les rapports, une égalité bien vue qui va faire grincer des dents les intolérants, ou ceux qui pensent que Disney prêche la bonne conscience. Encore une fois, si accepter l’autre dans toute sa différence, c’est faire preuve de prosélytisme, posez-vous des questions. Le seul regret que l’on peut avoir autour des relations entre les personnages vient du manque d’émotion qui se dégage de l’ensemble. Car oui, il n’y aura pas de larmes.

« Les thèmes de la filiation, de l’égoïsme, de la tolérance ou encore du libre-arbitre seront bien présents. »

En partie à cause d’un schéma structurel très (trop ?) classique. Le film joue constamment sur les désaccords entre les membres de la famille, et notamment le père et le fils. Malgré leurs similitudes, les deux adultes ne semblent pas se comprendre, et se comportent comme des ennemis aux yeux du fiston, qui cherche à être lui-même et à rabibocher tout le monde. Les thèmes de la filiation, de l’égoïsme, de la tolérance ou encore du libre-arbitre seront bien présents, mais il va manquer une réelle surprise dans le déroulement de l’intrigue. Jusqu’à la toute fin, où le twist est attendu, faisant écho au dicton : l’union fait la force. De ce fait, les émotions seront rencardées au placard, la faute à un sous-texte téléphoné et un rapport père/fils joli, mais attendu. C’est dommage, il y avait pourtant matière à faire mieux.

Et comme si cela ne suffisait pas, Avalonia possède aussi un deuxième message très d’actualité et important qui concerne l’écologie. Ici, la ressource d’énergie décline, victime d’une maladie inconnue. Du coup, une exploration est mise en place pour découvrir les origines de ce problème. Les héros vont donc découvrir tout un nouvel écosystème, avec des créatures, des dangers et des endroits gracieux, qui va petit à petit mourir à cause de quelque chose (on essaye de ne pas spoiler). Et ce qui devait être une mission de sauvetage va devenir une remise en question sur l’énergie utilisée et l’acceptation de devoir vivre autrement pour protéger sa planète. C’est fait de manière maline, présentant le monde d’Avalonia comme un être vivant qu’il faut protéger, et il faut apprendre à vivre différemment pour le préserver. Il s’agit bien évidemment d’un reflet de notre monde, mais c’est fait intelligence.

« Et globalement, on a cette sensation que ce monde n’a pas été fait pour être grand, avec une vision d’ensemble. »

Par contre, effectivement, là où le film laisse un peu à désirer, outre son manque d’émotions, c’est dans sa direction artistique. Si le choix de mettre en avant des créatures inédites, aux formes diverses et variées, relève d’une belle prise de risque, mettant en avant une belle créativité, force est de reconnaître qu’Avalonia n’est pas vraiment beau, ni même enchanteur. Les créatures lovecraftiennes sont intéressantes, mais elles ne correspondent pas vraiment à l’esprit du film, il manque une certaine densité dans l’univers évoqué. Il en va de même avec l’esprit steampunk qui manque d’approfondissement. La société dans laquelle évolue les personnages n’est pas assez travaillée, montrée, et de ce fait, il manque une espèce de cohésion à l’ensemble. Et globalement, on a cette sensation que ce monde n’a pas été fait pour être grand, avec une vision d’ensemble. Bref, il manque un truc…

Au final, Avalonia, l’Etrange Voyage est un film Disney mineur, qui ne restera pas dans les mémoires. Si le choix de faire un film inclusif est totalement louable et permet d’ouvrir les esprits, il n’en demeure pas moins que l’aventure n’est pas si originale que ça (les amateurs de Joe Dante seront de quoi je parle) et l’ensemble manque cruellement de panache. On se rattrapera donc aux divers messages envoyés, sur l’importance des relations père/fils et le fait de se comprendre plutôt que de se disputer, ou encore sur la démarche écologique, qui doit remettre en cause notre mode de consommation. Bref, un Disney qui a le cul entre deux chaises, mais dont on aime à voir le côté confortable.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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