avril 24, 2024

Pim Pam Poum

Auteur : Harold Knerr

Editeur : Urban Comics

Genre : Humour

Résumé :

Sur l’île paradisiaque de Bongo, le calme et la paix régnaient… jusqu’à l’arrivée des terribles frères Pam et Poum, fraîchement immigrés d’Allemagne. Élevés par leur mère Pim, les deux garnements occupent le plus clair de leur temps à tourmenter le Capitaine et son ami l’Astronome, quand ils ne jettent pas leur dévolu sur Miss Ross et ses deux protégés, Léna et Adolphe, qui sous leur air angélique cachent également des vauriens en puissance.

Avis :

Avant que le comic américain ne devienne ce qu’il est aujourd’hui, les premiers dessins avec des bulles firent leur apparition en 1897 sous la plume de Rudolph Dirks avec The Katzenjammer Kids. Apparaissant tous les dimanches dans les pages du New York Journal, cette série sera une petite révolution qui va durer à peu près quinze années. Par la suite, c’est Harold Knerr qui, en 1914, va reprendre le flambeau dans une sublime imitation des traits de Dirks. Dès lors, la machine est lancée et ce qui s’appellera en France Pim Pam Poum ne va quasiment jamais cesser. Afin de se replonger dans l’Histoire du comic, Urban Comics propose alors une intégrale des aventures de ces deux garçons qui font vivre un enfer au capitaine et à leur tante, dans un écrin de toute beauté, qui respecte l’ordre chronologique et permet de voir une belle évolution.

Mais attention, avant de se plonger dans ces petites histoires (qui tiennent tout de même sur 255 pages !), il va falloir replacer le contexte de création, et surtout à l’époque où cela a été conçu. En effet, plusieurs choses peuvent choquer aujourd’hui, et notamment la vision que l’on a des indigènes, ou tout du moins des habitants de l’île Bongo. Car oui, les natifs de l’île sont représentés comme des singes doués de parole, avec un roi colérique. Il s’agit bien évidemment d’humains, mais on reste dans une image assez raciste qui, à l’époque, ne choquait pas grand monde. De ce fait, il faut faire abstraction de cela et des onomatopées de Tarpan, l’homme à tout faire de la maisonnée, qui ne parle qu’en disant « okoul » ou « pakoul ». Mais ce n’est pas forcément la seule chose qui peut « choquer » le lecteur.

Pam et Poum sont deux garnements qui ne vivent que pour faire des bêtises et faire vivre un enfer au capitaine et à l’astronome, deux fainéants qui végètent alors que Tante Pim passe son temps aux fourneaux et Miss Ross s’occupe de l’éducation. On a une image assez patriarcale qui est contrebalancée par les « punitions » infligées par les deux gosses, qui s’en donnent à cœur joie. En règle générale, l’arroseur est arrosé, et le capitaine ou l’astronome se soumettent bien vite aux exigences des femmes, qui ne sont pas avares de menaces avec un rouleau à pâtisserie. Mais ce qui choque le plus va venir des punitions infligées aux enfants. Ici, fessées, séquestration et privation de nourriture sont de la partie, ce qui donne une vision assez archaïque de l’éducation. Mais là encore, il faut replacer dans le contexte « historique » pour comprendre.

Si l’on fait fi de cela, la lecture de cette première intégrale est assez plaisante (bien que redondante) avec des gags courts qui fonctionnent assez bien et qui tournent beaucoup autour des animaux qui peuplent cette île. Ainsi donc, Pam et Poum vont faire tourner le monde en bourrique, avec des farces pour gagner des tartes à la myrtille, ou encore pour faire croire en des choses improbables. Ils seront en confrontation avec Adolphe, un autre enfant qui veut paraître irréprochable, mais qui est peut-être pire que les deux « héros » de ces histoires. L’humour est plutôt bon enfant, avec des farces à coups de bombes à eau, de colle, ou encore d’animaux inventés pour faire croire en des créatures imaginaires. C’est bien fichu, même si parfois il y a un sentiment de répétition dans les gags et dans leur conclusion.

A titre d’exemple, la glu est utilisée toutes les deux pages pour piéger les mains des protagonistes, ou faire des farces en collant les pieds sur quelque chose de glissant. On peut aussi voir très souvent un chat sauvage, qui sera une sorte de running gag, puisque les enfants le cache dans des tiroirs ou des boîtes et à chaque fois, il en sort pour attaquer le premier venu. Bref, même si c’est bon enfant et assez marrant, on reste sur une redondance qui peut parfois décevoir. De même, il n’y a pas vraiment de morale, ou de message à l’intérieur de ces histoires. Si on peut voir que la méchanceté ne paye pas toujours, on est surtout sur un but précis, faire rire avec des bêtises d’enfant, afin de retrouver son âme de gosse, que l’on peut avoir perdu en cours de route.

Le dernier gros point positif qui réside dans cette anthologie provient des dessins de Harold Knerr, qui sont vraiment très bons. Il en ressort une certaine naïveté, mais pas que. Dans les expressions des enfants, il y a de l’espièglerie, mais il y a aussi une forme d’amusement et de tendresse qui s’en dégage. C’est relativement tendre, mais c’est surtout très drôle, et ce qui marche le mieux sont les gags visuels, lorsqu’il y a très peu de texte et seulement des images de bêtises qui entrainent des catastrophes à la chaine. Les animaux sont aussi très beaux, que ce soit l’éléphant, le léopard, le kangourou ou d’autres, on est vraiment dans un trait enfantin mais délicat, qui posera les bases du dessin de presse et d’humour.

Au final, Pim Pam Poum est une agréable plongée dans un passé pas si lointain, mais qui montre les rouages d’une industrie qui va peu à peu se mettre en place. Parfois désuet, on ne peut renier que les dessins ont du cachet, un charme certain, et l’on pardonne aisément des errances culturelles qui ne sont plus d’actualité aujourd’hui. Un premier tome plaisant donc, qui mérite toute notre attention, ne serait-ce que pour son aspect « historique ».

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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