Titre Original : Earth Vs. The Flying Saucers
De : Fred F. Sears
Avec John Zaremba, Larry J. Blake, Morris Ankrum, Grandon Rhodes
Année : 1956
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Résumé :
Tandis que l’apparition de soucoupes volantes se multiplient dans le ciel terrestre, Russell Marvin, éminent scientifique capte le message de l’une d’elles. Il indique l’invasion imminente de la Terre. Russell dispose alors de très peu de temps pour prévenir ses supérieurs et trouver une solution afin de percer l’apparente invulnérabilité des OVNI.
Avis :
Au regard de son héritage cinématographique, la science-fiction des années 1950 se symbolise essentiellement par les invasions extraterrestres. À l’époque, ce sujet permet de cristalliser les peurs intestines de la société occidentale (et surtout américaine) face à la tournure de la Guerre froide. Sans sombrer dans le cinéma de propagande, on distingue toutefois des tendances idéologiques et patriotiques plus ou moins évidentes au fil des productions. Dans ces circonstances, l’occasion d’adapter des classiques du genre est à la fois tentante et opportune. L’exemple le plus flagrant n’est autre que La Guerre des mondes. Dans le même intervalle de temps, Le Jour où la Terre s’arrêta s’est aussi insinué dans des strates ufologiques.
Avec Les Soucoupes volantes attaquent, on officie donc en terrain familier. À l’image de ses ambitions, son histoire semble être une synthèse des deux références précitées. On y retrouve le catastrophisme inhérent à la thématique principale, tout en interpellant le spectateur sur la potentialité d’une vie extraterrestre, a fortiori intelligente et non primitive. Pour autant, ce n’est pas son existence qui fait débat dans le présent métrage. Malgré un scepticisme initial peu crédible, tout l’intérêt de la première partie est d’entretenir le doute quant aux véritables intentions de ces visiteurs. Ainsi, les tentatives de contact viennent contredire des actes de destruction, même si les premières ripostes peuvent s’assimiler à de la légitime défense.
« Le caractère ethnocentriste du scénario demeure évident. »
Cet aspect est intéressant à appréhender, car il densifie les enjeux et apporte une note d’imprévisibilité à l’intrigue. En effet, celle-ci reste assez attendue dans ses tenants, comme dans ses aboutissants. On peut même avancer une seconde moitié de métrage qui perd en intérêt lorsqu’on se confronte aux sempiternels conciliabules entre les militaires, les politiciens et les scientifiques. Au-delà de leur caractère sommaire, les discours manquent de répondant et surtout d’arguments. Bien souvent, l’évidence ne permet pas d’obtenir l’assentiment de la majorité. Cependant, un élément impromptu offre de subits revirements d’opinion, à la limite de l’invraisemblable.
En raison du contexte et du sujet, il est également difficile de faire l’impasse sur les allusions sous-jacentes à l’intrigue. Ici, ce n’est pas tant l’identité de l’antagoniste qui prévaut ou de la nation ennemie que l’on cible au travers de la fiction. Non, le propos se focalise sur la capacité des États-Unis à fédérer sa puissance autour d’un ennemi. À voir Le Monstre vient de la mer, précédente collaboration entre Ray Harryhausen et Charles Schneer, ce constat à tendance à se répéter, à lasser. Certes, on ne discerne pas un discours aussi puéril que dans La Guerre des mondes de Byron Haskin. Pour autant, le caractère ethnocentriste du scénario demeure évident. On a beau assister à une menace planétaire, seuls les Américains semblent en mesure d’endiguer le problème.
« Le design des extraterrestres reste douteux. »
Pendant le dernier tiers de l’intrigue, le film délaisse toute réflexion pour fournir un divertissement spectaculaire. En l’occurrence, Ray Harryhausen ne donne pas vie à des créatures fantasmagoriques, mais offre des trucages assez saisissants pour traduire le gigantisme des vaisseaux spatiaux, leur arsenal et leurs moyens de défense. Hormis quelques stocks-shots maladroits, le rendu remplit son office. On peut même apprécier l’intérieur épuré d’un des ovnis, initiative assez rare pour l’époque. En revanche, le design des extraterrestres reste douteux dans le sens où leur scaphandre les assimile à des automates d’une raideur sans nom.
Au final, Les Soucoupes volantes attaquent demeure un film de science-fiction représentatif de sa période de production. On sent un enthousiasme évident et un plaisir coupable à dépeindre les conséquences d’une invasion extraterrestre, même si l’approche sensationnaliste ne survient qu’au terme du métrage. Pour autant, l’œuvre de Fred F. Sears n’échappe pas aux stigmates de la Guerre froide. L’inclination à encenser les forces américaines envers et contre tout est ostensible, parfois au détriment du bon sens. On distingue donc de nombreuses maladresses sur le fond, sans compter sur un scénario qui préfère sombrer dans la facilité. Une fois de plus, le travail de Ray Harryhausen sauve l’ensemble, et ce, en dépit de la valeur historique du métrage, de son influence sur les productions des décennies suivantes. Par exemple, Rencontres du troisième type, Mars Attacks ! ou Independence Day.
Note : 12/20
Par Dante
Une réflexion sur « Les Soucoupes Volantes Attaquent – La SF Old School »