avril 18, 2024

Danger: Planète Inconnue

Titre Original : Doppelgänger

De : Robert Parrish

Avec Roy Thinnes, Ian Hendry, Patrick Wymark, Lynn Loring

Année : 1969

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Glens Ross et John Kane sont envoyés de l’autre côté du Soleil, sur une planète récemment découverte. Proches de l’arrivée, un engin spatial emboutit leur vaisseau et cause leur atterrissage en catastrophe. Alors que Kane succombe à ses blessures, Ross pensant être de retour sur Terre, reprend sa vie auprès des siens. Mais il se rend très vite compte que tout son univers est inversé comme dans un reflet.

Avis :

Dans le domaine de la science-fiction, les années 1960 ont fourni quelques-uns des films les plus emblématiques du genre. On songe inévitablement à 2001 : L’Odyssée de l’espace ou encore à La Planète des singes, pour rester au cœur de l’exploration spatiale. La décennie est également marquée par des productions télévisuelles de renom, comme Les Envahisseurs et La Quatrième dimension. La période profite d’une créativité évidente et d’un engouement qui atteint son paroxysme avec la mission Apollo 11 et son retentissement historique. Bien moins renommé que les exemples précités, Danger : Planète inconnue n’en demeure pas moins l’un des films SF notables de cette époque faste.

Non dénué d’ambitions quant à son propos, le métrage de Robert Parrish s’avance comme une curiosité cinématographique. De prime abord, l’intrigue s’immisce dans le registre de l’espionnage avec une tentative d’infiltration qui tourne court. Si cela tient à amorcer le prétexte, cette première approche trouve, par la suite, des échos au fil du scénario. En effet, la narration s’attarde sur des histoires secondaires sans jamais les approfondir. Qu’il s’agisse d’aléas de la production ou d’autres raisons, la suite occulte la relation conjugale houleuse d’un des protagonistes, tout comme l’on peut oublier la précédente affaire d’espionnage évoquée. De même, l’idylle naissante de la tête d’affiche avec l’une des figures féminines de l’équipe reste en suspens.

« Danger : Planète inconnue présente un discours assez étonnant compte tenu de la période de sa sortie. »

De ce point de vue, on observe donc des éléments inaboutis. Certes, ils sont annexes et prêtent à peu de conséquences quant au fil directeur. Il n’en demeure pas moins que ces choix narratifs en atténuent la pertinence à l’écran, même en guise de préparation ou de développement des personnages. En de telles circonstances, il est important de faire preuve de continuité afin d’instaurer un semblant de vraisemblance. Au-delà de ce côté perfectible et de ces maladresses, Danger : Planète inconnue présente un discours assez étonnant compte tenu de la période de sa sortie. On aurait pu s’attendre à un encensement de la conquête spatiale, voire à la défense des intérêts occidentaux en pleine Guerre froide. Pourtant, il n’en est rien.

En parallèle de l’entraînement ardu des astronautes, les responsables de la mission n’hésitent pas à user de manigances politiques pour atteindre leurs objectifs. Le déblocage des fonds et l’assentiment des nations amies sont étroitement liés à la concrétisation d’un pareil projet. Cet aspect est parfaitement retranscrit afin de dépeindre l’envers du décor. Cadre qui, au demeurant, conserve un charme désuet dans la reconstitution des sites de lancement et des logements. On retrouve cette touche rétro propre aux années 1960 qui mêle couleurs vives, design géométrique et inspirations futuristes. Quant aux effets spéciaux, il demeure correct, même si l’on ressent l’évidente influence des techniques employées dans Cosmos 1999 ou Thunderbirds.

« Là où le récit surprend véritablement, réside dans cette volonté d’insuffler une tonalité métaphysique à sa mission spatiale. »

Là où le récit surprend véritablement, réside dans cette volonté d’insuffler une tonalité métaphysique à sa mission spatiale. Sans en dévoiler la teneur, son déroulement emprunte des détours inattendus, ajoutant une profondeur insoupçonnée aux enjeux et implications avancés jusqu’alors. Il s’impose deux états de fait. Le premier succède à l’incompréhension du retour, à cette part d’investigations pour découvrir la vérité, à tout le moins une hypothèse qui s’en rapproche. Le second tient à une prise de conscience troublante. Si l’on ne peut pas parler de mise en abîme, les notions d’être et d’individualité sont au cœur des révélations.

Au final, Danger : Planète inconnue est une œuvre de science-fiction intrigante, voire déstabilisante à certains égards. Dans une ambiance rétro qui conserve son charme, le film de Robert Parrish interpelle par son traitement réaliste de l’exploration spatiale, ne serait-ce qu’à travers l’exigence de l’entraînement ou les tractations politiques en coulisse. On regrette néanmoins des maladresses scénaristiques et des pans narratifs occultés en première partie qui altèrent ce bon a priori. Cependant, on retient surtout les considérations qui découlent de la nature de cet astre, de la tournure de la mission. En ce sens, le propos est avant-gardiste et audacieux dans ce qu’il suggère, mettant à mal notre perception de la réalité et nos certitudes scientifiques.

Note : 14/20

Par Dante

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