Auteur : Alexis Aubenque
Editeur : J’ai Lu
Genre : Thriller
Résumé :
Même en Alaska, vous ne pourrez échapper aux démons du passé.
En cette fin d’été, les aurores boréales du siècle ont commencé à apparaître dans le ciel de White Forest. À deux jours du pic lumineux, et alors qu’il s’apprête à réintégrer la police, Nimrod Russell voit revenir dans sa vie Judith Gibbons, une ex-petite amie. Le mari et le fils de cette dernière ont disparu sans laisser de traces…
Dans le même temps, le corps d’un homme est retrouvé à moitié dévoré par les bêtes en pleine forêt, non loin du chalet d’un milliardaire philanthrope. La lieutenante Tracy Bradshaw est chargée de l’enquête avec Nimrod. Elle va bientôt réaliser que l’enfer n’est pas qu’un mythe biblique…
Avis :
Quand on se plonge dans un polar, a fortiori d’un auteur qui n’en est pas à son coup d’essai, on attend une intrigue travaillée servie par des personnages marquants. Que l’on porte notre regard sur la production française ou anglo-saxonne, le genre recèle de bonnes surprises. Cela, sans qu’un début somme toute conventionnel vienne atténuer la mécanique implacable d’explications aussi étonnantes qu’originales. Avec une petite part de mystère bienvenue, l’on se dit qu’Aurore de sang s’inscrit dans ce type d’ouvrages qu’il est agréable de découvrir. Encore faut-il s’affranchir de certaines errances qui parsèment l’histoire tout en se lançant dans un livre qui néglige les nouveaux venus.
Certes, chaque enquête de Tracy Bradshaw et Nimrod Russell est indépendante. Prises individuellement, elles sont parfaitement compréhensibles. Parfois pour des raisons pas toujours flatteuses, comme des choix narratifs assez convenus. Toujours est-il que le procédé n’est pas novateur et que d’autres auteurs usent d’une technique similaire pour explorer un concept, un univers, mais aussi pour éviter de recréer de nouveaux protagonistes. Des motifs pratiques parfaitement justifiables qui n’enlèvent rien à un a priori positif, même si l’on devine que de menus détails échapperont aux lecteurs s’invitant en cours de route.
Cependant, l’on remarque d’emblée que la présente intrigue reste très ancrée dans le passé de son duo de flics. Les allusions sont nombreuses, pour ne pas dire récurrentes. Elles évoquent souvent certains pans de la vie des protagonistes sans être explicites. À charge pour le lecteur de se souvenir des faits lors de précédentes aventures. Si les inconditionnels d’Alexis Aubenque s’y retrouvent sans peine, les autres se sentiront lésés face à des relations ou des tensions qui leur échappent complètement. Encore une fois, cela peut arriver dans n’importe quel livre, mais cette constance est particulièrement handicapante pour Aurore de sang.
On peut penser que la transposition de l’histoire en Alaska renvoie à certaines influences littéraires scandinaves. Le contexte d’un climat glacial aidant à instaurer une ambiance et un style particuliers. De plus, l’écriture de l’auteur n’est guère déplaisante. Assez direct, il permet d’aborder l’intrigue avec une approche somme toute réaliste et dynamique. Malgré quelques scories que des lectures de rattrapage peuvent rectifier, on est enclin à se plonger dans un policier bien ficelé et brut de décoffrage. Les personnages n’aimant guère la finesse pour atteindre leur but. Seulement, on se heurte à d’autres écueils, bien plus problématiques.
Certains dialogues manquent d’intérêt. En cause, une répétitivité qui s’attarde sur les actions précédentes pendant un ou plusieurs chapitres. Malgré quelques péripéties, le rythme s’enlise rapidement pour progresser avec parcimonie. La double enquête joue d’un prétexte assez commode pour relier tous les fils narratifs. Cet amas emberlificoté éprouve les plus grandes difficultés à se maintenir dans les derniers instants. L’on se dit que ce dénouement se révèle peu convaincant au regard des efforts déployés. Les deux thématiques sont aux antipodes et ne réussissent pas à trouver un élément central pour les justifier, du moins totalement.
Au final, Aurore de sang est un polar moyen. Le cadre est intéressant, mais peu exploité. L’environnement naturel et la vie en Alaska ne semblent différer en rien d’autres états américains. Relativement poussive et simpliste, n’en déplaise à la complexité de façade qui en émane, l’histoire n’apporte finalement rien au genre. La faute à une approche terriblement conventionnelle qui se pare de quelques subterfuges pour présenter un minimum de retournements de situation, eux aussi très prévisibles. De plus, ce livre flatte dans le sens du poil les lecteurs assidus des enquêtes Bradshaw/Russell. Les autres restent sur le bas-côté avec l’impression que le fan service et la multitude de références prévalent sur les qualités propres d’un bon polar.
Note : 10/20
Par Dante