
De : Keoni Waxman
Avec Steven Seagal, Florin Piersic Jr., Jade Ewen, Jacob Grodnik
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier, Action
Résumé :
Decker, un ancien agent fédéral reconverti dans la sécurité d’un centre commercial. Son travail consiste à observer et à reporter, sans jamais prendre d’actions. Mais, lorsqu’il croise Lisa, une femme battue par son copain, Decker est forcé de tuer cet homme afin de sauver la vie de cette dame. Au lieu d’avoir des remerciements, Decker est renvoyé pour son geste héroïque et risque de faire face à des accusations criminelles. Lisa, connaissant sa situation, demande à Decker de l’aider à voler deux millions de dollars cachés dans la voiture de son copain, située à l’entrepôt de la police. Ils récupèrent avec succès l’argent, mais cela les place en grand danger, puisque l’argent était destiné à un caïd. Ce dernier, apprenant ce vol, envoie une équipe d’élite afin de recouvrer l’argent. Pendant ce temps, un policer déterminé, alarmé par les cadavres que Decker empile, se met également à sa poursuite. Mais Decker doit se tourner à un allié imprévu afin de conserver l’argent, de sauver une Lisa maintenant kidnappée et pour survivre des fusillades épiques contre les hommes de main du criminel à sa poursuite…
Avis :
Au gré de productions toutes plus méphitiques les unes que les autres, Steven Seagal a multiplié les frasques cinématographiques. Ces 15 dernières années, l’homme s’est vu remisé au rang de tête d’affiche de DTV à la médiocrité fluctuante. Bien que certains métrages s’avéraient modestes, la plupart de ses films post-2000 se sont avancés comme d’innombrables navets, voire des nanars sans nom à l’image d’Attack Force. La soixantaine bien entamée, l’acteur poursuit un périple laborieux, lorgnant dorénavant vers la série Z, comme ce fut le cas avec l’exécrable The Perfect Weapon. Avec End of a Gun, on retrouve ses compétences pataudes dans un Paris de façade et de carton-pâte.

Pour parfaire l’illusion de cette incursion bucolique, on nous inflige quelques plans et icônes qui permettent d’identifier facilement la capitale française. Au-delà de ses plus fameux monuments, on distingue aussi la vie nocturne truculente autour du Moulin rouge et d’autres lieux hauts en couleur. Pour autant, le tournage s’est bel et bien déroulé en Europe de l’Est, plus précisément en Roumanie. Si l’on excepte quelques plans aériens de Paris fauchés on ne sait où, l’architecture locale et certains agencements de rue ne flouent personne quant à la destination. Il ne suffit pas de quelques plaques minéralogiques d’Ile-de-France, des noms de rue piochés dans les pages blanches et autres subterfuges pour convaincre les spectateurs.
« Mention spéciale aux réflexions philosophico-spirituelles de Steven Seagal sur le sens de la vie »
Mais cela n’est rien en comparaison du résultat à l’écran. On nous inflige des situations convenues au possible dont l’enchaînement laisse perplexe quant à leur vraisemblance. Ça se confirme également avec la multitude d’incohérences propres à cette sombre histoire de magot. Par exemple, les motivations nébuleuses et contradictoires de la call-girl de service, les intentions de l’ex-agent de la DEA ou l’ingérence de la mafia texane dans les affaires parisiennes en studio roumain ! Le propos est tellement ridicule qu’il en devient comique. Et cela ne tient pas uniquement à la bêtise du scénario, mais à de réels instants humoristiques dans une production très terre-à-terre.
On songe à ces silences pour le moins embarrassants après des réparties qui résonnent comme la conclusion d’une mauvaise blague où personne ne comprend la chute. C’est bien simple, on ne compte plus les situations où les intervenants sont remisés à des clichés d’une stupidité consommée pour donner le change. À de nombreuses reprises, on a l’impression que les séquences sont improvisées, comme si le script s’écrivait entre deux scènes de tournage. Mention spéciale aux réflexions philosophico-spirituelles de Steven Seagal sur le sens de la vie, la confiance en autrui et la manière dont on mène son existence. Des incursions narrées cocasses pour un individu inébranlable en son genre.
« End of a Gun s’avance comme une ineffable série Z d’action. »
Face à une telle débandade, on en oublierait presque les rares moments nerveux où le principal intéressé réitère ses inestimables moulinets pour venir à bout de pauvres quidams décérébrés. Malgré l’absence de chorégraphies ou de recherche dans les affrontements, l’acteur se paye le luxe de se faire doubler dès qu’il est nécessaire de lever la jambe. La mise en scène est si mauvaise que l’illusion fonctionne grâce à de nombreux plans brouillons et d’angles excentrés ; le tout savamment saboté avec une rigueur digne des plus grands tâcherons du septième art. À titre indicatif, le constat est tout aussi similaire (et lamentable) pour la dernière fusillade dans un entrepôt désaffecté.

Au final, End of a Gun s’avance comme une ineffable série Z d’action. Si l’on avait déjà pu déplorer une collaboration douteuse entre Steven Seagal et Keoni Waxman, ce film surpasse presque tout ce qu’ils ont pu commettre en de telles circonstances. On remarque une absence totale d’intrigue. Les plans mal cadrés s’enchaînent dans la plus grande indifférence, tandis que l’ennui prévaut pour appréhender la stérilité des conversations et des situations. On retiendra surtout cette tonalité comique involontaire et néanmoins présente du début à la fin du métrage. Un DTV dépourvu d’intérêt qui démontre, si besoin est, que l’on peut s’enfoncer toujours plus profondément dans la nullité, même quand on atteint le fond…
Note : 02/20
Par Dante