avril 28, 2024

Le Bal de l’Enfer – Le Pire du Vampire

Titre Original : The Invitation

De : Jessica M. Thompson

Avec Nathalie Emmanuel, Thomas Doherty, Alana Boden, Stephanie Corneliussen

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Après la mort de sa mère, Evie se retrouve sans famille. Elle décide de faire un test ADN et se découvre un cousin éloigné dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Après être entrée en contact avec lui, il l’invite à un somptueux mariage dans la campagne anglaise afin qu’elle rencontre sa nouvelle famille. D’abord sous le charme du séduisant aristocrate qui accueille les festivités, elle se retrouve rapidement plongée dans une lutte infernale pour sa survie en découvrant les sombres secrets de l’histoire de sa famille et les intentions troublantes de ses hôtes sous couvert d’une étrange générosité.

Avis :

Comment attirer le chaland dans les salles obscures, surtout quad celui-ci est une jeune adolescente qui a envie de se faire un peu peur ? Tout simplement en mentant dans le titre, en mettant en avant des stars du petit écran (de préférence de séries qui cartonnent auprès du public ciblé) et en jouant sur la carte du vampirisme gothique. C’est clairement le choix de communication pour le second film de Jessica M. Thompson, dont le premier long-métrage, The Light of the Moon, est encore inédit chez nous. Le Bal de l’Enfer est donc un gros mensonge. Déjà parce qu’il n’y a pas de bal dans l’histoire, mais un mariage, et que d’enfer, il n’y en a pas non plus. Du moins, pas celui espéré par la production du film, puisqu’ici, c’est clairement le spectateur qui va en vivre un, se retrouvant piégé dans un film d’horreur lambda, sans identité.

Le démarrage se déroule aux Etats-Unis, où une jeune artiste galère dans sa vie. On découvre qu’elle a perdu sa mère récemment d’une maladie, et pour couvrir ses fins de mois, elle fait quelques extras, comme serveuse lors d’évènements, ici, une société qui vend des produits pour tester son ADN et découvrir ses origines. Evie repart de ce séminaire avec un exemplaire, qu’elle va essayer, et découvre sur internet qu’elle possède un cousin en Angleterre, issu d’une famille noble. Après un court entretien avec lui, il l’invite à un mariage et lui avoue que toute la famille est très excitée de la rencontrer, afin d’apporter un peu de sang neuf. Sur place, Evie va tomber sous le charme du propriétaire du château, un jeune dandy au regard ténébreux. Bref, on va se la faire courte, il n’y a pas vraiment de mariage, et Evie est tombée dans un piège grossier.

« Le Bal de l’Enfer est donc un gros mensonge. »

Le Bal de l’Enfer essaye tant bien que mal de ménager son suspens. C’est-à-dire que pour brouiller les pistes, on va assister à des scènes qui se déroulent de jour, où tout le monde se balade sans problème. Cela permet d’éliminer la piste des vampires, sauf que c’est un petit peu facile. Tout concorde à amener sur la piste de la famille vampirique. Les servantes qui arrivent avec des numéros, le charisme poussé à l’extrême du propriétaire, le côté gothique du château et de la décoration, bref, si le film tente de nous faire avaler des couleuvres, il n’arrive pas à se dépatouiller avec une imagerie d’Epinal qui grille toutes les cartouches du scénario. Un scénario brouillon, qui met trop de temps à démarrer et à vraiment accentuer les phases de peur. Ça bafouille beaucoup, ça joue sur des thèmes surfaits et ça manque cruellement de verve.

Il faut dire que le film manque de vie, aussi bien dans sa mise en scène que dans son scénario. On va alterner les phases de séduction entre Evie et le bel éphèbe avec des séquences qui doivent faire peur, où les servantes numérotées vont se faire boulotter au fur et à mesure. Le parallèle entre les deux situations n’a pas vraiment d’autre liant que de montrer qu’il y a une (ou plusieurs) créature sanguinaire, laissant alors peu de doute sur les origines de la menace. C’est bateau, et surtout ça ne crée pas vraiment d’angoisse, ou n’embrasse aucun thème intéressant. Car oui, le scénario tente vainement de parler de la place de la femme dans la société, de se méfier des hommes riches, voire même des hommes blancs envers une femme noire, mais sans jamais remettre en question les choix faciles de l’héroïne. C’est très mal fichu.

« On dirait le final d’une comédie ricaine et non d’un film d’horreur. »

Et au-delà de cette volonté de montrer l’homme blanc comme une réelle menace (et un prédateur sexuel), on assiste à un plot twist absolument dégueulasse, qui pointe du doigt la vulnérabilité de l’héroïne, qui pourtant se veut forte. Certes, le final la montre prête à faire des sacrifices pour s’en sortir (et sauver quelques âmes au passage), mais ça reste téléphoné et sans aucune surprise. Tout comme c’est la seule black à se sauver d’un monde peuplé de riches blancs, et la bourgeoisie est pointée du doigt aussi, puisqu’elle sauve avec elle une pauvre servante qui était destinée à un sacrifice. Bref, c’est lourd, c’est déjà-vu et la toute dernière scène suffit à montrer l’imbécilité de l’ensemble, où l’héroïne et sa meilleure amie deviennent des tueuses afin de se venger de tout ce petit entre-soi bourgeois. On dirait le final d’une comédie ricaine et non d’un film d’horreur.

Et on ne parlera pas de la mise en scène ou des acteurs, puisque tout cela est très médiocre. Jessica M. Thompson ne possède pas vraiment un œil intéressant, ou tout du moins, elle ne le montre pas sur ce long-métrage. Tout est lisse, rien ne fonctionne, les scènes de peur sont expédiées manu militari, et on se demande même si l’on n’est pas sur une réalisation de série télé. Il n’y a rien qui vient titiller notre œil et qui reste dans nos mémoires. Même le casting ressemble à une énorme erreur. Nathalie Emmanuel est très jolie, mais elle joue très mal, tout comme Thomas Doherty qui sort de chez Disney (Descendants 2 et 3) et surjoue sa mâchoire carrée pour paraître plus vampirique. Même Sean Pertwee est venu se perdre dans cette production infâme, jouant encore le majordome, comme dans Gotham, mais sans envie.

Au final, Le Bal de l’Enfer est réellement un enfer à suivre. C’est insipide à souhait, ça ne possède pas une seule scène de frousse, et c’est même relativement pénible à regarder, tant tout est lourd, téléphoné et sans aucune identité. En voulant moderniser le mythe de Dracula, Jessica M. Thompon se plante totalement en livrant un film d’horreur pour midinettes qui, pour peu qu’elles soient habituées à l’horreur, trouveront cela anecdotique, au mieux, nul à chier, au pire. Bref, un film d’horreur raté devant lequel il est très difficile de tenir jusqu’au bout.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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