avril 20, 2024

Three Days Grace – Outsider

Avis :

Il y a un terme dans le monde du métal, qui arrange beaucoup de monde, afin de ranger certains groupes dans des cases. Ce sous-genre, c’est ce que l’on appelle le Métal Alternatif. Là-dedans, on peut clairement mettre ce que l’on veut, et on est toujours à la frontière entre le Métal et le Rock. De ce fait, certains groupes peuvent y trouver une place de choix, et on pense irrémédiablement à des formations comme Alter Bridge, mais d’autres sont rangées ici car on ne sait pas trop où les mettre et ça peut attirer les métalleux comme les rockeurs. C’est le cas pour Three Days Grace, formation canadienne qui se forme à la fin des années 90, mais trouve son public dans les années 2000. Plus Rock que Métal, même si on trouve quelques riffs assez lourds, le groupe a su trouver son public.

Il faut dire qu’ils ratissent large, n’essayant jamais de sortir d’une certaine zone de confort, avec des morceaux calibrés pour la radio, qui ne dépassent que très rarement les trois minutes. En 2018, le groupe propose Outsider, leur sixième album, et on peut clairement dire que cela n’a pas fait trop de bruit. Et on peut comprendre, tant l’effort, aussi sympathique soit-il, ne sort pas des carcans du groupe et ne propose une réelle vision d’ensemble. Du haut de ses trente-neuf petites minutes, l’album ne contient pas vraiment de gros tubes, ni même de prouesses techniques (mais ça n’a jamais été le cas avec Three Days Grace), et on se retrouve avec une galette qui s’écoute, peut se chanter sur certains refrains, mais manque cruellement de personnalité et d’envie de faire bouger les codes. Et c’est dommage, car il y a du potentiel.

Le skeud débute avec Right Left Wrong, et après une courte introduction qui tente de poser une petite ambiance, on a droit à de jolis riffs bien gras et bien saturés. Un début prometteur, qui va rapidement devenir addictif avec la voix du chanteur qui scande des paroles très simples et qui rentrent de suite en tête. C’est malin de la part du groupe, d’autant que cela donne une forte envie de continuer sur l’album. Cependant, on reste dans une structure très simple, qui permet au refrain de gagner en profondeur grâce à des back-ups qui font des « oh oh » efficaces et facilement reprenables en rythme. Avec The Mountain, le groupe garde à peu près le même schéma structurel, que ce soit dans l’écriture ou la structure. Rien de bien méchant donc, avec un calibrage fait pour passer à la radio.

Entendez par là que le morceau est fait pour devenir un tube et passer sur les ondes américaines, afin de gagner le plus d’argent possible. C’est un peu le problème avec ce genre de formation qui n’arrive pas à sortir d’un côté très mercantile. D’autant plus que c’est assez facile à faire. I am an Outsider va ralentir le rythme, affichant un petit mid-tempo qui pourrait rebuter, mais globalement, le titre fonctionne grâce à un refrain efficace et qui reste immédiatement en tête. Force est de constater que malgré le côté « classique » du titre, il s’avère plaisant de par sa simplicité. Infra-Red renoue un peu avec les deux morceaux du début, notamment dans l’énergie, mais on va vite se rendre compte des limites du titre, entre sa courte durée et la redondance avec les titres précédents. Dès la moitié de l’album, on sent que la recette commence à dégoûter.

Le milieu de l’album va tenter de changer un peu de popote. On va avoir droit à trois titres plus calmes, mais qui seront bien en-dessous du reste, avec en prime des paroles d’un ennui grandissant. Nothing to Lose but You est un morceau qui joue tout sur son refrain, qui répète inlassablement le titre, et se veut touchant. Un morceau de « beau gosse » malheureux, qui a besoin de faire des chansons d’amour. Cela se retrouve avec le très mou Me Against You qui ne décollera jamais (alors que le début est prometteur). Mais on an atteint l’apothéose de la jolie fleur avec Love me or Leave me. Entre une voix transformée pour faire croire qu’elle vient de loin et une absence totale d’effort instrumental, on se retrouve avec un truc lénifiant au possible. Ce milieu d’album est une vraie tristesse.

Par la suite, les choses vont s’arranger un petit peu, notamment avec Strange Days et sa belle ligne de basse assez lourde. Rien de bien mirobolant pour autant, avec trop de place aux petits arrangements électro, surtout sur la voix, qui ne semble jamais naturelle. C’est dommage car le refrain montre les capacités « métal » du groupe, qui préfère la facilité. Villain I’m Not aurait pu sauver le truc, avec sa rapidité d’exécution, mais ça ne marche qu’à moitié, une fois que l’on va se rendre compte que ça ne décolle jamais vraiment. Chasing the First Time sauve les meubles, mais la répétition des mots dans le refrain montre la faiblesse d’écriture. Quant à The New Real ou The Abyss, on reste dans un truc sympathique, mais qui manque d’originalité et de volonté de bousculer les codes. Mais cela va certainement plaire aux fans du groupe.

Au final, Outsider, le sixième album de Three Days Grace, est un skeud qui peut paraître sympathique, mais il ne faut pas s’attendre à de grandes chansons, ni même à des moments un peu risqués. Les canadiens restent dans leur zone de confort, proposent des morceaux taillés pour la radio, que ce soit dans les structures ou les paroles, et globalement, on fait face à un album lisse et sans aucune surprise. Bref, si les amateurs apprécieront, les autres pourront passer leur tour et écouter des choses plus incisives.

  • Right Left Wrong
  • The Mountain
  • I am an Outsider
  • Infra-Red
  • Nothing to Lose but You
  • Me Against You
  • Love me or Leave me
  • Strange Days
  • Villain I’m Not
  • Chasing the First Time
  • The New Real
  • The Abyss

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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