Avis :
Rares sont les groupes qui arrivent à tenir plus de vingt ans avec le même line-up. Il est très fréquent que des membres aillent voir ailleurs si l’herbe est plus verte ailleurs, afin de gagner en expérience, et parfois en joie de vivre. Mais cela ne semble pas être le cas pour les espagnols de chez Angelus Apatrida, qui depuis leur début continuent leur petit bonhomme de chemin ensemble, dans un Thrash métal tout ce qu’il y a de plus galvanisant. Et on sent vraiment que le quatuor se régale, tant leur musique respire, bien évidemment, une sorte de violence contenue, mais aussi une envie commune de faire bouger les foules et de proposer une musique qui pourrait presque se voir comme joviale. Si cela se ressent vraiment dans leur dernier album éponyme, leur précédent, Cabaret de la Guillotine (quel joli titre) fait un peu plus sérieux.
Mais est-ce qu’être sérieux veut automatiquement dire que l’on s’éclate moins ensemble ? Ça ne semble pas être le cas ici, puisqu’à travers dix titres de presque une heure, on entend toutes les références du groupe, mais aussi, et surtout, une technique irréprochable et des compositions complexes. L’album débute avec Sharpen the Guillotine, et dès le départ, le groupe sort l’artillerie lourde. Si on retrouve des allocutions au Thrash métal, notamment dans son démarrage et le premier couplet, le groupe va vite s’en détacher un peu avec le refrain et quelques fulgurances techniques qui font écho à du… Trivium. Et la comparaison est flatteuse, tant le groupe de Matt Heafy est fort. De plus, les espagnols arrivent à trouver une vraie identité, ce qui fait que l’on n’a pas l’impression d’être dans une redite. La preuve avec Betrayed qui fera plus appel à du Megadeth en version jeune vocalement.
Angelus Apatrida ne nous laisse pas une minute de répit et nous assène de gros titres qui nous donnent immédiatement envie de se claquer la nuque. Ministry of God sera du même acabit, sauf qu’il ira un peu plus loin dans la violence, notamment avec une double-pédale qui ne va faire qu’appuyer des couplets rapides et virulents. Il est juste dommage que le refrain soit peut-être un peu marqué que le reste. Mais The Hum viendra réparer cela sans problème, avec une simple phrase qui va rentrer de suite dans la tête. C’est puissant, technique, et pour le coup, méga efficace. Même les modulations vocales sont présentes, avec du chant plus grave, plus crié et du clair. Bref, un morceau lourd. Downfall of the Nation va aller plus loin dans les uppercuts, avec des riffs saturés de dingue, qui permettent alors à la mélodie de prendre plus d’ampleur.
Avec One of Us, le groupe va offrir le titre le plus court de l’album, dépassant à peine les trois minutes. Ici, les ibériques décident de faire simple et efficace, allant droit au but et ne cédant jamais à une quelconque baisse de cadence. On pourra y retrouver un aspect punk hardcore qui n’est pas pour nous déplaire. Mais derrière, avec The Die is Cast, la formation renoue avec une longue compo puissante et techniquement impressionnante. Entre les couplets qui sont plus criés et le refrain en chant clair sublime, on fait face à un morceau qui est tout aussi superbe que le premier titre de l’album. Même si on peut y voir des points communs avec Trivium, surtout dans le refrain, ça reste d’une qualité surprenante. Avec The Witching Hour, on restera un peu en dedans, mais c’est à cause d’une rythmique plus douce.
Alors certes, cela permet à la basse de mieux s’exprimer, surtout en introduction, mais il manque un tout petit truc au titre pour devenir un excellent titre. En l’état, c’est très bien fichu et relativement cool, mais la chanson marque moins que les autres titres de l’album. Mais c’est en abordant Farewell que l’on restera le plus surpris. En effet, le groupe offre une sorte de ballade, ou tout du moins un morceau plus touchant, qui joue plus avec les sentiments. La réussite est au rendez-vous, montrant alors toutes les capacités dingues que possède Angelus Apatrida. Enfin, Martyrs of Chicago conclura de la plus belle des façons cet album, en renouant avec un Thrash puissant et inspiré, qui frappe à chaque riff. Un morceau qui donne une irrémédiablement envie de retourner encore une fois dans cette galette pleine et dense.
Au final, Cabaret de la Guillotine, le sixième album d’Angelus Apatrida, est une belle réussite qui confirme tout le bien que l’on pense de ce groupe, qui offre à chaque fois des albums de qualité. Il est d’ailleurs très étonnant de voir que la formation espagnole n’ait pas plus de succès à l’internationale, tant ils sont bons et peuvent facilement s’expatrier aux States. Bref, tous les amateurs de Thrash doivent y trouver leur compte, et même les amateurs de Métal tout court. En tous les cas, nous, on a beaucoup aimé.
- Sharpen the Guillotine
- Betrayed
- Ministry of God
- The Hum
- Downfall of the Nation
- One of Us
- The Die is Cast
- Witching Hour
- Farewell
- Martyrs of Chicago
Note : 18/20
Par AqME