mars 29, 2024

Soulspell – The Second Big Bang

Avis :

Quand on évoque le Métal Symphonique, ou même le Métal Opera, on pense immédiatement aux pays scandinaves. Il faut dire qu’avec des groupes tels que Nightwish ou Sirenia, on a été servi en chanteuses lyriques. Cependant, ce sous-genre ne connait pas de frontières et certains groupes connus viennent d’autres pays comme les Etats-Unis, l’Espagne ou encore la France. Si le Brésil est aussi une terre de Métal, à l’image de Sepultura, on est plus habitué à des rythmiques tribales et des chants gutturaux, pas forcément à des chanteuses à voix. C’est pourtant le pari de Soulspell, groupe brésilien fondé en 2004 à Sao Paulo. Le groupe sort rapidement trois albums presque coup sur coup entre 2008 et 2012, puis reste cinq ans sans rien offrir, si ce n’est des singles, qui paraitront enfin dans leur quatrième album, The Second Big Bang. Mais qu’est-ce que ça vaut ?

S’il y a bien un gros problème avec le Métal Opéra (ou Symphonique, choisissez votre préférence) c’est qu’il a tendance à mettre de gros sabots dans les orchestrations et à pousser les curseurs du mauvais goût parfois à son paroxysme. Le surjeu est souvent de la partie et seul une poignée de groupes arrive à se défaire de cette grandiloquence parasitaire. Est-ce le cas de Soulspell ? Pas vraiment. Et cela se ressent dès le premier titre (après une introduction dispensable), éponyme de l’album. Si la rythmique est cool et que musicalement, les musicos sont solides, le chant laisse clairement à désirer. La voix masculine peine à marquer et on se retrouve avec un mélange pas forcément agréable. En plus d’avoir un titre qui manque de d’impact et ferveur. Le solo est bon, mais il est perdu dans un titre qui n’imprègne pas.

Et que dire de The End You’ll Only Know at the End et son introduction pâteuse qui ne donne aucunement envie d’aller plus loin. Alors certes, le titre se réveille quand le chanteur pousse un peu plus, mais on remarque vite ses limites. Les aigus ne sont pas maîtrisés et on sent qu’il force sur certaines notes. Heureusement que les grattes rattrapent tout ce bordel pour offrir quelques moments aériens. Certains titres seront du même acabit, comme par exemple Dungeons and Dragons (oui, quand on écoute du Métal Sympho, on fait forcément du jeu de rôle), qui se veut percutant et rapide, mais qui se perd dans des couplets ringards. On peut aussi citer Father and Son qui semble sortir des années 80 avec son clavier tout pourri en introduction, ou encore sa ligne de basse qui marque un rythme délétère. Tout cela manque vraiment d’innovation.

Et on pourrait presque aller plus loin. En fait, il y a plusieurs chants dans le groupe, et le féminin est le plus joli et celui qui tient le plus la route. On la retrouve sur le titre précédemment citer, mais aussi sur d’autres morceaux comme Game of Hours par exemple. Cependant, elle est utilisée à mauvais escient. Elle est là pour adoucir un propos qui n’a pas lieu de l’être et bien souvent, l’ensemble manque de percussion. Le groupe se permet alors une ballade doucereuse décevante et sans moment vraiment marquant. Pire, la chanteuse usera de trémolos pour terminer certains titres, comme Sound of Rain (qui dépasse les neuf minutes), et c’est tout bonnement insupportable. On nage en plein délire pseudo Soul qui en fait des caisses et c’est à côté de la plaque.

Pour autant, l’album en lui-même n’est pas détestable. En vrai, il reste moyen, ne marque pas et manque d’identité, mais on passe un moment relativement sympathique à l’écouter. Certains titres s’échappent un peu du reste, à l’instar de Horus’s Eye, qui tape fort et se veut relativement rapide, ou encore Super Black Hole et ses élans Power qui vont faire toute la différence. Alors oui, on reste dans un schéma très connu et pas forcément novateur, mais ces morceaux sont plutôt bien foutus et démontrent tout le talent des musiciens. Il manque à Soulspell un soupçon de production en plus. On sent qu’il n’y a pas tous les moyens des grands groupes de ce style et la formation se chercher encore pour proposer quelque chose de plus dense, de plus cohérent, et surtout de plus recherché.

Au final, The Second Big Bang, le dernier album en date de Soulspell (qui date tout de même de 2017) est un effort qui n’est pas désagréable. Certes, il possède de nombreuses faiblesses et manque d’une identité qui permettrait au groupe de se démarquer de la concurrence, mais en l’état, on fait face à un album sympathique, qui se laisse écouter et qui possède même quelques jolis moments. Les amateurs apprécieront sans doute, même si ça reste très (trop ?) calibré.

  • Time to Set you Free
  • The Second Big Bang
  • The End You’ll Only Know at the End
  • Dungeons and Dragons
  • Horus’s Eye
  • Father and Son
  • White Lion of Goldah
  • Game of Hours
  • Super Black Hole
  • Sound of Rain
  • Soulspell (Apocalypse Version)
  • Alexandria (Apocalypse Version)

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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