avril 27, 2024

Mylène Farmer – Désobéissance

Avis :

Il ne fait aucun doute que Mylène Farmer est sans doute la chanteuse française qui a le plus de succès, encore aujourd’hui. C’est la plus grande vendeuse de disques depuis les années 80, avec plus de 30 millions de ventes. C’est aussi l’artiste qui a eu le plus de singles en première position dans les ventes françaises (21 titres, ça fait beaucoup). Donc forcément, quand la mystérieuse Mylène ressort un nouvel album, cela crée un énorme engouement et les ventes décollent pour assouvir une certaine curiosité, mais aussi par souci de complétude chez les fans de la première heure. Remplissant encore et toujours les stades en quelques heures, l’artiste est une icône de la chanson française, alors même que sa personnalité demeure assez discrète. Mais que voulez-vous, la grandiloquence des clips, les sujets sulfureux, tout ça a fondé une image qui colle à la peau de la chanteuse.

Sortant des albums de façon assez régulière (tous les deux, trois, quatre ans), Mylène Farmer a toujours su s’entourer d’artistes qui ont le vent en poupe afin de bénéficier d’une aura supplémentaire. Cela prouve aussi qu’elle s’intéresse à la musique actuelle, afin de coller au mieux à l’actualité et aux goûts contemporains. Ça lui permet de ne pas rester bloquée dans une bulle de répétition, qui lasserait vite. Sauf que parfois, certains choix peuvent paraître douteux, voire opportuniste. Pour Désobéissance, son onzième album, elle va porter son choix sur le DJ Feder, qui composera un peu plus de la moitié du disque. Premier album à sortir chez Sony, on ne va pas pouvoir dire que ce soit une réussite. Sonnant très électro, l’effort manque cruellement de vie, de chaleur, mais surtout, les textes sont d’une timidité crasse. Difficile de croire que Mylène Farmer soit derrière ce projet… incomplet et hasardeux.

Avec Rolling Stone, on aurait presque cru à un hommage au groupe de Mick Jagger, mais point de Rock, ici, une simple mélodie à la boîte à rythme et un aspect Pop coloré qui ne va pas du tout à la chanteuse. C’est mièvre, tout cela provenir d’un titre des années 90, et globalement, l’ennui pointe déjà le bout de son nez. En fait, dès le premier morceau, on va entendre les points faibles de ce skeud, qui sera mou et porté par des textes inoffensifs autour de l’amour. Sentimentale ne va faire que confirmer cet état de fait, l’album aura une direction artistique pénible et sans aucun intérêt. La chanteuse force dans les aigus, allant jusqu’à chanter faux, et d’un point de vue musicale, on est dans un truc bas du front, qui mise tout sur sa rythmique un peu dansante. Rien ne fonctionne, jusqu’aux paroles lénifiantes.

En abordant Désobéissance, on pourrait presque croire à une jolie ligne de basse, mais rapidement, le beat informatique reprend le dessus, et Mylène Farmer pose des paroles sans intérêt dessus. Ça se sent sensuel et lyrique, mais c’est plus vulgaire qu’autre chose. Et on ne parle même pas du refrain, d’une nullité sans faille, lorgnant sur un mélange dégueulasse entre House typée 90’s et chant faiblarde où ça geint plus qu’autre chose. N’Oublie Pas essaye de noyer un peu le poisson avec une belle introduction minimaliste, puis un featuring vient tout gâcher. Pourtant LP possède plutôt une belle voix, mais là, elle force sur le côté nasillard, et c’est tout simplement imbuvable. Reste alors l’interlude Histoires de Fesses qui, pour une fois, propose des paroles un peu rentre-dedans et cinglantes, mais niveau écriture, ça reste catastrophique. Faire rimer fesse et confesse, on est au-delà de la rime riche…

Par la suite, on va rester sur un registre électro ringard, qui n’apporte rien, que ce soit musical ou autre. Get Up Girl ensuque plus qu’autre chose. Prière fait rapidement croire qu’une guitare vient faire un petit coucou, mais elle s’efface pour laisser place à une instru pauvre et sans jolis coups de rein. On aura tout de même droit à du violon sur Au Lecteur, avec une Mylène qui s’essaye au Slam avec un texte inégal, qui veut jouer avec des mots de langage soutenu, mais certains termes familiers viennent gâcher l’ensemble. Cela fait très prétentieux, arrogant, voire même bobo, et in fine, on peine à être convaincu par cet essai. Des Larmes se veut plus mainstream, mais le texte est inintéressant et encore une fois, le côté électro fait très régressif, sans apporter un aspect novateur. Et ce sera la même chose sur les trois derniers morceaux.

Au final, Désobéissance, le onzième album de Mylène Farmer, est une énorme douche froide. C’est bien simple, rien ne va dans cet album. En utilisant le DJ français Feder pour composer les trois quarts de ses mélodies, l’artiste française tombe dans le piège de la facilité et ne propose absolument rien de neuf. Au contraire, elle sombre dans une électro rétrograde et répétitive, qui n’a rien à raconter, et encore moins à dire. Cet effort brasse du vent, surjoue le côté fragile de la chanteuse sans y apporter un brin de nuance. Bref, un très mauvais album qui ne rend pas justice aux talents de l’artiste en question.

  • Rolling Stone
  • Sentimentale
  • Désobéissance
  • N’Oublie Pas
  • Histoires de Fesses
  • Get Up Girl
  • Prière
  • Au Lecteur
  • Des Larmes
  • Parler d’Avenir
  • On a Besoin d’y Croire
  • Retenir l’Eau

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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