avril 19, 2024

Joker/Harley: Criminal Sanity

Auteurs : Kami Garcia, Mico Suayan, Jason Badower, Mike Mayhew

Editeur : Urban Comics

Genre : Thriller

Résumé :

Profiler de renom, Harleen Quinzel est embauchée par le GCPD pour enquêter sur une vague de crimes particulièrement sordides. Mais elle est elle-même hantée par une affaire passée lorsque sa colocataire a été sauvagement assassinée par le tueur en série surnommé le Joker.

Avis :

Le monde du comics est un univers assez intéressant à explorer pour de nombreux auteurs. On a déjà vu des personnes venir de différents horizons s’essayaient à l’exercice, et parfois ce fut concluant, tandis que d’autres auraient mieux fait de s’abstenir. Kami Garcia est une autrice qui écrit des romans Young Adult à la base. Forcément, son univers est très éloigné de quelque chose de sombre comme l’est ce comic et il lui a fallu plusieurs essais pour aboutir à quelque chose de concluant. Car ne nous y trompons pas, ce Joker/Harley Criminal Sanity n’est pas un récit de super-héros. Ici, point de Batman ou de Robin, mais bel et bien une Harley Quinn profiler, qui va mener une enquête pour retrouver un fou furieux qui tue des personnes en les modelant comme des œuvres d’art. Sombre et violente, cette histoire avait tous les ingrédients pour être canon, mais…

Soyons clair d’entrée de jeu, Joker/Harley Criminal Sanity n’est pas une purge, loin de là. On peut même dire que le récit a de nombreux avantages. A commencer par les dessins qui sont tout simplement sublimes. Certaines planches draguent scrupuleusement notre rétine, et on va passer plus de temps à regarder les images plutôt qu’à lire. La succession de dessinateurs ne se ressent pas trop. La seule grosse différence viendra de Mike Mayhew, un adepte du photoréalisme, qui va trancher lors d’un flashback, avec l’impression de faire face à des photos retouchées. Mais qu’importe, l’objet est beau et le choix de raconter l’histoire en noir et blanc et d’offrir les flashbacks en couleur est une idée sympathique en soi. Cela permet d’obtenir un ton grave sur l’histoire principale et de donner quelques touches de couleurs à des évènements passés et pourtant sordides.

En abordant le scénario, on va vite se retrouver face à un thriller qui évoque, dans ses grandes lignes, Le Silence des Agneaux, Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse et tous ces thrillers un peu crados dans lesquels un psychopathe tue en faisant des références. Ici, un Joker psychotique qui bute des personnes avec une idée fixe en tête et met les cadavres en scène en faisant des allusions au travail de Dali. On retrouve les mêmes schémas que sur les films précités, à savoir une profiler un peu paumée, qui a des antécédents avec ce meurtrier, et qui se pose des questions sur la nécessité de l’arrêter, ou les bienfaits de sa mort. Un sujet de fond qui reste très classique, et qui va même décevoir sur la fin, n’abordant jamais la dichotomie de Harley Quinn, ou tout du moins n’allant jamais au bout de la chose.

L’autrice reste trop en surface concernant son personnage principal. Il faut aussi évoquer un Joker qui est bien loin des canons que l’on peut avoir sur lui. Le type est dérangé, mais c’est un taré de première. Si les flashbacks permettent d’en savoir plus sur sa jeunesse et sa vie, et sur ses intentions présentes, on reste sur un tueur en série basique, qui trouve une certaine fascination pour la profiler qui le pourchasse. Le personnage n’est pas loufoque ou déluré et reste très souvent mutique, même lorsqu’il trouve du plaisir dans le meurtre. Et c’est peut-être là une faute de goût pour l’autrice, qui plonge à corps perdu dans le thriller de base, sans jamais rien inventer. Même la dualité entre les deux personnages principaux parait factice et manque de mordant, voire d’intérêt. On a la sensation d’avoir lu et vu cette histoire des centaines de fois.

De plus, si l’on creuse un peu le fond de cette histoire, il n’y a pas vraiment de personnages secondaires intéressants. Gordon reste en retrait et ne s’impose jamais auprès d’Harley. Pire, le machisme des flics est mis en avant auprès d’un seul personnage qui beugle sans arrêt et ne sert à rien. Même au niveau des méchants, ce sera le néant absolu. On aura un léger visuel de Victor Zsaz pour évoquer les possibles coupables des meurtres, mais ce sera tout. Pour le reste, il faudra se contenter de quelques mafieux russes, dont un gros musclé qui se prendra des branlées à chaque fois. C’est assez maigre. Cependant, le récit possède un rythme plutôt intéressant, qui ne cesse jamais, entre des scènes morbides et des courses-poursuites qui sont bien découpées, permettant de plonger au mieux au cœur de l’action.

Au final, Joker/Harley Criminal Sanity est une histoire qui n’est pas inintéressante mais qui ne chamboule pas grand-chose. Kami Garcia semble s’inspirer autant de l’univers de Gotham que des thrillers plus ou moins cultes que le cinéma nous offre depuis des années, mais sans jamais réinventer la sauce et restant sur des rails prédéfinis. C’est dommage, car même si on pend plaisir à lire grâce à un rythme soutenu et des dessins superbes, on reste sur notre faim lorsque l’on tourne la dernière page…

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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