Vola - Witness - Lavisqteam.fr

Avis :

Le monde de la musique est si riche et varié que parfois, on écoute un groupe par corrélation avec un autre que l’on adore. Et c’est ce qui s’est passé pour Vola, groupe de Métal progressif danois. Fondé en 2006, le groupe ne va sortir son premier album qu’en 2015 après plusieurs EP et quelques changements de line-up. Dès lors, la formation est assimilée à celle de Leprous, groupe de métal norvégien porté par Einar Solberg, qui est issu de la scène Black. Forcément, cela attise la curiosité, surtout si c’est pour aborder la musique extrême par un prisme novateur, parfois complexe, mais toujours salvateur. Et nous y voilà, à nous lancer pour la première fois dans un Vola, notamment avec Witness, troisième effort du groupe, sorti en 2021, et qui permet de faire un petit tour d’horizon de cette musique singulière.

Car oui, c’est bien le mot singulier qui vient en tête lorsque l’on a fait plusieurs fois le tour de l’album, qui possède beaucoup de teintes différentes. D’ailleurs, on peut parfois se poser la question sur ce que l’on écoute, ou tout du moins se demander si c’est bien du métal. En effet, parfois le groupe aborde la musique de façon très douce, avant de lâcher par moment la bride et de nous offrir des riffs lourds et puissants. Witness est un effort complexe et complet, mais qui peut parfois laisser sur le carreau. Ce qui ne sera pas forcément le cas du premier titre, Straight Lines, qui fut aussi l’un des hits pour vendre l’album. Le début peut sembler étrange, mais rapidement, les riffs se font lourds, et on comprend la comparaison avec Leprous avec chant clair, propre, et il réside un certain sens de la mélodie.

Cependant, les choses vont changer avec Head Mounted Sideways. Ici, les riffs sont rugueux, très lourds, et on est proche d’un Stoner bien virulent. Le titre est très bien amené, mais le chant en autotune dénote un petit peu, et peut nous faire lâcher la rampe. En fait, il y a dans ce titre un élan de modernité qui n’était pas forcément nécessaire. Et même si ça apporte un effet industriel étrange, on reste partagé sur cette méthode. Heureusement, le refrain rattrape bien l’affaire. Puis 24 Light-Years va nous faire redescendre d’un cran. On pourrait presque assimiler cela à une ballade, car le titre est très calme, malgré une rythmique soutenue. Les paroles sont sublimes, et il y a vraiment un refrain catchy qui touche et reste en tête. Néanmoins, il y a un fossé entre ce titre et le précédent, ce qui est assez inattendu.

Et avec le morceau suivant, la formation danoise nous surprend encore. These Black Claws est un morceau qui est très réussi, et qui brasse de nombreux styles différents. Le démarrage peut faire penser à du Korn dans son ambiance, avant de lâcher de gros riffs puissants, puis un refrain assez doux qui cartonne. Dans son deuxième couplet, Vola fait appel à Shahmen, un rappeur à la voix grave qui vient apporter sa pierre à l’édifice. Le mélange est incroyable et fonctionne à merveille, même avec les nombreux apports modernes. Par la suite, le groupe s’essouffle un peu, et délivre deux pièces qui ont du mal à convaincre. Freak est un morceau trop doux et qui manque cruellement de caractère. Il s’agit d’un titre qui n’arrive pas à rester dans les mémoires, car il ne possède pas vraiment de moments forts. Et il en va de même avec Napalm.

Avec un tel titre, on aurait pu croire à un déluge de violence, mais il n’en sera rien. Le titre décolle bien un peu vers sa fin, mais il reste trop léger pour vraiment s’imposer au sein de l’album. Future Bird sera un morceau un peu plus épais, avec un son plus rond. Sans être un immanquable de l’album, il reste un titre plaisant et plutôt réussi. Mais ce sera surtout Stone Leader Falling Down qui retiendra toute notre attention. Ici, on renoue avec un riff lourd et sauvage et une envie de faire sauter la foule. Le morceau est puissant, parfaitement rythmé et recèle une belle force de caractère. On regrette même que tout l’album ne soit pas de cet acabit. Enfin, Inside Your Fur clôture le skeud de façon intéressante, avec un gros riff, qui est tamisé via une nappe de clavier un poil trop présente.

Au final, Witness, le troisième album de Vola, est un effort agréable et surprenant, qui peut en décontenancer plus d’un. Il y a vraiment à boire et à manger là-dedans, alors que l’ensemble n’est pas bien long. On y voit énormément d’ajouts modernes qui viennent enrichir un univers particulier, mais tous les titres ne sont pas au même niveau, et parfois, on sent une petite lassitude, et c’est bien dommage. Cependant, l’album est suffisamment intéressant pour susciter la curiosité et écouter le reste de la discographie, ce qui est un très bon point !