
Titre Original : Cartels
De : Keoni Waxman
Avec Steven Seagal, Luke Goss, Georges St Pierre, Darren E. Scott
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
L’U.S. Marshal Jensen est affecté à l’unité chargée du transport de prisonniers. La nouvelle mission de son équipe, rendre service à la brigade antidrogue – la DEA – et rapatrier le corps de Joseph « El Tiburon » Salazar, chef du puissant cartel de trafiquants de drogue Bratski Krug, le Cercle des Frères. La mission de Jensen : protéger Salazar à tout prix.
Avis :
La carrière cinématographique de Steven Seagal s’est progressivement orientée vers les DTV de (très) mauvaises factures. À partir des années 2010, il a amorcé un nouveau virage dans son parcours à la médiocrité intrinsèque. Après une pathétique incursion dans le domaine de la série, il enchaîne les productions censément nerveuses, en collaboration avec d’autres « figures » de ce type de DTV bon marché. On songe, entre autres, à Steve Austin pour Maximum Conviction, Victor Webster pour A Good Man, sans oublier Ving Rhames pour Force of Execution. Autant d’exemples représentatifs de la piètre contribution et du désintérêt de l’acteur à l’encontre du cinéma.

Avec Killing Salazar, énième réalisation sous la direction de Keoni Waxman, Steven Seagal s’ingère dans un scénario qui se croit malin tout en considérant le spectateur pour un benêt. L’idée initiale est de confronter le public à une sombre affaire de prise d’otages qui aurait dérapé. Sous couvert de flashbacks récurrents, on nous dépeint ainsi les évènements sous le point de vue d’un des rares survivants. En de telles circonstances, le procédé a pour effet d’entrecouper le rythme d’intermèdes stériles et passablement agaçants pour commenter un instant particulier, une réaction inappropriée. Au fil de l’intrigue, les raccourcis temporels et les explications vaseuses demeurent discutables à plus d’un titre.
« Steven Seagal se cantonne à rester assis sur sa chaise préférée »
Ces passages sont aussi l’occasion de trouver un nouveau rôle à la démesure de l’acteur « principal ». À l’image de Sniper Special Ops ou Pokers, Steven Seagal se cantonne à rester assis sur sa chaise préférée, engoncée dans son éternel manteau en cuir. Il débite ses dialogues avec une rare indifférence, tandis que ses incursions où il doit se montrer un peu plus énergique s’amalgament lors du dénouement. D’ailleurs, elles se résument à des passages mal cadrés pour mieux dissimuler la présence de sa doublure… Au-delà d’une implication sporadique, il se contente de cachetonner sans éprouver le moindre enthousiasme pour satisfaire les amateurs.
Du reste, le déroulé des évènements suit une progression linéaire, invraisemblable, tout en demeurant hautement prévisible. Bien que les scénaristes tentent de brouiller les pistes quant aux intentions respectives de chaque intervenant, on ne retient qu’un traitement grossier et manichéen qui use des clichés du genre. Les plus flagrants sont le flic ripou et le criminel en quête de repentir. Les motivations des antagonistes sont absurdes, tandis que les retournements de situation avancés sont aussi pathétiques que maladroits. Et il ne faut pas compter sur le twist final pour inverser la donne ou atténuer cette impression de déjà-vu affublée d’une bonne dose de complaisance.
« Le véritable handicap du film tient à sa réalisation. »
Pour ce qui est des séquences d’action, elles sont régulières si l’on excepte les bévues pataudes de Steven Seagal. Le problème n’est pas l’ennui ou la constance de ces incursions indispensables à pareille bobine. Le véritable handicap du film tient à sa réalisation. Sans doute nostalgique de Piège de cristal, Keoni Waxman est incapable d’exploiter correctement l’environnement de l’hôtel. Cela se vérifie avec des fusillades où les antagonistes se protègent à l’aide d’une table non renversée ou lorsque les forces spéciales lancent un assaut par l’entrée principale. Ajoutons à cela un cadrage approximatif qui achève le semblant de chorégraphie des combats et des gerbes de pixels en guise d’hémoglobine pour les blessés par balle.

Au final, Killing Salazar confirme une fois de plus la propension de Steven Seagal à choisir des films faciles et sans risque, lui garantissant une rentrée d’argent rapide. Il n’y a qu’à voir sa présence fatiguée sur sa chaise et le peu d’allant qu’il exprime pour s’en convaincre. Le scénario est d’une stupidité effarante, tandis que la construction narrative se trouve totalement hors contexte. Si l’action est au rendez-vous et ne laisse poindre l’ennui, la mise en scène achève toute velléité d’apprécier correctement un règlement de compte à mains nues ou une fusillade digne de ce nom. Même le capital sympathie qu’on éprouve envers Luke Goss ne suffit pas à rattraper le caractère caricatural et vain d’une telle débandade cinématographique.
Note : 06/20
Par Dante