De : Roland Emmerich
Avec Will Smith, Bill Pullman, Jeff Goldblum, Mary McDonnell
Année: 1996
Pays: Etats-Unis
Genre: Science-Fiction
Résumé:
Une immense soucoupe volante envahit le ciel terrestre, libérant un nombre infini de plus petites soucoupes qui prennent position au-dessus des plus grandes villes du monde. Un informaticien new-yorkais décrypte les signaux émanant des étranges voyageurs. Ils ne sont pas du tout amicaux et ces extraterrestres se préparent à attaquer la Terre.
Avis :
Quelle est la différence entre le cynisme et le second degré ? C’est une question que l’on peut facilement se poser avec ce film, notamment, mais surtout à cause de deux réalisateurs qui sont jumeaux dans la crétinerie et dans cette volonté de détruire tout ce qui se passe devant leurs caméras. Car Roland Emmerich, aussi bien que Michael Bay, sont deux cinéastes obnubilés par la destruction de masse et les fins de monde sur fond d’invasions extraterrestres. Seulement, entre un patriotisme exacerbé, des raccourcis scénaristiques abêtissant et un humour de bas étage, on ne sait plus sur quel pied danser entre la filmographie des deux plus gros destructeurs du septième art. Pour cela, il faut revenir aux bonnes définitions. Le second degré est une façon détournée de critiquer un système en passant par un humour assez lourd mais qui dénonce finalement beaucoup de choses. L’exemple le plus flagrant pour cela, c’est Mars Attacks ! de Tim Burton. Quant au cynisme, c’est beaucoup plus pervers, car il s‘agit-là d’une moquerie, de faire croire que certaines personnes se comportent comme tel sans jamais prendre de recul par rapport à une vision donnée.
Et Independence Day de 1996, cynisme ou second degré ?
Là aussi, le questionnement est complexe car le film fait l’objet de deux visions, l’une de l’époque où le film est sorti au cinéma, et l’autre d’aujourd’hui, peut-être plus tolérante. Car malgré tout le mal que l’on peut penser de Independence Day, le film continue de faire parler de lui. Navet intersidéral pétri de patriotisme pour certains, honnête blockbuster bourré de second degré pour dénoncer cette suprématie américaine, les avis divergent et Roland Emmerich s’en frotte les mains, car cela lui permet, encore une fois, d’accéder au succès du box-office avec sa suite, Resurgence.
Quand on regarde quelques années en arrière, le film était vendu comme l’invasion ultime avec une promotion très sérieuse. Le choc fut donc terrible pour ceux qui pensaient voir un film sans une once d’humour, car Independence Day possède bien un humour sur tous les niveaux. Entre le père alcoolique qui se trompe de champ, le mec de l’armée qui rentre dans tous les clichés, le président en chute dans les sondages mais qui voit là un moment de gloire à ne pas laisser tomber, le chien qui se sauve in extremis des flammes. Bref, tout est réuni pour que ce film ne soit pas pris au sérieux. C’est d’ailleurs ce qui a valu au film d’être énormément critiqué par la presse à l’époque, car le film ne possède réellement aucun second degré. Si l’humour est présent, c’est simplement pour masquer une difficulté à rendre son film crédible et apeurant.
Car il ne faut pas se leurrer, c’est principalement ce qui manque au film de Roland Emmerich (et quasiment dans tous ses films), un aspect sérieux, un élément dramatique qui fait que l’on sentira de l’empathie pour les personnages et le film. Très clairement, Independence Day est un film binaire qui ne peut pas avoir la prétention d’être second degré. On nage en plein cynisme et en moquerie gratuite d’un système américain qui se croit au-dessus des autres. Et ce n’est pas parce que Roland Emmerich est d’origine allemande qu’il s’en bat les noix du système américain, système qui le nourrit et lui permet de faire des films toujours plus débiles (coucou 2012). Ce cynisme est le principal défaut de ce film qui ne propose que des passages bourrés de patriotisme à la con, avec des discours nauséabonds et un fond qui pue l’opportunisme. Car finalement, quand on jette un œil à la filmographie d’Emmerich (excepté ses deux premiers films), c’est ce qui en ressort le plus souvent, une facilité à produire des films attendus sans jamais y apporter une touche personnelle et prenant clairement le spectateur américain pour un gros débile qui se nourrit exclusivement de burgers bien gras et de pop-corn caramélisé.
Cependant, on peut apporter de la nuance à ce jugement, car aujourd’hui, le réalisateur semble revenir sur ses dires sérieux à propos de ce film. En effet, récemment, le cinéaste avoue s’être amusé avec Independence Day à mettre du second degré pour dénoncer la suprématie américaine. Sauf qu’encore une fois, la résolution du métrage réside dans un acte d’héroïsme, certes d’un alcoolique, mais pas d’une méthode stupide et référentielle à la culture américaine, contrairement à Mars Attacks !, ce qui n’apporte pas du second degré, mais un cynisme conséquent pour se moquer de l’intelligence de l’armée américaine.
Alors que faut-il voir dans Independence Day ? Un simple divertissement crétin et qui titille la rétine sur les effets spéciaux. Parce que finalement, avec Roland Emmerich, il ne faut pas s’attendre à une quelconque réflexion sur quoi que ce soit, le cinéaste en est clairement incapable, contrairement à Michael Bay, qui arrive de temps à autre à apporter de la réflexion dès que les explosions se calment comme sur No Pain No Gain ou 13 Hours. Et même si les années passent pour Independence Day, certains effets spéciaux demeurent tout à fait potables. Les scènes de destruction sont impressionnantes et l’allemand ne sait pas les choses à moitié. On reprochera par contre une surenchère d’effets visuels qui ont souffert par moments, notamment lors de l’explosion où le chien se sauve in extremis. Mais mis à part cela, le film s’en sort encore honorablement aujourd’hui. Reste la mise en scène du début qui flirte avec le téléfilm à cause de mouvements de caméra inadéquats ou d’un déroulement trop téléphoné.
Au final, Independence Day de Roland Emmerich est un film bête et d’un patriotisme exacerbé. Le problème, c’est que cette bêtise n’est pas exploitée pour dénoncer un système, mais elle est présente pour masquer un manque de talent évident dans la dramaturgie et les sentiments de peur. Il est très clair que l’on est plus proche du cynisme que du second degré Fort heureusement, le film est sauvé par des effets spéciaux qui fonctionnent encore un peu aujourd’hui et par un savoir qui tient presque du génie dans la destruction massive et le divertissement crétin. Ainsi, Independence Day tient plus du plaisir coupable que du vrai film critique et intelligent, chose qui va parcourir toute la filmographie de Roland Emmerich.
Note : 10/20
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Par AqME