septembre 26, 2025

The Moon is Following Us

Auteurs : Daniel Warren Johnson et Riley Rossmo

Editeur : Urban Comics

Genre : Fantastique

Résumé :

Sam et Duncan LaMarr aiment leur fille de six ans, Penny, plus que tout au monde. Mais il y a six mois, elle a été enlevée par la Cascade, une force maléfique qu’ils comprennent à peine. Sam et Duncan doivent maintenant embarquer dans une quête épique aux frontières de la réalité et se battre aux côtés des êtres magiques que Penny chérissait pour tenter de la récupérer et de la ramener dans notre monde… avant qu’elle ne disparaisse à jamais.

Avis :

En 1963, un album de jeunesse va défrayer la chronique. Maurice Sendak va sortir Max et les Maximonstres, succès notoire et indispensable des écoles du monde, mais il va être soumis à une vive critique des cathos bobos, à savoir que s’immiscer dans les rêves d’un enfant est considéré comme de la pédophilie. Fort heureusement, avec le temps, cette affaire est devenue de l’histoire ancienne, et la réhabilitation de l’œuvre et de l’auteur n’est plus à faire. D’ailleurs, aujourd’hui, il existe bon nombre d’histoires qui prennent place dans les rêves des enfants, à commencer par ce The Moon is Following Us de Daniel Warren Johnson (Wonder Woman Dead Earth) et Riley Rossmo (Harley Quinn Infinite), où il va être question pour un couple de rentrer dans les rêves de leur fille pour la réveiller et la délivrer de l’emprise d’une entité maléfique.

Cela fait six mois que Penny, six ans, ne s’est pas réveillée. Inquiets, Duncan et Sam, ses parents, trouvent une solution pour s’insinuer dans les rêves de leur fille, et découvrir qu’elle est retenue prisonnière par un être maléfique qui se fait appeler la Cascade. Aidé par Tash, un vieil homme qui n’a pu réveiller sa propre fille, et des jouets de Penny qui prennent vie dans ses rêves, ils vont tenter de la délivrer du joug de cet odieux personnage. Le démarrage est tonitruant. On attaque directement dans la tête de la petite fille, avec ses parents qui sont vêtus en chevalier et guerrière et affrontent une armée de monstres, avec l’aide du doudou de Penny, un crapaud borgne qui fume le cigare et tire à la mitraillette. L’entrée est directe et vive, et promet surtout une action non-stop, une guerre épique qui ne cessera jamais.

Mais bien évidemment, le récit sera plus profond qu’une simple bataille avec l’arrivée de personnages plus ou moins salvateurs. Par petites pointes, le récit dévoile les origines de Penny, l’amour de ses parents, comment elle s’est endormie, et comment Tash, ce vieil homme qui maîtrise la magie, fait irruption dans leur vie. Cela donne de l’épaisseur à l’intrigue, mais aussi aux personnages, qui vont rapidement devenir très attachants. Les parents ont des caractères bien différents, avec une mère courageuse et fonceuse, voire tête brûlée, et un père plus mesuré, qui aura du mal à ôter la vie à des personnages pourtant fictifs. Au milieu de ces parents attendrissants, on retrouve aussi des jouets à forte personnalité, comme Brio le crapaud qui ne mâche pas ses mots, ou encore cette Barbie princesse en armure qui fait écho aux chevaliers du zodiaque.

La grande force de ce récit, c’est que le côté épique ne faiblit jamais, mais les personnages sont pourtant savamment écrits, et connaissent une vraie évolution. Les méchants se révèlent au fur et à mesure, et servent à construire des thèmes qui ne sont pas si évidents que ça à aborder. En effet, les deux grands ennemis auront des liens avec les parents, mais aussi Penny, symbolisant alors les traumatismes que l’on transmet sans le vouloir, ou encore les phobies que l’on cristallise dans notre cerveau reptilien. C’est fait avec intelligence, et cela permet aussi d’aborder le deuil, la mort, tout comme des souvenirs douloureux enfouis depuis bien trop longtemps, à l’instar de ce personnage qui fut abusé pendant son enfance. On a beau être dans la tête d’une petite fille de six ans, les sujets sont graves et importants.

Et ce n’est pas tout. En plus de cela, l’histoire aborde avec force et intelligence le sujet sur la parentalité. Jusqu’où sommes-nous prêts pour sauver notre enfant ? Quels sacrifices pouvons-nous faire pour arriver à rétablir l’équilibre familial ? Des questions qui trouvent des réponses évidentes mais permettent d’arriver à une fin tragique, d’une grande tristesse, mais avec aussi un bon message d’amour. Et c’est assez dingue de se dire que malgré la folie épique de cette histoire, malgré des moments complètement zinzins et délirants (la mère se construit une arme avec un bout de bois et une vraie tête de requin au bout), les deux auteurs arrivent à nous toucher sur un final poignant. Ou encore avec des éléments sensibles qui répondent à des souvenirs de notre vie de famille (le coup du siège auto qui devient une arme). Il y a une vraie sensibilité là-dedans.

Au final, The Moon is Following Us est un comic très intéressant dans sa démarche et dans ses graphismes déjantés. Le scénario tient grandement la route, jouant de son récit épique pour parler de la parentalité, des sacrifices faits par les parents pour leurs enfants, et des liens familiaux qui permettent de dépasser toutes les difficultés. En plus d’avoir une action non-stop, et de jouer sur l’imaginaire de l’enfance, avec les rêves et les cauchemars, l’histoire s’avère poignante sur sa toute fin, tragique sur bien des points, mais d’une belle justesse émotionnelle. Bref, ce one shot signé Daniel Warren Johnson et Riley Rossmo est superbe réussite.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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