avril 19, 2024

Sand Castle

De : Fernando Coimbra

Avec Nicholas Hoult, Logan Marshall-Green, Henry Cavill, Glen Powell

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Guerre, Drame

Résumé :

Au début de la seconde guerre du Golfe en Irak, en 2003, Sand Castle suit un groupe de soldats qui se rendent dans la banlieue de Bakouba pour réparer une station de pompage d’eau endommagée par les bombes américaines. Dans une chaleur étouffante, Matt Ocre, un jeune soldat inexpérimenté, découvre l’horreur dans l’atmosphère de ressentiment et de colère que manifestent les populations locales. C’est dans les rues, les places et les écoles qu’il va prendre conscience du danger et du véritable coût de la guerre. 

Avis :

Peut-on dire que tout ou presque a été dit sur la Guerre ? Et quand on dit Guerre, on parle de la guerre en générale, pas uniquement les conflits mondiaux. On peut se poser la question tant ce genre a exploré beaucoup de combats et de thèmes, à un tel point que parfois, il faut faire dans la prouesse technique pour surprendre (on peut évoquer Dunkerque ou 1917 dans ce registre-là). En abordant Sand Castle, on peut craindre une histoire patriotique autour d’un soldat inexpérimenté en pleine guerre d’Irak. D’autant plus que l’histoire s’appuie sur les récits d’un ancien vétéran, ayant vécu cette histoire. Mais entre un casting assez intéressant, un réalisateur d’origine mexicaine pas très connu et une sortie confidentielle sur Netflix, ce film a de quoi interroger sur ces thèmes, mais aussi sur son histoire en elle-même.

On va donc suivre Matt Ocre, un jeune soldat qui s’est engagé en Irak pour pouvoir payer ses dettes. Il se retrouve dans une équipe de soldats avec de l’expérience, et ensemble, ils vont devoir réparer un réseau d’eau potable pour desservir quelques villages dans la région de Bakouba. Le site est dangereux, les terroristes sont à tous les coins de rue, et pourtant, leur mission est de réparer les dégâts que leur armée a elle-même fait. D’entrée de jeu, le postulat de base est assez intéressant et s’éloignant des carcans des simples films de guerre. Le conflit n’est pas au centre du film, mais bel et bien la place de ce soldat qui a peur de la guerre, et qui voit en cette mission une sorte de rédemption envers un peuple contre lequel il n’a rien. C’est un traitement assez intelligent, qui évite tout manichéisme ou parti pris patriotique.

« En ce sens, Sand Castle fait preuve de maturité, alternant les phases intimistes de deuil avec des morts soudaines et sans fard. »

Afin de donner plus de poids à son histoire, on va retrouver une équipe de soldats un peu clichée, mais qui arrive à nous faire ressentir de l’empathie. Si on a le côté macho avec des soldats qui ne pensent qu’à rentrer au pays pour coucher avec des filles, il y a une vraie camaraderie qui se dégage de l’ensemble, et un sens aigu de l’amitié. Grâce à cela, on va suivre les pérégrinations du groupe avec un certain allant, et une envie de savoir jusqu’où cela peut bien aller. Bien évidemment, comme dans tout récit guerrier, on retrouve des morts brutales et des passages qui rappellent insidieusement que la guerre, c’est dégueulasse, et que personne n’est à l’abri. En ce sens, Sand Castle fait preuve de maturité, alternant les phases intimistes de deuil avec des morts soudaines et sans fard.

Fernando Coimbra ajuste bien sa caméra lorsqu’il faut filmer des gunfights dans des rues désertes, et les explosions sont assez impressionnantes. La (seule) mission d’infiltration d’un camp djihadiste est bien foutue, nous incluant dans un échange de coups de feu nourri, avec de bons points de vue. Néanmoins, au niveau de la technique, on va retrouver quelques plans qui font assez cheap, ou qui évoquent des DTV sans ambition. On peut parler des plans qui montre Nicholas Hoult se raser devant son miroir, avec un fond bleu foncé pas très beau. Ou encore des transitions aléatoires, notamment lorsque la caméra pivote sur elle-même pour montrer un personnage derrière une grille. Il y a quelques fautes de goût qui montrent que finalement, ce n’est pas un grand réalisateur derrière la caméra. Mais peut-être un futur grand, qui sait ?

« Il y a donc une sorte de dichotomie qui s’échappe du film, qui peut laisser un peu sur le côté. »

Malgré ses quelques défauts, Sand Castle reste un film de guerre qui sort un peu de la masse, car il évite de tomber dans le pathos, ou dans un portrait qui manque de nuances. Si on ressent l’engouement et l’envie de s’engager au fur et à mesure du film, notamment parce qu’il aide au lieu de tuer, on voit aussi ses doutes lorsque des malheurs frappent ceux qu’il apprécie, comme ce pauvre directeur d’école. Et là-dessus, le film ne fait pas dans la demi-mesure, montrant à quel point les terroristes sont des bêtes sauvages qui n’hésitent pas à tuer les leurs. Il y a donc une sorte de dichotomie qui s’échappe du film, qui peut laisser un peu sur le côté. Un peu comme cette fin, abrupte, qui manque d’émotion et d’implication. On sait bien que l’on regarde le parcours d’un soldat, mais on en aurait aimé un peu plus.

Heureusement, le casting se révèle être impeccable. Nicholas Hoult est vraiment un caméléon et il peut tout jouer. Ici, il joue avec justesse un soldat qui veut d’abord retourner au pays, avant de se rendre compte de son utilité afin de réparer les erreurs de son armée. L’acteur est épaulé par Logan Marshall-Green qui est très bon en chef d’unité, ou encore par Glen Powell, qui joue les fortes têtes mais avec un énorme cœur. Seul Henry Cavill détient un rôle en peu en deçà, celui d’un militaire dur, que l’on voit peu, mais qui ne fait pas dans la dentelle. On aurait aimé un rôle un peu plus nuancé, puisque-là, on sent que ça joue surtout sur sa carrure, et par forcément sur ses talents d’acting. Bref, tout ce petit monde contribue à une belle alchimie, qui fait que l’on ne s’ennuie pas.

Au final, Sand Castle est un film de guerre qui est injustement passé à la trappe sur le catalogue Netflix. Si on est loin des grosses productions du genre, le film de Fernando Coimbra n’a pas à rougir pour autant, arrivant à lier de l’intime à une cause à la fois plus juste et un peu perverse. Délaissant le patriotisme exacerbé pour se centrer sur un soldat qui va petit à petit comprendre son rôle dans un pays en guerre, Sand Castle se veut accessible, divertissant, et bien plus intelligent qu’il ne le laisse penser. Dommage que l’émotion ne soit pas au rendez-vous.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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