novembre 19, 2025

The Devil Wears Prada – Flowers

Avis :

Fondé en 2005, il n’aura pas fallu longtemps aux américains de The Devil Wears Prada pour imposer leur Metalcore puissant et relativement revendicatif. S’assimilant à une scène chrétienne, le groupe va petit à petit sortir de cette case pour aller vers des éléments plus conventionnels. Figure de proue du genre, ils signeront chez Roadrunner avant d’aller vers Rise, puis finalement chez Solid State, qui a lui aussi des accointances avec la scène métal chrétienne. Flowers est leur neuvième album studio, et il fait suite à Color Decay sorti en 2022, et qui a reçu des critiques plutôt bonnes, notant par la même occasion un léger changement de direction artistique chez le groupe, qui lorgne vers quelque chose de plus mélodique et de presque plus Pop. Ce nouvel effort confirme cette direction prise, puisque Flowers fleure bon l’opportunisme et la volonté de passer sur les ondes radiophoniques américaines.

Dès son introduction, That Same Place, on sent que le groupe souhaite instaurer une ambiance à la fois mélancolique et tendre. La voix féminine qui provient d’un répondeur, le piano qui surgit, on est clairement dans une démarche popisante mais dans laquelle il réside une certaine tension. A l’image de cette pochette énigmatique qui n’est pas sans rappeler le film Midsommar, on espère que le groupe va jouer sur deux tableaux. D’un côté la mélancolie et un aspect ensoleillé, et de l’autre, une noirceur qui va venir distiller un léger malaise. Mais ce ne sera pas vraiment le cas. Where the Flowers Never Grow démarre sur un riff assez puissant, mais aux relents Post-Punk. L’ensemble est vite adouci via une post-prod ultra présente, et un clavier qui ajoute une dose très « joyeuse ». Heureusement, d’un point de vue vocal, ça envoie un peu plus.

Malheureusement, le refrain manque de hargne et il faudra alors se rattraper sur les breaks, qui vont offrir un peu de nervosité. Mais là aussi, ça reste très timide, et on sent que le groupe se freine pour ne pas aller vers quelque chose de plus virulent. Everybody Knows reprend les mêmes éléments, mais avec une sensation Pop encore plus prégnante. Le refrain marche plutôt bien, mais on reste toujours dans l’attente d’un démarrage qui n’arrivera jamais. The Devil Wears Prada s’est assagi, le groupe a peut-être vieilli, mais on regrette un petit peu les saillies de la belle époque. So Low ira encore plus loin dans le délire, avec un refrain doux et mélodique, qui permettre tout de même d’aller vers un deuxième couplet plus virulent et tranché. Alors oui, globalement, le morceau marche bien et rentre bien en tête, mais on est loin d’un Metalcore nerveux.

Et on retrouve encore et toujours des éléments post-prod qui viennent noyer un peu le poisson et c’est décevant. Quant à For You, on tombe dans le mélo dispensable, qui joue surtout sur son refrain sirupeux et ses jeux vocaux qui rentrent immédiatement en tête. Heureusement, certains titres arrivent à nous faire dire que la violence du groupe n’est jamais loin. All Out envoie la sauce sur toute sa durée, et renoue avec un passé pas si lointain. Le groupe se débarrasse de tout artifice factice et permet alors de retrouver une fougue salvatrice. Il en va presque de même avec Ritual, même si le début coche toutes les cases du Metalcore moderne, avec ses assertions un peu électro pour peaufiner une atmosphère moderne dispensable. Puis When You’re Gone montre une autre facette intéressante du groupe. Ici, les riffs sont lourds, puissants, et il y a un passage vraiment poignant.

Lorsque le chanteur chante sans artifice, en montant dans les tours, feignant alors la tristesse, voire le désespoir, on ressent vraiment toutes ces émotions. Pour se remettre de ce bon titre, le groupe envoie un interlude qui ressemble à l’introduction, avec The Sky Behind the Rain, et cela marque presque un tournant sur le disque, puisque l’on va avoir droit à cinq derniers titres un peu plus tendres. The Silence ressemble à du Linkin Park de la mauvaise époque, avec en prime une batterie électrique. Eyes tente de se faire un peu plus nerveux dans sa deuxième partie, mais c’est un morceau long et ennuyeux. Quant à Cure Me, on retrouve les appels du pied au groupe de feu Chester Bennington. Puis Wave et My Paradise seront des morceaux uniquement Pop, sans une pointe d’agressivité ou de guitares qui vaillent le coup…

Au final, Flowers, le dernier album de The Devil Wears Prada, manque de rythme et d’éléments plus brutaux. De même, on aurait pu croire que le groupe allait offrir quelque chose de plus insidieux et étrange, avec une pochette si énigmatique, mais il n’en sera rien. Les américains délivrent un skeud classique, sans surprise, sinon que leur direction artistique plus popisante est désormais consommé, et qu’il va falloir s’attendre, dans les années à venir, à des albums moins nerveux, et des coups de pied répétés aux radios américaines, pour que leurs singles calmes passent sur toutes les ondes. Dommage.

  • That Same Place
  • Where the Flowers Never Grow
  • Everybody Knows
  • So Low
  • For You
  • All Out
  • Ritual
  • When You’re Gone
  • The Sky Behind the Rain
  • The Silence
  • Eyes
  • Cure Me
  • Wave
  • My Paradise

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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