novembre 19, 2025

Butterfly Kisses – Légende Urbaine et Ennui Réel

De : Erik Kristopher Myers

Avec Rachel Armiger, Alexandria Benford, Ashleigh Coffelt, Alyssa Dalgleish

Année : 2018

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Un cinéaste découvre une boîte de cassettes vidéo appartenant à deux étudiants. Le projet de film met en vedette une légende de l’horreur locale : The Peeping Tom. Alors que le cinéaste tente de prouver que cette histoire est réelle, le mystérieux projet étudiant commence à le perdre, et l’entraîne lui et son équipe dans une spirale terrifiante…

Avis :

Dans le domaine cinématographique, on a tôt fait de confondre le found-footage avec le faux documentaire. Si ces deux registres sont étroitement liés, le premier relève davantage d’une présentation brute des images, renvoyant à une découverte fortuite. Afin d’exploiter pleinement le concept, cette dernière renforce le caractère « authentique » de l’enregistrement. En ce qui concerne le faux documentaire (ou mockumentaire), l’intention est similaire, mais on dispose d’un cadre formel qui vient étayer le contexte par le biais d’une rétrospective. En l’occurrence, l’authenticité recherchée s’appuie, en théorie, sur la rigueur des investigations et des témoignages qui ressassent les évènements. Sur fond de folklore du Maryland, Butterfly Kisses s’insinue dans ce dernier exercice.

Le pitch initial a de quoi intriguer. La présentation reste nébuleuse à dessein et se penche sur la légende urbaine de Peeping Tom. Celui-ci se manifesterait aux personnes qui se tiennent devant un tunnel, à une heure spécifique, sans cligner des yeux jusqu’à ce que sa silhouette se dessine dans l’ouverture. Puis, à chaque nouveau clignement d’yeux, il se rapprocherait de sa victime jusqu’à la faire mourir de peur. Bien que l’histoire originelle date du début du XXe siècle, le récit possède un cachet moderne qui n’est pas sans rappeler d’autres figures similaires. Les conditions d’invocation évoquent Bloody Mary, tandis que l’apparence et le comportement de Peeping Tom renvoient à Slender Man. Le potentiel de départ demeure donc prometteur à plus d’un titre.

« Malheureusement, le film se montre très vite redondant »

En matière d’exposition, on y retrouve les fondamentaux du documentaire. Afin d’apporter une tonalité « dramatique », la découverte d’un lot de cassettes MiniDV vient prétexter l’amorce du projet. Dans un premier temps, l’immersion est au rendez-vous. On appréhende les motivations du cinéaste tout en évoquant les circonstances de la disparition de deux étudiants en réalisation. À cela s’ajoute un discours sur la nature des images, leur authenticité. Le scepticisme inhérent au travail d’enquêteur permet d’avoir un recul nécessaire et de créer une scission avec la teneur des faits. On pourrait alors s’attendre à un basculement bienvenu. Celui-ci étayerait les prémices d’une mise en abîme entre le mythe et la réalité, à tout le moins celle qui flouerait la frontière avec la fiction, jusqu’au point de vue du public.

Malheureusement, le film se montre très vite redondant. On se rend compte que les conversations tournent en rond et répètent les mêmes propos avec des interlocuteurs différents et de légères variations dans leur formulation. En d’autres termes, on s’évertue à poser des questions identiques avec des réponses tout aussi inconsistantes. La progression tend à susciter le doute sur d’éventuels trucages, mais l’écriture reste mal maîtrisée. L’opposition est trop flagrante, tandis que les arguments sont ténus. On observe des comportements contradictoires chez les protagonistes qui passent de considérations pragmatiques à des convictions aux antipodes. Les investigations finissent par s’appuyer sur des concours de circonstances inopinées pour avancer.

« L’ensemble se veut également très décousu dans son évolution »

L’ensemble se veut également très décousu dans son évolution. Si les extraits en noir et blanc ajoutent un effet stylistique pratique pour distinguer la temporalité des évènements, la plupart d’entre eux sont intégrés au montage avec maladresse. Les premières incursions restent pourtant intéressantes et montent crescendo, tandis que les suivantes interpellent par un choix douteux des séquences. Les intentions des intervenants sont mal amenées et l’on ne ressent guère le caractère inéluctable de Peeping Tom qui se rapproche de ses victimes. Dommage, car sa présence dans de nombreux arrière-plans contribue à ce climat oppressant. Pour autant, les apparitions qui gagnent en proximité sont rares et augurent de jump-scares éculés. Cela sans compter sur un dénouement brouillon et indécis sur la perception des faits avancés.

Au final, Butterfly Kisses est un faux documentaire maladroit, et ce, malgré une amorce convaincante. En lieu et place de proposer des investigations concrètes sur une légende urbaine et les disparitions connexes, le film d’Erik Kristopher Myers opte pour une théorisation des évènements. Celle-ci se montre répétitive dans son discours et ne parvient pas à varier la teneur des rencontres ou l’évolution de l’enquête. Il faut se contenter de débats stériles et de retournements de situation incohérents. Quant à Peeping Tom, ce boogeyman aurait pu interpeller par son caractère inquiétant et malsain, mais il s’efface de l’intrigue au profit d’une exposition verbeuse et inconséquente.

Note : 09/20

Par Dante

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