avril 24, 2024

Pyrale

De : Roxanne Gaucherand

Avec André Gaucherand, Mélanie Bernadet, Flavie Pons, Léo Grunding

Année : 2020

Pays : France

Genre : Drame, Documentaire

Résumé :

Au cœur de l’été, la Pyrale du buis, un papillon asiatique introduit accidentellement en France, s’empare de la Drôme provençale et pousse les habitant.e.s à improviser des systèmes de défense pour lutter contre l’invasion et la dévastation. Dans ce climat apocalyptique, Lou, 18 ans, découvre ses sentiments pour son amie d’enfance, Sam.  

Avis :

Française née en 1991, Roxanne Gaucherand fait ses études de cinéma l’INSAS de Bruxelles. Diplômée, elle revient en France et se lance en tant qu’assistante metteur en scène sur quelques courts-métrages, avant d’enchaîner de plus gros projets, comme « Kursk » de Vinterberg, ou sur des séries télés comme « Les Misérables » ou « La guerre des mondes« . En parallèle de cela, Roxanne Gaucherand commence à réaliser dès 2013 avec un premier court, « Perruche« , suivi deux ans plus tard de « Les incapables« , un autre court.

Continuant à se faire la main, Roxanne Gaucherand passe donc cette fois au moyen-métrage. Présenté au Festival Chéries-Chéris, « Pyrale » est une œuvre très singulière. Une œuvre qui oscille entre la fiction et le documentaire. Étrange, entre réel et fantastique, si la démarche de la jeune réalisatrice est très intéressante dans son idée et laisse paraître une cinéaste qui a résolument envie de sortir des sentiers battus, « Pyrale » n’arrivera malheureusement pas à convaincre. Malgré un nombre conséquent de qualités, le film de Roxanne Gaucherand a bien du mal à fonctionner et au final, à force de mélanger des genres et des intrigues, on se demande ce que la jeune réalisatrice a voulu nous raconter.

Au cœur de la Drôme, Lou a dix-huit ans et se découvre des sentiments pour sa meilleure amie Sam. Les deux jeunes femmes qui ont une belle complicité, voient à cette période-là leur environnement changer. Il y a quelques années de cela, introduit par accident en France, la pyrale du Buis, un papillon venu d’Asie, se reproduit aujourd’hui en très grand nombre et fait des ravages dans la région, qu’il colonise. Alors que Lou se laisse envahir part des sentiments nouveaux, la Drôme, elle, se laisse envahir par le lépidoptère.

Prenant un fait réel, l’introduction par erreur au cours des années 2000 du papillon la Pyrale du buis, Roxanne Gaucherand livre un premier moyen métrage assez étrange. Un film qui est très intéressant notamment dans sa démarche et son envie de cinéma, qui mélangerait habilement images d’archive, documentaire et fiction, autour de la découverte de soi.

« Pyrale » est un film qui a bien des qualités, et la première chose qui vient en tête, c’est son montage qui résonne comme véridique. Il y a quelque chose de réel et voire même d’oppressant qui s’échappe de ce film. Assurément, Roxanne Gaucherand tient une vision intéressante de ce que doit être une œuvre de cinéma. Ainsi, du côté technique, on ne peut trop rien lui reprocher tant le film tient son idée et plus largement dans cette histoire, à force de parfaitement entremêler le vrai du faux et le faux du vrai, on finit par génialement ne plus savoir ce qui peut relever de la fiction et de la réalité. D’ailleurs, pour le coup, cette introduction et cette invasion de papillons sont une découverte pour ma part et ne sachant pas cela, j’ai été fasciné par les images qui sont presque terrifiantes pour le coup.

Mais voilà, si le mélange des genres du point de vue technique est terrible et fonctionne parfaitement au sein du film, du point de vue de l’intrigue, c’est plus compliqué et c’est là que « Pyrale » va nous perdre, car en fin de compte, on ne sait pas vraiment de quoi la jeune réalisatrice veut nous parler à travers cette histoire d’amour naissante. Certes, la métaphore entre les papillons qui envahissent la France et les sentiments qui envahissent la jeune femme, provocant des changements imprévus dans un cas comme dans l’autre, est assez évidente, mais sur l’ensemble de l’œuvre, ce n’est pas si clair que cela, car la réalisatrice n’arrive pas vraiment à parler d’un sujet ou de l’autre. Il y a quelque chose qui résonne comme faux dans ce mélange, car on sent bien que la cinéaste veut parler de son histoire naissante, mais elle n’y consacre pas plus de temps que cela, alors que dans un autre sens, elle consacre beaucoup de temps à cette invasion de papillons, qui est racontée en voix off par son personnage principal. Et donc, entre le trop peu, le trop-plein et les intentions, on s’y perd, et malgré un côté intéressant sur l’ensemble, « Pyrale » n’arrive pas à nous prendre, nous entraîner, nous passionner et finalement nous convaincre, ce qui est dommage.

Ainsi donc, ce moyen-métrage de Roxanne Gaucherand se pose comme une déception. Une déception qui est intéressante sur bien des points, et surtout qui nous présente une jeune metteuse en scène qui tient un regard différent. « Pyrale » est un film qui a donc ses défauts et ses qualités, et l’un dans l’autre, on espère que Roxanne Gaucherand continuera de se faire la main, car la démarche est intéressante et avec plus de précision, ça aurait pu vraiment donner un film aussi beau et touchant qu’angoissant.

Note : 08/20

Par Cinéted

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