avril 25, 2024

Luca

De : Enrico Casarosa

Avec les Voix Originales de Jacob Tremblay, Jack Dylan Grazer, Emma Berman, Maya Rudolph

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Dans une très jolie petite ville côtière de la Riviera italienne, un jeune garçon, Luca, vit un été inoubliable, ponctué de délicieux gelato, de savoureuses pasta et de longues balades en scooter. Il partage ses aventures avec son nouveau meilleur ami, mais ce bonheur est menacé par un secret bien gardé : tous deux sont en réalité des monstres marins venus d’un autre monde, situé juste au-dessous de la surface de l’eau…

Avis :

On le sait depuis maintenant belle lurette, le cinéma, physiquement parlant, n’intéresse pas des masses Disney. Entre l’avènement de sa plateforme de streaming et le confinement, on peut dire que la firme aux grandes oreilles a eu le nez plus ou moins fin. De ce fait, plutôt que de prendre de trop gros risques financiers pour sortir leurs œuvres sur grand écran, Disney favorise, en ce moment, sa plateforme et offre ses nouveaux métrages là-dessus. Adieu salles obscures et écran géant, et bienvenue dans l’expérience isolée, seul sur ton canapé miteux. Et les œuvres de chez Pixar vont souffrir du même traitement, puisqu’après Soul, c’est Luca qui va se retrouver directement sur Disney+. Petit long métrage estival dont c’est le premier pour Enrico Casarosa, Luca s’avère être une belle réussite, avec des thèmes fédérateurs et surtout, un design frais, de saison, qui fait du bien. Critique !

Santo Pecorino

Bien évidemment, avant de parler du scénario, la première chose qui frappe quand on regarde Luca, c’est son graphisme. Alors que Raya, sorti quelques semaines avant, faisait un choix très esthétique et plutôt réaliste, Enrico Casarosa choisit des rondeurs et un graphisme très enfantin. Les puristes diront que cela n’est pas une avancée technologique majeure dans l’animation, mais à quoi bon regarder des dessins animés si c’est pour que ça se rapproche le plus de la réalité. Ici, l’aspect rondouillard des personnages présente leur bonhommie, leur joie de vivre. Il résulte de ce choix une gaieté insoupçonnée et cela fait vraiment plaisir de découvrir un film qui a une vraie corrélation entre ce qu’il raconte et ses choix graphiques. On ressent la chaleur, la joie et le tout rayonne réellement. Jusqu’à fournir un sentiment de bien-être et d’apaisement aux spectateurs.

Bien entendu, l’ambiance générale y est aussi pour quelque chose. Solaire, Luca nous rappelle nos vacances d’enfance, au bord de la mer, dans des villages typiques. Ici, on respire le sud de l’Italie, avec les poissonneries, les gelateria ou encore la place centrale avec cette superbe fontaine. Enrico Casarosa peaufine son atmosphère en travaillant aussi les couleurs, qui sont chatoyantes. On en prend plein les yeux, non pas sur le photoréalisme de la chose, mais plutôt sur un choix esthétique et colorimétrique qui rend hommage à l’Italie de sa jeunesse, mais aussi et surtout à un art de vivre. Luca nous éloigne de notre grisaille, il nous met en vacances avant l’heure et nous donne une furieuse envie de baignade. De ce fait, même si les graphismes peuvent paraître grossiers, ils sont judicieusement choisis pour parfaire une ambiance chaude, cocon.

Santa Mozzarella

Une fois que l’on a fait le tour des graphismes de ce dessin animé, il faut se concentrer sur l’essentiel, son histoire. Le dernier Pixar en date, Soul, était une petite déception, dans le sens où les émotions n’étaient pas forcément au rendez-vous, et certaines notions, comme la mort et le deuil, ne semblaient pas être bien abordées. Avec Luca, ça va être tout le contraire. On aura ici un véritable concentré d’émotions et des thématiques qui sont bien travaillées. Luca est donc une créature marine une peu trop curieuse qui va rencontrer Alberto. Ce dernier va donc lui apprendre qu’en sortant de l’eau, ils deviennent humains et ensemble, ils rêvent de faire le tour du monde en Vespa. Ode à la liberté, à l’acceptation de la différence et à l’amitié, Luca va parfaitement utiliser son postulat de base pour faire évoluer ses personnages.

Ainsi, Luca et Alberto vont faire la connaissance de Giulia, une jeune fille intrépide qui rêve de gagner la course de son village. Les trois enfants se lient d’amitié et les jalousies vont parfois prendre le dessus. Et ces sentiments seront encore plus exacerbés lorsque la chasse au monstre est déclarée et que les deux compères se sentent en danger. Le film explore donc l’amitié de trois jeunes enfants, différents, mais qui vont coopérer pour gagner une course, jusqu’à se prouver que leur amitié est plus forte que leur différence. Une différence dans les tempéraments, mais aussi dans le physique. Les deux garçons craignent pour leur vie si jamais ils sont démasqués, et la colère fait faire des bêtises qui peuvent amener à des regrets. Luca l’apprendra à ses dépens, mais il aura les bons réflexes pour recoller les morceaux.

Santa Pizza

Et d’ailleurs, c’est peut-être bien de là que provient la vraie réussite de Luca, son côté positif et bienveillant. Les thèmes sont importants, brassant aussi l’amitié, la tolérance, la peur de l’inconnu, mais pour autant, ils sont toujours abordés de manière lumineuse. Il n’y a pas une once de méchanceté en Luca, Alberto ou Giulia. Ni même chez l’imposant père de cette dernière, qui suscite pourtant une sacrée peur. Et de ce fait, on se sent bien devant ce film, qui va jusqu’à nous tirer les larmes sur la fin. Une fin juste, tendre, humaine et qui, pour une fois, ne fait pas une pirouette pour esquiver un sujet dur, la séparation.

Alors, bien entendu, Luca n’est pas le meilleur des Pixar, loin de là. Il possède même quelques scories qui le rende un peu en deçà de certains classiques. Premièrement, les autres personnages, en dehors du trio, sont décevants, car ils ne sont pas assez travaillés. On pense bien évidemment au bad guy de l’histoire qui reste trop binaire. De plus, il manque au film une dimension plus tragique pour encore plus nous cueillir. On sent que c’est un film qui se veut léger et on est loin de l’intelligence d’écriture d’un Vice-Versa par exemple. Fort heureusement, la bonhommie l’emporte sur le reste, tout comme l’humour, assez discret mais omniprésent, offrant quelques moments savoureux.

Au final, Luca est un très bon film. Disons qu’il rattrape les déceptions que furent Raya et le Dernier Dragon ou encore Soul. Plus touchant, plus émouvant, plus léger aussi, le premier film d’Enrico Casarosa n’est pas dénué de défauts, mais sa jovialité, son côté bonbon acidulé et son amitié sincère en font un métrage idéal pour cette fin d’année scolaire, donnant, déjà, un petit air de vacances à la mer.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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2 réflexions sur « Luca »

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