Auteur : James Tynion IV, Matthew Rosenberg et Otto Schmidt
Editeur : Urban Comics
Genre : Super-Héros, Horreur
Résumé :
Au fil des ans, la Ligue des Justiciers a longtemps protégé la Terre de toutes sortes d’envahisseurs, extraterrestres ou non, en gardant un œil vigilant sur les cieux pour anticiper la prochaine menace. Mais que se passerait-il si ce danger était déjà sur place, cachée à la vue de tous… observant… attendant le moment opportun pour frapper… ?
Avis :
Parmi les auteurs en vogue chez DC Comics, James Tynion IV tire un peu son épingle du jeu. En suivant un peu les pas de Scott Snyder sur les rails horrifiques de la maison d‘édition, le scénariste se fait plaisir en racontant des histoires inédites (The Nice House on the Lake), mais en réinventant l’univers des super-héros en le transposant au mythe vampirique. Un peu comme DCeased l’avait fait en mode zombie, ici, la ligue de justice se fait infiltrer par une cabale vampire et le monde va alors devenir un petit terrain de chasse pour des super-héros assoiffés de sang. Alors que cela aurait pu partir en vrille très vite, ce premier tome pose les bases d’une histoire un peu loufoque, mais qui tient la route et donne envie de savoir le fin mot de l’histoire.
Tout commence avec un vampire qui se retrouve au pied de la tour de la ligue de justice et se fait recueillir par Green Lantern. Ce dernier cuisine le vampire qui raconte que la reine des vampires est morte, et que c’est elle qui maintenait un semblant de paix entre humains et suceurs de sang. Pire, des super-héros sont maintenant devenus des vampires et ils comptent bien transformer la Terre en une ferme géante. Très vite, l’histoire nous dévoile qui est le premier vampire super-héros, et on se demande bien comment il a pu être transformé. Le scénario se garde bien de le dire, car cela permet alors une infiltration plus ou moins direct et des choix malins dans l’attribution des rôles entre gentils et méchants. Par exemple, si Flash devient un vampire, il n’y aura plus à manger rapidement, à cause de son appétit et de son métabolisme.
Il y a donc des choix logiques qui s’imposent, mais d’autres moins, et DC Vampires s’amuse avec certains codes de super-héros, quitte à faire parfois un peu n’importe quoi, à l’image de l’infection de Wonder Woman, alors qu’elle est censée être une déesse faite à partir d’argile. Pour autant, le plaisir de lecture est bien là, et cela est dû à une famille de super-héros, celle de Batman. D’ailleurs, la parallèle entre l’animal totem de Batman et celui des vampires est assez marrant, même s’il ne reste qu’un gimmick. Ici, le célèbre détective mène l’enquête avec l’aide de ses Robin, et on aura quelques passages savoureux, notamment quand il faut aborder les caractères de chacun, et les rapports qu’ils peuvent avoir entre eux. Cette grande famille permet de jouer avec l’humour, la gravité de la situation et… une part de trahison.
Le seul petit regret que l’on peut avoir, c’est le dessin qui a été confié à Otto Schmidt. Alors, non pas que le dessinateur soit mauvais, bien au contraire. Cependant, son trait est assez enfantin, et s’il peut correspondre à des moments plutôt drôles, parfois, on est dans du gore et du sérieux, et l’ambiance ne prend pas. En fait, on sent que DC Vampires a le cul entre deux chaises. D’un côté, on sent les envies d’horreur et de fin du monde qui règne sur la planète si jamais Superman devient un vampire. D’un autre, il y a des pointes d’humour noir qui ne fonctionnent qu’à moitié, et un dessin qui, parfois, se fait trop lisse. C’est dommage, et il aurait été peut-être plus judicieux de mettre en avant un dessinateur avec un trait plus réaliste, ou plus torturé.
Mais peut-être que le but était de faire en sorte de rendre DC Vampires accessible à un plus grand nombre. Du coup, le choix d’Otto Schmidt se fait plutôt logique, puisqu’il arrive à ménager la chèvre et le chou, entre des moments nerveux et gores, et d’autres passages plus délirants. Néanmoins, d’un point de vue écriture, on a du mal à voir où tout ceci va bien pouvoir aller, et surtout, jusqu’où le délire va-t-il pouvoir d’étendre. Si quelques pistes sont évoquées dans les bonus en fin de premier volume, avec Damian qui devient un vampire gentil, on reste dans un certain flou artistique, et c’est un peu moins équilibré que DCeased.
Au final, DC Vampires est une lecture plutôt plaisante, et très récréative. On prend un plaisir non dissimulé à suivre cette cabale vampire s’infiltrait dans la ligue de justice, grâce à un rythme effréné et de bons choix de protagonistes. Cependant, on reste plus circonspect sur les dessins qui sont parfois très enfantins, et ne correspondent pas forcément à des attentes horrifiques et gores. On peut dire que ce premier volume souffle le chaud et le froid, oscillant constamment entre série Z et humour noir souvent inopiné, et que l’on reste curieux de savoir ce qui va être fait par la suite. Et ça, ce n’est pas forcément un mauvais point.
Note : 14/20
Par AqME