janvier 17, 2025

Le Procès du Chien – Un Film au Poil

De : Laetitia Dosch

Avec Laetita Dosch, François Damiens, Pierre Deladonchamps, Jean-Pascal Zadi

Année : 2024

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien.

Avis :

Laetitia Dosch est une actrice que j’ai découvert et adoré dans « Gaspard va au mariage » d’Anthony Cordier (d’ailleurs, si vous n’avez pas vu ce film, foncez), et depuis, dès que je la vois dans un film, j’ai tout de suite beaucoup d’affection. Si elle est souvent décriée, car elle a un jeu et un phrasé assez particulier, Laetitia Dosch mène son petit bout de chemin, tournant beaucoup et pour d’excellents metteurs en scène comme Christophe Honoré, Marc Fitoussi, Just Philippot, Thierry Klifa, ou encore les frères Larrieu. Aujourd’hui, avec « Le procès du chien« , la comédienne passe pour la première fois derrière la caméra.

C’est sur les conseils de Lionel Baier, réalisateur des « … grandes ondes (à l’ouest) » qu’elle s’essaie à la réalisation, et elle nous offre un film qui lui ressemble, c’est-à-dire un film décalé, drôle et touchant à la fois. Un film engagé qui soulève tout un tas de questions, d’autant plus qu’il s’inspire d’un fait réel. Puis un film qui n’oublie jamais d’être divertissant, avec même quelques côtés surprenants. Avec cette histoire quelque peu délirante, Laetitia Dosch livre un film intelligent qui questionne le rapport de l’être humain avec les animaux, et derrière ça, la place de l’animal en tant qu’être vivant, et non en tant que bien matériel. L’heure vingt-cinq passée en compagnie de ces personnages, et toute l’absurdité de la situation qui va prendre des proportions invraisemblables, nous fait passer un excellent moment.

«  »Le procès du chien » est une jolie réussite. »

Avril, c’est l’avocate des causes perdues. Avril, c’est une femme qui a un cœur gros comme ça, et elle ne peut résister à l’idée de défendre son prochain, même si son patron lui a demandé d’arrêter de prendre des affaires perdues d’avance. Évidemment, ce n’est pas encore en acceptant de défendre Dariuch, et surtout son chien Cosmos, qu’elle risque de gagner son affaire. Cosmos est accusé d’être un chien méchant ayant mordu trois fois. Alors que tout semblait perdu d’avance, Avril arrive à convaincre un juge de juger Cosmos en tant qu’individu. Ainsi, ce procès qui aurait dû durer l’espace d’une séance, va devenir un grand procès qui va passionner toute la ville…

Moi qui aime beaucoup découvrir des premiers films, je dois bien dire que cette année 2024 est loin d’être avare de ce côté-là, et encore plus du côté des acteurs ou actrices qui se lancent dans l’aventure de la réalisation. Après Veerle Baetens, Dev Patel, Zoé Kravitz, Zar Amir Ebrahimi ou encore Céline Sallette, c’est donc au tour de Laetitia Dosch de nous montrer ce dont elle est capable, et comme je le disais plus haut, « Le procès du chien » est une jolie réussite.

Pourtant, ce « … procès du chien » est un film qui commençait mal, car d’entrée de jeu, malgré l’intérêt que peut susciter son intrigue, la présentation des personnages, et surtout de celui tenu par François Damiens, peut faire craindre le pire, Damiens étant en roue libre et en en faisant des caisses avec un personnage ô combien agaçant. Heureusement pour nous, et pour le film, très vite, l’ensemble se « calme » et surtout, Laetitia Dosch entre très vite dans le vif de son sujet, avec ce procès, et tout ce qu’il va déclencher on ne peut plus ubuesque.

« Laetitia Dosch propose un film plein d’énergie. »

Frais, mordant et plein d’humour, alors même que l’ensemble est tout en réflexion, « Le procès du chien » tient un scénario qui sait se faire étonnant, même s’il n’est pas parfait non plus. Parfois, pour donner de la consistance à ses personnages, et raconter de ce qui se passe en dehors de ce palais de justice, elle s’aventure sur des sentiers qui auraient pu être évités, comme par exemple l’intrigue autour de son petit voisin.

Certes, ça soulève de bons sujets, et ça marque un peu l’altruisme du personnage, mais c’est assez oubliable, et en trop au sein de cette histoire. Alors que dans un autre sens, lorsque la réalisatrice, qui est aussi la comédienne principale de son film, entre en salle d’audience et s’amuse avec la multitude de rebondissements que provoque cette affaire-là, « Le procès du chien » se fait aussi intéressant que drôle. Laetitia Dosch propose un film plein d’énergie qui, derrière sa comédie, explore un sujet sérieux, ou plutôt des sujets sérieux, car plus loin que ce chien mordeur, c’est la société d’aujourd’hui qui est passée au crible.

« L’ensemble est joliment mis en scène. »

Certes, il y a le sujet de l’animal et de sa place dans la société, abordant son « statut » d’être vivant et doué de sentiments et d’émotions, mais avec « Le procès du chien« , il y a l’exacerbation de la société dont on a l’impression qu’elle est incapable de nuance. Sous l’œil des médias qui couvrent cette affaire, une autre bataille se joue, une bataille de l’image, qui emporte tout et tout le monde, au point que tout dégénère comme s’il fallait être dans un camp ou l’autre et que le dialogue était impossible, et ça, c’est aussi tristement vrai que terrible. Au-delà de ça, voir ce procès tant dégénérer, comme on entend parler tous les jours de fait divers qui eux aussi dégénèrent, ça fait peur, et Laetitia Dosch démontre très bien cet état de fait avec son film.

Pour le reste, l’ensemble est joliment mis en scène, avec son grain de folie, pas mal de second degré, et même de jolis moments en apesanteur qui font basculer ce « … procès du chien » dans quelque chose de plus émotionnel, les instants entre l’avocate et le chien, une rencontre hors du temps entre elle et un maître-chien, ou encore le final loin des conventions habituelles.

Voir ce genre de comédie qui sait être drôle, fraîche et divertissante tout en tenant un propos intelligent, ça fait du bien. Avec cette première réalisation, Laetitia Dosch nous offre un film malin, qui nous fait passer un excellent moment, et même si tout n’était pas parfait, ce « … procès du chien » nous présente une réalisatrice qui a du mordant et un style qui lui ressemble bien, et ça, ça donne très envie de voir une deuxième réalisation.

Note : 14,5/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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