De : Rose Glass
Avec Kristen Stewart, Katy O’Brian, Jena Malone, Anna Baryshnikov
Année : 2024
Pays : Angleterre, Etats-Unis
Genre : Romance, Thriller
Résumé :
Lou, gérante solitaire d’une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence.
Avis :
Le cinéma britannique est l’un des plus prolifiques qui soit, nous offrant chaque année de petites merveilles, que ce soit en termes de films, mais aussi de nouveaux noms. Et dans cette case-là, on s’arrête deux minutes sur Rose Glass, jeune cinéaste d’une trentaine d’années dont « Love Lies Bleeding » est le deuxième long-métrage. Ayant fait des études de cinéma à Londres, Rose Glass se fait remarquer dès son film de fin d’études, « Room 55« , qui tourne pas mal dans des festivals. Avant cela, la réalisatrice n’avait déjà pas perdu de temps, puisqu’elle avait fait quelques courts-métrages et s’était aussi fait la main sur des clips s’aventurant souvent dans un cinéma expérimental. En 2019, elle réalise « Saint Maud » qui ira jusqu’à remporter le plus prestigieux prix du Festival de Gérardmer. Après, le film restera assez confidentiel chez nous, privé de sortie cinéma, et même DVD et Blu-ray.
Et ça, ce ne sera pas le cas de son deuxième film, « Love Lies Bleeding« , qui lui, trouve les chemins des salles de cinéma avec près de deux cent-cinquante écrans qui lui sont consacrés. Pour ce nouveau film, la réalisatrice plonge dans les années 80, dans l’Amérique profonde et le milieu du culturisme, pour une très belle histoire d’amour doublé d’un ovni. Cinéma d’auteur ultra stylisé, tenu par deux actrices superbes et une BO signée Clint Mansell, « Love Lies Bleeding » est de ces films qui vont marquer mon année de cinéma, et ça, ça fait du bien !
« Le scénario, écrit en partie par Rose Glass, rappelle énormément « Thelma et Louise. »
Lou tient une salle de sport quelque part dans un désert pas très loin de Las Vegas. Lou est de celle qu’on appelle des solitaires. Elle n’est jamais sortie de la ville, et elle fréquente très peu de monde. Puis un jour, elle voit arriver dans sa salle Jackie, une culturiste qui s’entraîne pour un concours à Las Vegas. Très vite, une passion enflammée commence entre les deux femmes, et tout aussi vite, malgré elles, s’invite à la fête un déchaînement de violence qui va obscurcir leur avenir.
Ovni qui sort de nulle part, « Love Lies Bleeding » est le très joli coup de cœur de ce mois de Juin. Pour son deuxième film, la Britannique Rose Glass nous offre là un film qui ne rentre dans aucune case. Histoire d’amour, histoire d’émancipation, film à la lisière du cinéma fantastique, histoire de meurtres, film qui parle des années 80 et d’une certaine Amérique dans les années 80, film kitsch, voire même grand-guignolesque et totalement assumé, « Love Lies Bleeding« , c’est tout cela à la fois, et ce qui est fou, c’est que jamais la réalisatrice ne se perd, sachant parfaitement ce qu’elle veut raconter.
Film d’ambiance, « Love Lies Bleeding » nous accroche dès ses premières images, avec cette lumière, son côté poisseux et crado, puis la grande BO de Clint Mansell qui chatouille nos oreilles dès le début. Le scénario, écrit en partie par Rose Glass, rappelle énormément « Thelma et Louise« , tout en s’en détachant en même temps, sachant offrir autre chose. Ici, cette love story va être mise en rude épreuve à cause de tout un tas de rebondissements qui s’inscrivent très bien dans les sujets de notre époque. Ici, on y parle de violence faite aux femmes, de toxicité, d’émancipation et de la fascination des Américains pour les armes (le clin d’œil à « Piège de Cristal » est très drôle). Si l’ensemble, sur le papier, peut apparaître comme lourd, on sera étonné de suivre un film qui ne dépasse jamais une certaine limite, qui pourrait faire basculer le tout dans un grand n’importe quoi.
« Rose Glass est pleine d’envie de cinéma. »
La preuve étant le final, aussi burlesque, métaphorique, que très touchant et finalement très beau. Avec ça, ce qui fait aussi la force de ce film, c’est l’écriture de ses personnages. Que ce soient les personnages principaux, ou les secondaires, tous sont bien posés et tous ont leur importance. Puis lorsqu’on parle des personnages, on ne peut passer à côté de ses acteurs et surtout ses actrices qui sont géniales. Si Kristen Stewart y trouve l’un de ses meilleurs rôles et si Katy O’Brian est une très belle révélation, terrible en culturiste aussi amoureuse qu’elle peut être terrifiante, il ne faudrait surtout pas oublier Jena Malone qui, dans la peau de la frangine battue par son mari, est extraordinaire, et avec son personnage, le film en profite pour très bien aborder l’emprise que subissent certaines victimes.
Enfin, du côté des idées de mise en scène de Rose Glass, « Love Lies Bleeding » est assez fou. S’il est clair que le film ne plaira pas à tout le monde, tant il tient une ambiance particulière, et au-delà de ça, il fait des choix radicaux, il n’en demeure pas moins une belle réussite. La cinéaste mélange là encore beaucoup de choses, offrant à la fois tous les éléments d’une love story influencée par « Thelma et Louise« , mais aussi des éléments de thriller avec tout ce qui est fait autour de la violence, puis il y a aussi du Body Horror avec un film parfois gore qui marche très bien (très appréciable la référence au premier « Alien » très bien placée). Rose Glass est pleine d’envie de cinéma et surtout d’un cinéma autrement, et ça, comme je le disais, ça fait du bien.
Ainsi, « Love Lies Bleeding » se pose comme l’un des coups de cœur de ce mois de Juin. Entre sujets de société, ultra violence et engrenages, Rose Glass nous offre surtout une très belle histoire d’amour, planante au possible, qui sait nous tenir d’un bout à l’autre de son récit. Bref, c’est excellent, et j’ai déjà envie de m’y aventurer de nouveau.
Note : 17/20
Par Cinéted