Avis :
Alors que beaucoup de groupes de Folk Métal ont commencé par le Heavy avant d’insérer des instruments plus traditionnels dans leur compo, Korpiklaani a fait le contraire. Avant de trouver son nom actuel, le groupe jouait dans des restaurants, des bars, chantant des morceaux folks à tendance Sammi. C’est sept ans après leurs débuts que le groupe se lance dans le Folk Métal avec Spirit of the Forest. Depuis, le groupe n’a jamais lâché la scène, mélangeant accordéon, violon et riffs saturés qui défoulent. Jylhä est le dernier album du groupe, qui fait suite à Kukija sorti en 2018. Un album qui avait divisé, le groupe se laissant aller à des choses plus douces, plus folk, et cela a dérouté les fans. De ce fait, Jylhä était plus ou moins attendu au tournant, certains voulant voir le groupe revenir à un son plus rugueux. Est-ce le cas ?
Le skeud débute avec Verikoira. D’entrée de jeu, le groupe veut montrer qu’il revient vers un son plus épuré, plus rentre-dedans, avec des riffs efficaces et endiablés. Alors certes, le rythme reste assez lent, mais il y a une certaine forme de lourdeur qui se dégage de l’ensemble. Cette même lourdeur qui était totalement absente du précédent effort. On trouvera toujours la présence du violon ou encore de l’accordéon, mais sur ce titre, ils sont un peu retraits, laissant plus de place aux riffs et aux grattes. Niemi vise à peu de choses près la même chose, notamment dans le break qui déboîte sévère. Cependant, le violon prend une place prépondérante. Il répond aux guitares et rajoute ce côté « médiéval » qui sied si bien au groupe. L’accordéon trouvera aussi sa place au sein du titre, pour un côté folk très marqué.
Mais ce qui reste le plus, c’est l’énergie enivrante du morceau qui, en peu de temps, nous donne envie de bouger dans tous les sens. Une énergie renouvelée pour ce nouvel album, avec des titres plus festifs, plus construits et qui ne perdent pas de leur nervosité. Levaluhta, par exemple, est un morceau qui invite à boire des bières dans des tavernes. Le rythme, le violon, le couplet assez lent, tout est fait pour danser sur les tables en bois de bistrots mal éclairés. Puis déboule Mylly et sa mélodie imparable. Violon et grattes se répondent pour un résultat Folk Métal dans la plus pure tradition et c’est une belle réussite. Et pour le coup, le finnois se marie très bien avec l’ambiance générale. Quant à Tuuleton, le morceau garde un petit côté mélancolique en son sein, qui est apporté par l’accordéon, qui suinte toujours en fond, derrière les grattes.
Avec cet album, on a vraiment la sensation que le groupe a trouvé son équilibre. Ou tout du moins renoue avec un Folk Métal plus pur, plus maîtrisé. Sanaton Maa est là pour en attester. Et ce n’est guère étonnant que le groupe ait choisi ce morceau pour en faire un premier clip. Il est une parfaite synthèse de l’album. Les riffs sont très Heavy, relativement agressifs, avec une batterie omniprésente. Mais le plus surprenant reste l’alternance avec les autres instruments plus folkloriques. Il y a un vrai partage, une réelle osmose entre tous les instruments. Notamment dans le refrain qui gagne des galons à chaque écoute. Bref, une vraie réussite. Kiuru lorgne plus d’un côté Heavy totalement assumé qui tabasse dès son introduction. Ici, les riffs donnent fortement envie de headbanger et la douceur apportée par les autres instruments est un peu en retrait.
Il faut dire que le chanteur se donne aussi avec sa voix granuleuse à souhait. Miero sera là pour en attester avec son côté Hard Rock des familles qui se mélangent bien avec le côté folk du groupe. Tout comme Pohja et ses quelques relents un peu punks sur les bords. Le groupe fournit une belle palette de ce dont il est capable. Ainsi, certains morceaux fonctionnent à plein régime et la formation de tenter quelques expériences payantes. Cependant, on pourrait trouver un défaut à l’album, il est trop long. La générosité du groupe n’est plus à faire, mais avec ces treize titres et l’heure d’écoute, il n’y a pas de hit à proprement parlé. C’est-à-dire que tout est bon. Les morceaux sont excellents et il y a une belle énergie. Mais rien ne reste vraiment en tête. Il manque un titre qui relèverait l’ensemble de l’album.
Au final, Jylhä, le dernier effort de Korpiklaani, est une belle réussite, on ne peut pas le nier. Si l’absence d’un morceau remarquable peut porter préjudice à l’ensemble, il n’en demeure pas moins que les finlandais proposent quelque chose de pêchu, festif et parfaitement maîtrisé. Avec cet album, le groupe va rassurer les fans et prouve que l’on peut parfaitement inclure un accordéon avec du métal. Bref, un album réussi, qui rassure sur l’état de santé de la formation.
- Verikoira
- Niemi
- Levaluhta
- Mylly
- Tuuleton
- Sanaton Maa
- Kiuru
- Miero
- Pohja
- Huolettomat
- Anolan Aukeat
- Pidot
- Juuret
Note : 16/20
Par AqME
Une réflexion sur « Korpiklaani – Jylhä »