juillet 27, 2024

Justice League – Knight Terrors

Auteurs : Kevin Williamson, Howard Porter, Giuseppe Camuncoli, Stefano Nesi, Caspar Wijngaard

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros, Horreur

Résumé :

Lorsque Batman, Superman et Wonder Woman découvrent le corps de l’un de leurs plus anciens ennemis dans le Hall de Justice, leur enquête les mène au-delà de la réalité vers un nouveau méchant appelé Insomnia… qui utilise ses pouvoirs pour engloutir chaque héros et méchant dans leurs propres cauchemars sombres et tordus. Le seul moyen de sauver le monde du sommeil éternel est d’appeler à l’aide un héros improbable : Deadman !

Avis :

Tout le monde, ou presque, connait la Justice League, et les principaux héros de chez DC, à savoir Batman, Superman et Wonder Woman pour la sainte trinité. De ce fait, il est assez compliqué de donner du renouveau à un triumvirat qui a tout affronté ou presque, et qui se retrouve empêtré dans quelques redites, malgré des adversaires coriaces et loquaces. Joshua Williamson est le scénariste qui a le vent en poupe ces dernières années, et il va tenter, avec Knight Terrors, d’apporter un peu de nouveauté dans ce monde de super-héros torturés. Et en ce sens, il va mettre en avant un nouveau méchant, mais aussi un héros que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir, Deadman. Sans plonger dans la Justice League Dark, où le personnage a toute sa place, Joshua Williamson tente de dresser un portrait ambigu des super-héros, créant ainsi leur propre némésis.

Pour débuter l’histoire, il faut un peu de connaissances dans les derniers évènements de chez DC. On est dans l’univers de Infinite, les puits de Lazare ont déversé une pluie verte sur le monde, donnant alors des super-pouvoirs à toutes les personnes. A partir de là, on se doute bien que c’est la porte ouverte à toutes les idées, même les plus saugrenues, mais ici, on va faire la connaissance d’Insomnia, un méchant qui a une dent contre la ligue de justice, car durant un combat contre un monstre, sa famille fut tuée dans l’éboulement de sa maison, et il impute la faute à Batman et consort. Son pouvoir lui permet donner vie aux cauchemars des gens, et il va profiter du sommeil de tout un chacun pour créer le trouble chez les super-héros, et ainsi récupérer la Pierre de Cauchemar qui lui conférerait plus de pouvoirs encore.

Impuissants puisque endormis, les super-héros ne peuvent se reposer que sur un seul homme, Boston Brand alias Deadman, qui navigue entre le monde des vivants et le monde des morts, pouvant alors prendre possession des corps. Ce dernier va prendre le corps de Batman, et il va ressusciter Sandman pour l’aider dans sa tâche. Ainsi donc, le récit va prendre des allures de course contre la montre, où héros et méchant vont mener une enquête pour trouver la fameuse pierre. Les plus rompus aux histoires de chez DC retrouveront des personnages secondaires plus ou moins connus, à l’instar de Doctor Destiny, ou encore l’inspecteur Chimp, qui vont faire quelques apparitions. Bref, le récit est riche en personnages, mais il laisse la place centrale à Deadman qui va même se faire narrateur à chaque début de chapitre, ce qui va permettre de mieux le connaitre (une aubaine pour les néophytes).

Hormis l’utilisation de personnages qui sortent du lot, on reste tout de même sur une histoire assez basique, où la finalité est connue d’avance. Tout se lit de manière fluide et sans anicroche, même si on sent que parfois, ça patine un peu dans la semoule pour rendre tout cela tangible et dangereux. Les cauchemars d’Insomnia ne semble pas faire bien mal, puisque tout un chacun s’en sort, mais surtout, on ne sent jamais le danger pour les héros, même secondaires, qui arrivent à trouver des parades pour contrer tous les monstres. C’est dommage, il y avait de bonnes idées, à l’image de ces cavaliers de l’éveil, sorte de versions monstrueuses des super-héros en lien avec les cavaliers de l’Apocalypse. Mais là encore, ils sont défaits assez facilement, n’arrivant pas à être une véritable menace. On sent qu’il y un format à respecter, avec un nombre limité de planches…

Et c’est dommageable car au niveau du dessin et de l’ambiance globale, c’est plutôt pas mal. Si on pourrait être dérangé par le manque d’homogénéité de l’ensemble, avec quatre dessinateurs différents, cela offre un panel finalement intéressant, avec des ambiances qui se disputent, offrant un maelström qui confine aux cauchemars. Les crayonnés sont nombreux, et permettent de jouer avec le côté éthéré des rêves, et on retrouvera quelques références qui lorgnent aussi bien vers le manga, que vers les séries télé ou encore la littérature fantastique. Comment ne pas voir Chainsaw Man avec cette chauve-souris géante ayant un flingue sur le crâne ? Comment ne pas voir le Demogorgon de Stranger Things sur ce cavalier ayant un ventre-bouche en forme de fleur ? Et comment ne pas songer à Lovecraft avec ces tentacules de partout ? Il y a un réel effort de fait autour du dessin et de l’ambiance.

Et en outre, l’histoire tente de mettre en place un fond qui se veut intelligent. A force de se faire bien voir par l’opinion publique, on oublie que les super-héros ont des failles, et que lorsqu’ils affrontent des méchants, ils font aussi des dommages collatéraux. Dommages rarement répercutés dans les histoires, alors qu’ils peuvent engendrer de nouveaux super-méchants, ou même aborder des sujets sociétaux intéressants. C’est le cas ici, avec un homme dévasté qui vit un cauchemar éveillé, et qui va avoir un pouvoir en conséquence. Il est juste dommage que tout cela ne soit pas plus mis en avant, avec des super-héros qui ne se remettent finalement jamais en question, et occultent le fait d’engendrer des monstres.

Au final, Justice League – Knight Terrors est un one shot qui est très plaisant à lire et qui contient d’excellents moments. Le fait de faire intervenir Deadman et Sandman au sein d’une histoire de la Justice League change un peu, et permet aussi de s’amuser avec l’aspect horrifique qui peut intervenir dans les récits de super-héros. Sans être un inratable, il reste un comic qui essaye d’avoir du fond en montrant que les super-héros ont des failles, et peuvent créer leur propre monstre en faisant des dommages collatéraux. Et rien que pour la volonté de mettre un fond plutôt bien vu, ça mérite d’être lu.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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