juillet 27, 2024

La Nuit du 12 – Western Montagnard

De : Dominik Moll

Avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Johann Dionnet, Anouk Grinberg

Année : 2022

Pays : France, Belgique

Genre : Thriller, Policier

Résumé :

À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.

Avis :

Dominik Moll est un cinéaste français qui prend son temps pour choisir ses projets et réaliser ses films. Alors qu’il va fêter ses « trente ans » de carrière (du moins pour la sortie de son premier long), on ne lui compte que sept films (cette film inclus). Réalisateur de « Harry un ami qui vous veut du bien« , Dominik Moll fait donc partie de ces cinéastes discrets, mais dont la sortie d’un nouveau film véhicule toujours un intérêt. Un intérêt d’autant plus grand après le génial « Seules les bêtes » sorti en 2019, et qui figure comme l’un des meilleurs films de son metteur en scène, voire même son meilleur. D’ailleurs, si jamais vous ne l’avez pas encore vu, foncez, c’est une bombe !

Bref, donc après trois ans d’absence, Dominik Moll est de retour et cette fois-ci, il s’intéresse aux enquêtes non résolues et comment ces dernières peuvent hanter des enquêteurs. S’inspirant d’un fait réel, avec « La nuit du 12« , Dominik Moll nous entraîne au plus près d’un capitaine de police qui va tout mettre en œuvre pour retrouver l’auteur d’un assassinat barbare.

Intéressant, respirant le travail en amont et le souci du détail pour que ça résonne juste et vrai, « La nuit du 12 » est un film qui d’un côté arrive à se faire très intéressant, voire même plus, mais de l’autre aussi, il s’embarrasse de sous-intrigues qui cassent le rythme, arrivant à se faire très long, alors qu’il ne fait même pas deux heures. On ressort alors intéressé, mais aussi mitigé par ce nouveau Dominik Moll.

La nuit du 12, alors qu’elle rentrait chez elle, Clara, vingt et un an, est brûlée vive. C’est Yoann, qui travaille à la PJ de Grenoble, qui hérite de l’enquête. Plus l’enquête avance et plus elle ne manque pas de suspect, or, les preuves manquent. Yoann a beau se démener, il n’y a rien à faire.

« – A la PJ, on raconte que chaque enquêteur, un jour ou l’autre, tombe sur un crime qui le hante. Il se met à vous tourner dans la tête, jusqu’à l’obsession. Ça vous bouffe de l’intérieur.

– Ça vous dévore. Et pour vous, c’est Clara ! ».

Les films autour d’un crime, c’est un genre qui nous offre beaucoup de propositions chaque année. C’est un genre qui fascine et qui est capable de nous offrir de purs moments de cinéma. L’idée de voir Dominik Moll se lancer dans ce genre donnait sacrément envie et je dois bien avouer que je suis sorti de la salle de cinéma avec quelques sentiments partagés.

Des sentiments partagés, parce que l’idée d’un crime non résolu, l’enquête et comment cette dernière peut obséder un policier est bonne, puis le film aborde beaucoup de thèmes qui vont être intéressants. Mais malgré cela, « La nuit du 12 » est aussi un film qui se fait très long. Dominik Moll, de par le choix de sujet, ne peut livrer un film d’action, où les rebondissements s’enchaînent. Ici, « La nuit du 12 » est un film qui prend le temps de poser les questions, de rechercher et d’entendre un à un tous les suspects et si, là encore, c’est une bonne idée, et c’est intéressant dans ses grandes lignes, sur l’ensemble, le film manque d’énergie.

Certes, l’enquête piétine et métaphoriquement parlant, les scènes où le personnage principal tourne en rond sur un vélodrome sont très bonnes, mais à la longue, les longueurs se font vraiment sentir. On aurait envie que le film se tende, qu’il entre plus dans l’enquête, mais tout reste assez linéaire et l’on reste dans l’attente qu’il se passe réellement quelque chose. Ce sentiment, cette sensation, est vraiment complexe à expliquer, il y a vraiment ces deux contraires qui s’entrechoquent, avec d’un côté l’intérêt pour cette enquête et de l’autre l’ennui avec ses longueurs. Un ennui qui est d’ailleurs un peu plus poussé, car le film, dans ses sous-intrigues, s’aventure dans des portraits de personnages ennuyeux, comme celui de Marceau, tenu par Bouli Lanners, qui a bien du mal à nous intéresser.

On peut même se demander ce que peuvent venir faire les problèmes de couple de cet inspecteur, au beau milieu d’une enquête autour de l’assassinat d’une jeune fille. D’ailleurs, lorsque l’on aborde cette jeune fille, et son mode de vie, le film sait se faire intéressant, quant aux réflexions qui peuvent se faire au sein de la police, avec ceux qui ont tendance à juger et ceux qui ne s’intéressent qu’aux faits. Puis ce mode de vie fait aborder ses suspects et bien souvent, c’est le choc des générations, Dominik Moll peint le portrait d’une jeunesse qui ne mesure pas toujours les conséquences de leur acte, l’un des meilleurs interrogatoires du film demeure celui de Jules, incarné par un Jules Porier (« Play« , « Madre« ) troublant, très troublant.

D’ailleurs, quand on pense aux comédiens, le film est très bien tenu par Bastien Bouillon, qui se trouve parfait en enquêteur taciturne, et tristement rongé par cette affaire qui n’avance pas. On notera aussi de très bons rôles pour Pauline Serieys (« 100 kilos d’étoiles« ) ou Pierre Lotin (« Les Tuche« ), qui est même impressionnant et totalement à contre-emploi.

Je ressors donc mitigé de ce nouveau film signé Dominik Moll. Le film a pour lui de très bons atouts, avec une intrigue intéressante qui explore de bons thèmes. Le film a parfois un petit côté western en montagne, et derrière ça, il est bien filmé avec même quelques scènes marquantes, dont l’ouverture. Puis il est bien tenu par ses acteurs qui trouvent tous de bons rôles, et ça même quand l’intrigue s’embarrasse de superflu. Mais voilà, derrière ces bons points, il y a des éléments qui ne sont pas utiles, et puis il y a ces longueurs. Un peu comme l’enquête qui n’avance pas, le film de Dominik Moll a du mal à avancer. C’est donc un petit cru, mais un petit cru qui est intéressant… Bref, vous l’aurez compris, je suis partagé.

Note : 11/20

Par Cinéted

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