avril 25, 2024

YOB – Our Raw Heart

Avis :

Le Doom Métal est un genre qui est assez difficile à appréhender, car il est très lourd et surtout, il peut être répétitif. Il s’agit d’un genre un peu désespéré, qui conjugue des paroles assez sombres avec des riffs puissants, lourds et qui laisse l’auditeur sur le cul. Si certains groupes sont plutôt connus dans ce genre, il reste tout de même très underground, la faute à des titres non radiophoniques, dépassant bien souvent les dix minutes. Un genre qui possède ses bons côtés, comme ses mauvais, avec des moments redondants et des errances mélodiques qui peuvent dérouter. YOB est un groupe américain qui a connu un succès relatif depuis les années 90 et qui continue aujourd’hui de produire des albums, dont le dernier, Our Raw Heart, tout fraîchement signé chez Relapse. Un album qui n’est pas sans intérêt, notamment parce qu’il a été écrit dans la douleur. En effet, Mike Scheidt, le chanteur et leader du groupe, a écrit cet effort dans son lit d’hôpital après une grave maladie qui l’a clouée dans la couette. Si on y regarde de plus près, l’album respire d’ailleurs la douleur et une forme de rédemption, la vie étant au-dessus de la mort. Un album concept, avec sept morceaux plus de 73 minutes d’écoute. Pour autant, ce huitième n’est pas si reluisant que ça.

Le skeud débute avec Ablaze. Dépassant les dix minutes, le morceau se révèle être très efficace et ne souffre finalement pas de sa longueur. Lourd, puissant, porteur d’une énergie qui tabasse bien, Ablaze fait partie des bons morceaux de cet album. On aura même droit à quelques variations de tempo au sein du titre, avec un moment plus doux en guise de pont et qui démontre toute l’émotion qui déborde de la voix du chanteur. En clair, c’est vraiment bien et on espère tout l’album du même acabit. Malheureusement, on va vite tomber de haut avec The Screen. Allant au-delà des neuf minutes, le morceau est une simple répétition de riffs lourdauds, patauds, et qui ne montrent en rien le talent cosmique des musiciens. C’est long, et le côté growl du chanteur laisse circonspect. Parce que non seulement c’est long, mais en plus c’est très lent. Il y a une sorte d’accumulation au fur et à mesure du titre, mais très clairement, on reste dans quelque chose de redondant et qui ne profite même pas d’une ambiance particulière. Une déception d’autant plus belle qu’elle fait suite à un excellent morceau. Mais ce n’est pas terminé avec In Reverie, qui est faite dans le même moule que le titre précédent. D’une durée approximative similaire, le morceau est là aussi très lourd mais très répétitif. On a même l’impression, parfois, d’être dans du Drone Métal. Reste le chanteur qui se la joue plus rock au niveau de la voix et cela passe un peu mieux. Mais bref, on reste assez circonspect sur ce morceau.

Lungs Reach fera office de petit break au sein de l’album, faisant à peine un poil plus de cinq minutes et sera un moment aérien très bizarre jusqu’à son final où le growl ravageur proche d’un Death se fait entendre. Les riffs lourds sont de retour, ressemblant à s’y méprendre au deux titres précédents et là aussi, la façon de faire laisse de marbre. C’est constamment la même chose et le tout manque terriblement de rythme. De rythme et d’ambiance, car aligner trois accords et pousser la gueulante à deux à l’heure ne fait pas forcément glauque ou horrifique. Déboule alors une petite bouffée d’air frais, Beauty in Falling Leaves, un long, très long, titre de plus de seize minutes mais qui fait la part belle à la mélodie. Dans ce titre, on aura droit à des moments plus lourds, plus puissants, réellement imposants et salvateurs, le tout avec des passages aériens d’une rare beauté. Alors oui, c’est peut-être longuet, mais ça marche du tonnerre et c’est clairement dans cet exercice que le groupe se révèle et prouve son talent. Un talent aussi quand il faut être nerveux avec Original Face, un titre qui fait office de piste presque normal avec ses sept minutes et qui détient une énergie débordante. C’est plus rapide, plus tendu, ça dure pas forcément trois plombes et on ressent toute la colère du groupe ainsi que sa patte plus douce en arrière-plan. Enfin, plus clôturer l’album, on a Our Raw Heart (14 minutes, petit joueur) et c’est un titre plutôt plaisant, assez lent avec des riffs lourds, mais ayant une certaine légèreté, presque comme une envie de ballade et c’est plutôt bien.

Au final, Our Raw Heart, le dernier album en date de YOB, est tout de même une petite déception. Si sur l’ensemble, ça tient plutôt bien la route, le milieu de l’album est très redondant et semble construit sur le même moule, n’arrivant jamais à se défaire de son image de Doom lent et lourd. C’est dommage car le groupe a plus d’une corde à son arc et il le prouve avec quelques superbes morceaux qui ne créent pas l’ennui et peuvent faire chavirer les cœurs. Bref, un album en demi-teinte, exigeant, mais étrange et bien trop long.

  • Ablaze
  • The Screen
  • In Reverie
  • Lungs Reach
  • Beauty in Falling Leaves
  • Original Face
  • Our Raw Heart

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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