avril 20, 2024

The Grudge

De : Nicolas Pesce

Avec Andrea Riseborough, Demian Bichir, John Cho, Betty Gilpin

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une nouvelle version tortueuse de ce classique du genre, de cette histoire horrifique, inspirée du film JU-ON : THE GRUDGE de Takashi Shimizu.

Avis :

Takashi Shimizu est un réalisateur japonais qui a trouvé le succès dans les années 2000 en proposant tout d’abord un téléfilm, Ju-On, qui va être décliné en film pour le cinéma, se réintitulant The Grudge. Deux ans plus tard, en 2004, on va proposer au réalisateur d’en faire une version américaine, pour coller au succès fulgurant de Ring de Nakata, qui s’est fait remaker par Gore Verbinski en 2003. Le cinéaste japonais accepte et comme pour son homologue, les entrées seront excédentaires, permettant même d’enclencher une franchise. Devenant alors une trilogie, The Grudge ne va cesser de décevoir et de décroître dans l’intérêt des gens. Il faudra alors attendre dix ans avant de revoir un nouveau film estampillé The Grudge. Mais pourquoi faire ? C’est bien la question qui se pose face à ce film de Nicolas Pesce, qui accumule toutes les tares du mauvais film d’horreur.

Le début du film se passe donc au Japon, où l’on va suivre une américaine qui sort d’une baraque et commence déjà à avoir des hallucinations autour des poubelles de la baraque. On retrouve toutes les allusions aux fantômes des films précédents, et pour les quelques rompus au genre, on sait bien de quoi il en retourne. Le choix de placer ces éléments d’épouvante en plein jour, avec un beau soleil, sont étonnants, mais force est de constater que cela ne marche pas vraiment. D’autant plus que cette introduction ne sera qu’une note d’intention pour expliquer comment la malédiction arrive dans une maison aux Etats-Unis. Par la suite, le générique déboule et fournit une première tare, celle d’expliquer de but en blanc la malédiction, comme si le public était incapable de réfléchir par lui-même ou de le découvrir via le déroulé du long-métrage.

« La seule chose un peu nouvelle dans le scénario, c’est cette volonté de placer l’histoire à travers différentes époques/années. »

C’est dommageable car celui introduit deux façons de voir le public du film. Soit par des ados attardés qui n’ont pas vu les précédents opus, et qui sont visiblement trop bêtes pour comprendre d’eux-mêmes. Soit par des personnes qui connaissent cette malédiction, et à qui on fait un petit récapitulatif, alors que les choses auraient pu se décanter durant le visionnage. Est-ce aussi un manque de confiance envers la limpidité de l’intrigue dudit film ? Car la seule chose un peu nouvelle dans le scénario, c’est cette volonté de placer l’histoire à travers différentes époques/années pour construire une malédiction qui dure depuis un moment. Ainsi donc, on aura droit à la nana qui revient du Japon et qui va installer les fantômes, puis on aura un premier couple qui va aménager par la suite, pour engendrer une malédiction au sein d’un promoteur immobilier. Est-ce une bonne idée pour autant ?

Non, car The Grudge va se perdre dans un récit nébuleux qui n’explique à aucun moment ses changements de timelines. Ce sera aux spectateurs de se faire à ces changements, tout en essayant de suivre une policière qui mène une enquête dans laquelle elle aurait mieux fait de ne pas mettre son nez. De plus, avec le peu de temps imparti, il va falloir composer avec des personnages que l’on connait à peine, et pour lesquels on ne ressentira aucune empathie. On peut bien mettre un futur père qui veut juste faire son métier, ou encore un mari qui voit sa femme perdre la tête petit à petit, au point de vouloir l’euthanasier, rien ne sera vraiment travaillé, vraiment construit pour rendre ce petit monde intéressant. Ou encore pour brasser des thèmes importants autour de la mort ou de la paternité.

« Même sur les éléments de peur, on reste constamment sur notre faim. »

Nicolas Pesce n’arrive pas à bien gérer son petit monde, préférant jouer avec les codes du temps, plutôt que de construire des personnages solides. Des personnages qui sont, en plus, complètement désincarnés par les comédiens. Andrea Riseborough joue une policière qui vient de perdre son mari et tente de joindre les deux bouts avec son fils. Le côté pathos prend trop de place, et on ne ressentira rien pour cette femme qui tire toujours la gueule. Il en va de même avec Demian Bichir, qui campe un policier mutique et pas forcément intéressant. John Cho fait le minimum syndical, quant à Lin Shaye, dont le but de sa carrière semble d’être présente dans tous les films d’horreur possibles, elle joue constamment le même rôle de la folle qui fait des trucs dégueulasses. C’est assez triste de voir un tel tableau et de ne rien en faire…

Mais même sur les éléments de peur, on reste constamment sur notre faim. Afin de faire un clin d’œil au premier film américain de la franchise, on retrouvera cette main qui sort du crâne lors de la douche, mais c’est amené de façon grossière et attendue. Les quelques apparitions seront frontales, et ne laisseront aucune place à une montée en tension. Le coup du fantôme qui sort de la baignoire, c’est inintéressant, en plus de ne pas construire une peur tangible. La menace ne semble pas être là, et le film joue constamment sur la folie des gens et des apparitions qui sont grossières, sans génie dans la mise en scène. Les seuls moments que l’on peut trouver beaux, c’est lorsqu’une teinte orange s’empare de la photographie, avec des plans de coupe d’une rue, offrant alors une volonté d’atmosphère inquiétante. C’est trop peu pour convaincre.

Au final, cette nouvelle de The Grudge est un mauvais film qui n’arrive jamais à faire peur ou à donner du sens à son intrigue et à son montage. Volontairement bordélique, le long-métrage n’arrive pas à gérer ses différentes timelines pour montrer la puissance de la malédiction, ni même à propager des personnages intéressants, pour lesquels on ressent de l’empathie. Mal fichu, ne jouant jamais sur l’originalité pour susciter la peur, porté par des acteurs qui ne sont pas du tout investis, on peut dire que ce film de Nicolas Pesce est un coup d’épée dans l’eau, qui enterre, peut-être, une bonne fois pour toutes, la franchise américaine de The Grudge.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.