décembre 9, 2024

Eerie

De : Mikhail Red

Avec Bea Alonzo, Charo Santos-Concio, Jake Cuenca, Maxene Magalona

Année : 2018

Pays : Philippines, Singapour

Genre : Horreur

Résumé :

Quand le suicide d’une élève secoue une école de filles catholique, une conseillère d’orientation médium compte sur un fantôme pour dévoiler l’horrible secret des lieux.

Avis :

Netflix est une plateforme intéressante en ce qui concerne les séries. Là-dessus, il n’y a pas de doute, et c’est d’ailleurs avec des programmes comme Stranger Things, les séries Marvel ou encore plus récemment La Casa de Papel que Netflix a connu le plus grand nombre d’abonnés. Néanmoins, il ne faut pas oublier que Netflix, c’est aussi des films, et une chance pour certains grands réalisateurs d’y trouver une certaine liberté. Malheureusement, on l’a vu avec les frères Coen, mais aussi avec d’autres cinéastes aussi connus, la liberté n’est pas forcément un gage de qualité. Et côté production de longs-métrages, Netflix, c’est un peu la douche froide. Les bons films se comptent sur les doigts d’une main et si la plateforme vit sur ses séries, ce n’est pas forcément le cas avec ses films. Mais malgré la faible qualité des métrages, Netflix possède un point fort, celui de faire découvrir des films venant d’autres pays, comme les Philippines ou encore Singapour. En ce sens, on peut y trouver des films singuliers, loin des conventions habituelles, et cela peut créer des surprises, bonnes ou mauvaises. C’est ce que l’on espérait avec Eerie, coproduction philippine et singapourienne, mais encore une fois, c’est un coup d’épée dans l’eau.

Eerie est un film d’horreur dans un couvent avec pour antagoniste un fantôme revanchard. Difficile de ne pas y voir des accointances avec les fantômes asiatiques à la Ring ou Ju-On, et pourtant, on part dans quelque chose d’autres, histoire de brouiller les pistes. Plus qu’un couvent, c’est carrément un campus de jeunes filles qui est sous l’égide de sœurs plutôt rigides. Un suicide a provoqué un certain émoi dans l’établissement et une conseillère d’orientation va commencer à ressentir et voir des choses. Elle va alors découvrir le secret de cette histoire et ouvrir une boîte de Pandore. Grossièrement, le pitch est assez simple et ne doit pas perdre le spectateur. Pourtant, c’est exactement ce qu’il va se passer. Le film va multiplier les personnages pour tenter d’épaissir une intrigue faiblarde. Un suicide, un fantôme, des gamines tentent de se suicider à leur tour et les bonnes sœurs semblent s’en battre légèrement les mamelles. Malheureusement, Mikhail Red, dont c’est le troisième film, s’emmêle les pinceaux pour perdre le spectateur. Le premier défaut de ce métrage, c’est de ne pas poser de cadre autour des personnages. L’uniforme, la coiffure, la carrure, toutes les filles se ressemblent dans le métrage tant et si bien qu’on ne sait plus qui est qui au bout d’un quart d’heure. On ne saura d’ailleurs pas qui est le fantôme, qui est celle qui n’est pas fantôme et c’est au gré des apparitions qu’il faudra se faire une idée.

Une idée qui perd progressivement en intensité car en plus d’un cadre manquant et de personnages un peu marquants, le film ne crée aucune empathie entre le spectateur les personnages. La conseillère d’orientation est plutôt bienveillante, mais elle fourre son nez dans des affaires ésotériques bien trop facilement. On pourrait même croire qu’elle est médium à ses heures perdues, information que l’on ne nous dit pas. D’autant plus qu’elle ne possède aucun background et que finalement, cette héroïne parait bien plate. Il en va de même pour les bonnes sœurs, dont deux semblent être jouées par la même actrice tant la ressemblance est frappante et du coup, on a du mal à identifier qui est qui. Les soupçons pèseront sur l’un d’elles, mais cela sera vite écarté. Mais le pompon revient aux élèves, des jeunes filles en uniforme avec des cheveux longs et noirs. Là aussi, les backgrounds sont absents, les relations entre copines sont superflues et on n’attachera que peu d’importance à la présence de ce fantôme revanchard. D’ailleurs, le twist final sera du plus mauvais goût, détruisant toute l’enquête menée au préalable pour aboutir à quelque chose de simple, basique et finalement sans intérêt.

Comme d’habitude avec ce genre de cinéma, les acteurs sont constamment en surjeu. Certaines réactions laissent à désirer, comme les petits rires malsains du fantôme ou encore une surenchère de gestes lorsqu’il faut avoir peur. Cela nous fait décrocher du film et déjà que l’intrigue est poussive, c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La seule chose à laquelle on peut se raccrocher dans ce film, c’est son ambiance. En effet, Mikhail Red peaufine l’atmosphère pesante de ce campus, et cela dès le début avec des ralentis sur des phases sportives et méditatives qui pourraient presque prendre des allures de torture avec ses sœurs armées de bâton. On notera aussi des références assez mal digérées mais qui sont bien présentes, comme à The Conjuring, lorsque la conseillère d’orientation s’éclaire avec une allumette et qu’on la voit de face, s’attendant à une apparition derrière elle. Fort heureusement, le réalisateur a le bon goût de ne pas copier James Wan et d’essayer autre chose, qui ne fonctionne pas forcément, mais qui fait son petit effet. Si on occulte les moments kitsch à souhait de la caméra frontale sur la fantôme qui ricane à la fin du film, la mise en scène de Eerie tient plutôt la route et ne manque pas d’élégance sur certains plans. C’est juste surfait et sans réelle emprise sur l’intrigue, et ça c’est dommage.

Au final, Eerie est un film d’horreur loupé qui se veut tordu pour un résultat médiocre. Si l’on peut se raccrocher à une mise en scène assez agréable, tout le reste est à jeter à la poubelle. L’intrigue est complexe pour rien et n’apporte aucune nouveauté. Les acteurs sont en roue libre et leurs personnages ne sont pas du tout attachants. Les effets de peur sont éculés, se basant bien trop sur le jumpscare pour susciter un intérêt nouveau. Bref, Netflix se trompe encore une fois dans ses choix de films d’horreur asiatiques et il semblerait que seul May the Devil Take You tienne un tant soit peu la route.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.