
Autrice : Magali Ségura
Editeur : Bragelonne
Genre : Fantasy
Résumé :
Peut-on échapper à une prophétie ? A cause de celle des Trois Fées, le prince Axel ne pourra plus jamais connaître l’amour. Pourtant, il est tombé amoureux des yeux d’Eléa, la jeune justicière qui s’oppose à l’infâme duc Korta. Pour elle, Axel affronte le Monstre de la Forêt Interdite lors d’un duel mortel. Pour elle, les résistants resserrent leurs rangs. Chacun se lance dans un combat contre la mort. Les compagnons de la forêt décident d’armer les villageois pour contrer l’oppresseur. Parmi eux, Chloé une petite fille de cinq ans, semble douée d’un étrange pouvoir. Est-ce l’atout majeur dont les justes ont besoin ? Car Muht, le chef de guerre allié au duc, pourrait bien devenir l’Adversaire qu’attend Eléa, pour l’ultime affrontement…
Avis :
Il devient de plus en plus difficile de faire original dans un monde de Fantasy. Si nous sommes tous plus ou moins influencés par un univers digne de Tolkien (entendez par là des elfes, des nains, des orques et consorts), certains auteurs et autrices tentent, ou ont tenté, d’imposer leur propre univers, avec leur propre lore. Malheureusement, cela n’a pas toujours été un succès, comme peut en attester le premier volume de Leïlan de Magali Ségura. Le premier tome, Pour les Yeux de Leïlan, nous avait laissé sur notre faim. Le monde semblait assez intéressant, mais il n’était jamais vraiment exploité, l’autrice se focalisant beaucoup trop sur l’histoire d’amour entre les deux protagonistes principaux. On naviguait alors en terre nouvelle, mais sans explication autour de certains peuples, et de leurs pouvoirs. Cette sensation d’arpenter un monde qui devrait déjà être connu était assez désagréable.
Cependant, il ne faut pas oublier que Leïlan est une trilogie, et que l’autrice avait peut-être imaginé un univers qui se développait au fur et à mesure des pages. Ainsi donc, ce deuxième tome pouvait prendre des allures de suite indispensable pour creuser son univers, et le rendre plus attractif, ou tout du moins plus compréhensif. Et s’il n’en sera rien, il reste tout de même supérieur à son aîné, grâce à une fin dynamique et tragique, qui appelle à lire le troisième et dernier tome.
Pour la petite histoire, nous sommes aux côtés d’Axel, prince d’un royaume pantouflard nommé Pandème, qui arpente le territoire de Leïlan pour remettre une missive au roi, demandant en mariage ses trois filles, avec lui et ses deux autres frères. Dans le premier tome, les choses ne se déroulent pas comme prévu, le roi souffrant du joug d’un duc malveillant, Korta, qui suit les ordres d’Ibbak, une divinité maudite qui veut retrouver sa place dans le monde. Dans ce royaume, Le Masque, qui est en fait Eléa, la troisième princesse, tente de lutter contre ce duc et elle va s’attirer les faveurs d’Axel. Le premier tome pose donc les bases d’une relation amoureuse compliquée, et tente de mettre en avant un combat de dieux anciens, entre Ibbak et Jerry, celui qui forme Eléa aux combats. Mais tout cela prend peu de place dans l’histoire.
Ce deuxième tome reprend exactement là om on s’en était arrêté, avec un Axel qui découvre la forêt interdite, lieu de repli d’Eléa avec ses acolytes pour lutter contre Korta, et ensemble, ils vont tenter de réveiller Eloïse, la troisième princesse, qui est maintenue dans un sommeil infini par Korta. Et on pourrait croire que l’histoire allait se répéter, avec un amour bringuebalant qui ne s’avoue jamais (c’est le cas) et une action au rabais pour maintenir un petit suspens. Tout ça est vrai, mais il y a tout de même du changement.
En premier lieu, on navigue en terrain connu désormais. Si on fait de brefs allers à Pandème pour entendre les atermoiements du roi à propos de son fils, cela reste discret, et ne coupe pas l’action. De plus, l’histoire est plus concentrée, plus courte, et ne permet donc pas de s’apitoyer sur un amour qui devient de plus en plus évident, mais qui dure trop longtemps pour se l’avouer. Magali Ségura réduit son amourette pour partir sur quelque chose de plus épique, avec un gros combat bien raconté, et surtout, un sauvetage risqué, mais qui permet de travailler le background de cet univers régi par des fées. Le mélange des genres est toujours présent, avec ce côté cape et épée plutôt plaisant, mais surtout, on ne perd pas de temps sur des détails, comme les amalyses, ces plantes tueuses qu’Eléa apprivoise.
De plus, il y a une vraie relation qui s’installe entre les deux personnages principaux. S’ils se tournent autour sans jamais vraiment s’avouer leurs sentiments, il y a quelque chose de plu s prégnant, et donc de plus touchant. Alors ce n’est pas la panacée non plus, mais on sent que ça avance. Le monde de la forêt interdite est intéressant par son éclectisme et par certains enjeux malins, comme ce père nain qui a recueilli une femme et une fille du peuple adverse, et pour qui il éprouve un amour fou, tout en concoctant des potions pour combattre ce même peuple qui menace Leïlan. On sent que les choses prennent de l’envergure, et que l’autrice compte bien rendre l’ensemble un peu plus politique et adulte. Tout comme le personnage de Jerry, ce Dieu étrange, qui va prendre de l’ampleur et devenir empathique.
Néanmoins, tout n’est pas parfait non plus dans cette histoire. On sent que ce deuxième tome est une transition entre deux plus grands tomes. L’histoire est courte, elle a une fin qui est ouverte pour lancer le troisième et dernier opus, et on reste sur un roman qui ne propose pas vraiment de solution. En gros, il installe de nouvelles choses dans l’univers, avec des méchants qui deviennent plus puissants, plus préparés, une héroïne qui va subir de drôles de choses, et un héros qui va perdre confiance et devoir fuir. C’est peu, ça ressemble à un épisode « filler », mais ça reste divertissant.
Au final, Pour Eloïse, le deuxième tome de Leïlan, est sans aucun doute mieux que son prédécesseur. L’univers est plus réduit, les personnages vivent des aventures plus fortes et lugubres, les méchants deviennent vraiment mauvais, et le mélange des univers à la lisière de la Fantasy et du conte du fée, marche beaucoup mieux. Il est dommage que l’on sent que ce deuxième tome n’est là que pour enclencher un final qui va essayer d’être épique, et on ce sens, on pourrait presque croire qu’il ne raconte pas grand-chose de pertinent. Mais en l’état, on a pris plaisir à le lire, ce qui est déjà pas mal.
Note : 14/20
Par AqME