avril 26, 2024

Frankenstein

De : Bernard Rose

Avec Xavier Samuel, Carie-Anne Moss, Danny Huston, Tony Todd

Année : 2015

Pays : Etats-Unis, Allemagne

Genre : Horreur

Résumé :

Lorsque le Monstre se réveille dans un laboratoire scientifique, il ne sait pas qui il est : c’est encore un enfant dans un corps d’adulte. Il est innocent, mais la violence qu’on lui inflige lors de tests médicaux va lui faire découvrir l’existence d’un monde étrange, sombre et cruel. Blessé et livré à lui-même, il sillonne la ville, suscitant la crainte et l’effroi chez ses habitants.

Avis :

La littérature fantastique classique a toujours fasciné le monde et les cinéastes. Que ce soit Dracula ou encore Frankenstein, on ne compte plus le nombre d’adaptations cinématographiques depuis les fondements du septième art. On pensait avoir fait le tour avec le monstre de Frankenstein, la célèbre créature de Mary Shelley, que ce soit avec les fabuleux films de James Whale durant les années 30 ou encore avec la version plus récente de Kenneth Branagh. Il faut croire que l’on s’est lourdement trompé, puisque Bernard Rose, réalisateur talentueux de Candyman et de Paperhouse, décide de reprendre le mythe à bras le corps et de détourner l’œuvre en plaçant le monstre au centre de l’histoire et en lui collant un contexte social contemporain. Il en ressort un film touchant, pas dénué de défauts, mais qui va au bout de son concept et n’hésite pas à bousculer le spectateur.

Le film commence brutalement par une voix off, celle du monstre de Frankenstein, puis avec son éveil. Etre parfait et admiré par ses deux créateurs, le film va montrer les premiers pas de ce bébé adulte et sa perfection esthétique. On trouvera tous les actes d’un nouveau-né, du réflexe de succion à la nécessité d’une mère, et déjà, dès le départ, on sent une certaine gêne à voir un adulte se comporter ainsi. Non pas que c’est glauque, mais c’est dérangeant, notamment parce que cet être est parfait d’un point de vue physique. Sauf qu’un premier changement va intervenir. Le corps pourrit très vite, la chair fait des pustules, l’expérience est un échec et les deux scientifiques décident de se débarrasser du corps. Sauf que la créature, malgré son apparence humaine, détient la force de dix hommes et va vite s’échapper, en n’oubliant pas de tuer deux personnes au passage.

A partir de là, le film va devenir un road trip sanglant, mais surtout terriblement dramatique pour la créature qui se fera appeler Le Monstre. Son corps va continuer à se dégrader et les gens vont rapidement le juger sur son physique. Montrer du doigt, battu, moquer, Bernard Rose pose un regard très inquisiteur sur la société actuelle, qui ne pense qu’au paraître et c’est avec une certaine justesse qu’il va traiter de ce problème, la beauté. Si on regarde le parcours chaotique de ce pauvre homme, on va se rendre compte que seuls trois personnages ne le jugent pas sur son apparence, un chien, une enfant et un aveugle. Le premier étant un animal, on voit que le chien ne juge pas sur l’apparence, mais sur la délicatesse du monstre et sur son amour. Un concept qui visiblement échappe à l’homme, notamment lorsque celui que l’on appelle le monstre va essayer de faire l’amour à une prostituée. L’enfant quant à elle, est d’abord méfiante, mais son innocence fait passer le physique ingrat du monstre au second plan, la jeune fille préférant trouver un compagnon de jeu. Une innocence qui disparait lorsque l’on grandit, où la confiance se transforme en méfiance. Enfin, l’aveugle, celui qui ne voit pas, lui aussi marginal de la société, et qui ne peut pas juger par l’apparence, voyant plutôt avec le cœur.

On se rend bien compte, à travers ces trois rencontres importantes dans l’étape de vie du monstre, que chacun apporte un sentiment important, une sensation humaine, à savoir l’amour, l’innocence et la compassion. Trois concepts qui devraient réunir les humains mais auxquels on préfère la moquerie, la méfiance et la vengeance. Ce n’est pas anodin si tous ses personnages vont connaître des sorts plus ou moins funestes et que la psychologie du monstre va aller de mal en pis. La voix off explique parfaitement le ressenti du personnage et on ne peut qu’être touché par ce destin d’une créature brisée par la société. Une créature qui n’a pas eu le temps d’apprendre la vie, et qui doit se construire toute seule, sans personne pour l’aider à cause de son apparence. Avec ce film, Bernard Rose pose non seulement un regard critique sur la société actuelle, trop factice, trop superficielle, mais aussi sur la nature humaine et nous interroge sur ce qui fait de nous des humains.

Le film n’est par contre pas exempt de défauts. En premier lieu, la réalisation est assez bancale par moments. On sent que le budget a été serré et certains plans flirtent avec le film indépendant, notamment lors des courses ou certains effets spéciaux gores, comme au début, lorsque la créature touche le cerveau d’un homme. Ensuite, le rythme est assez lent et même si on ne s’ennuie pas un seul instant, il y a quelques passages à vide dans le film. Enfin, on peut trouver quelques incohérences au niveau du scénario, et notamment sur le fait de laisser ce pauvre personnage errer comme ça, en toute liberté malgré les crimes qu’il a commis. Ce n’est pas comme s’il passait inaperçu avec son physique ingrat. Cependant, ces quelques défauts passent en second plan, tant le film, au niveau du message, est fort et intelligemment amené.

Au final, Frankenstein vu par Bernard Rose est une belle réussite. Un film qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui renoue avec les fondamentaux du film de monstre, c’est-à-dire interroger sur la nature même de l’homme et remettre en question notre propre humanité. Il en résulte donc un film brillant, pas dénué de défauts, mais qui se veut plus intelligent que la moyenne et qui y parvient en étant fidèle à l’œuvre d’origine (on retrouve les principaux évènements du livre), tout en la modernisant et en y incluant des passages gores réussis.

Note : 16/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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