avril 25, 2024

Batman Detective Infinite – Cthulhu n’est pas Loin

Auteurs : Mariko Tamaki, Dan Mora, Victor Bogdanovic

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros

Résumé :

Lorsque sa fille est tuée au cours de la vague de crimes qui s’abat sur Gotham City, Roland Worth, une montagne de muscles et d’argent de deux mètres de haut, se lance dans une quête personnelle de vengeance contre Batman, responsable présumé de ce chaos. Victime d’une machination savamment orchestrée, le Chevalier Noir désargenté ne pourra compter que sur son intelligence et le peu d’équipement qui lui reste…

Avis :

Avec les éléments mis en place lors de Infinite Frontier et de Joker War, Batman a fort à faire avec les vilains de Gotham. En effet, les scénaristes ont cru bon de rendre le multivers connu de tous et d’altérer tout cela pour faire revenir à la vie tous les personnages de chez DC. Dont Darkseid qui semble prendre une place importante. Batman a lui aussi une place centrale, puisqu’il se retrouve sans le sou suite à la révolte des clowns orchestrée par le Joker, qui vont littéralement exploser le manoir Wayne. Le chevalier noir va alors devoir trouver des alternatives pour faire des micro-batcaves et continuer à combattre le crime dans Gotham. C’est à partir de ce pitch que débute Batman Detective, qui place Bruce Wayne dans une situation délicate face à deux nouveaux méchants relativement costauds.

Une nouvelle vague de crimes touche Gotham, et ce sont de jeunes gens de bonne famille qui sont retrouvés morts. Manque de bol pour notre détective préféré, il se retrouve pris en flagrant délit à côté du corps d’une jeune fille et son père, Roland Worth, est une montagne de muscles qui détient une bonne partie de la ville. Ce dernier n’aura alors de cesse que de combattre Batman, qu’il tient pour responsable de la mort de sa fille, mais aussi Bruce Wayne, qu’il soupçonne de couvrir le chevalier noir. En menant l’enquête, et avec l’aide de Huntress, notre héros favori va découvrir que cette vague de violence est le fait d’un seul homme, doté d’un pouvoir plus qu’étrange. Ce premier tome est divisé en deux parties assez distinctes, dans laquelle on va voir l’évolution des méchants, mais aussi de Batman et de sa compagne du moment, Huntress.

Le démarrage nous met directement dans l’ambiance. Bruce Wayne vit dans les beaux quartiers avec des enfants de personnalités riches. La nuit, il continue d’être le Batman et a dû construire de petites Batcaves dans les égouts inutilisés de la ville. Tout bascule lorsqu’il retrouve la fille de Roland Worth et que ce dernier, pris de folie, décide de mettre la ville à feu et à sang pour se venger. Et les choses empirent lorsque la défunte fille refait surface, mais sous les traits de Dame d’Argile, qui a assisté à la scène de crime et semble toute déboussolée. Il règne, dès le départ, une sorte d’urgence tragique, où tout glisse entre les doigts de notre héros. La pluie est omniprésente, comme les couleurs chaudes, qui renforcent ce sentiment de danger et d’univers glauque.

Un univers glauque qui va prendre de l’ampleur lorsque l’on va découvrir l’identité du deuxième méchant, qui va rentrer dans le panthéon des monstres. Un peu à la manière d’un Gueule d’Argile ou d’un Man Bat, on a droit ici à un nouveau venu qui laisse une impression d’horreur. D’ailleurs, les dessinateurs ne s’y seront pas trompés en mettant en avant le côté tentaculaire du type, avec des aplats de noirs que n’aurait pas renié Lovecraft. On sent aussi les influences de Blade 2 de Guillermo Del Toro dans le design même de ce méchant. Mais pour en revenir à quelque chose de plus littéraire, ce nouveau vilain est l’incarnation même de la contagion de la violence. Il s’agit d’un monstre qui se nourrit de ça, et qui a besoin de distiller du meurtre et du sang pour survivre. Un thème qui va parcourir toutes les planches de ce récit.

La violence, et la façon dont elle se répand dans Gotham, a toujours été un thème majeur pour Batman. Et là, elle trouve clairement une incarnation. On n’est pas dans la folie furieuse, comme le Joker, ou encore dans un crime organisé qui mettrait la ville à l’envers, mais bel et bien dans une stylisation de la violence qui peut se voir comme une maladie contagieuse, et une façon de se nourrir. C’est très intéressant et cela donne lieu à des manipulations de la part du Pingouin, qui signe un retour remarqué. Dans la deuxième partie, le grand vilain va tenter de tromper Worth (qui n’est rien d’autre qu’un gros bourrin) et de se servir du second vilain, mais dont le contrôle lui échappe. Là encore, on voit que les choses ne changent pas, et que les monstres ont du mal à travailler ensemble, sur la longueur.

L’autre point intéressant dans ce Batman Detective, c’est la présence de Huntress et le travail autour du personnage. L’héroïne est très attachante dans cette histoire, car elle se bat pour une amie qu’elle a perdu de façon injuste et qu’elle perçoit comme un manquement de sa part. Toujours prête à utiliser son arbalète, elle va aussi faire confiance à Oracle, qui sera un véritable atout dans l’enquête des deux super-héros. Là aussi, on sent qu’il y a un vrai travail sur les personnages, qui ont tous un background intéressant, hormis peut-être Worth qui reste un sac à viande bas du front plein au as. Tout cela est mis en avant avec des dessins superbes, inspirés, qui laissent même quelques visions cauchemardesques qui font plaisir, au point de trouver un Batman Cthulhu de toute beauté.

Au final, Batman Detective est une réelle surprise et une histoire rondement menée. Doté de dessins absolument superbes, le scénario tente d’inventer une nouvelle vision de la violence, la présentant comme une maladie qui se répand et permet à un grand vilain de se nourrir. Sur le fil entre horreur et thriller, on retrouve l’ambiance poisseuse d’une Gotham tentaculaire et tous les personnages sont bien travaillés, apportant de l’eau au moulin. Sans tomber sur le trop plein d’action ni dans une enquête redondante et longuette, ce Batman Detective trouve un bel équilibre et donne vraiment envie de savoir la suite des évènements !

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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