De : Baltasar Kormakur
Avec Idris Elba, Sharlto Copley, Iyana Halley, Leah Jeffries
Année : 2022
Pays : Etats-Unis
Genre : Survival
Résumé :
Le Dr. Nate Daniels, revient en Afrique du Sud, où il a autrefois rencontré sa femme aujourd’hui décédée, pour y passer des vacances prévues de longue date avec ses deux filles dans une réserve naturelle, tenue par Martin Battles, un vieil ami de la famille, biologiste spécialiste de la vie sauvage. Mais ce repos salvateur va se transformer en épreuve de survie quand un lion assoiffé de vengeance, unique rescapé de la traque sanguinaire d’ignobles braconniers, se met à dévorer tout humain sur sa route et prend en chasse le docteur et sa famille.
Avis :
Les survivals animaliers sont souvent connus pour leurs bestioles dangereuses et qui sont amatrices de chair humaine. On trouve de nombreux films de requin, notamment grâce aux Dents de la Mer de Steven Spielberg, mais il existe de flopée de films avec des carnassiers affamés ou devenus fous. On peut évoquer les araignées, les crocodiles, les serpents, les chiens ou encore les lions. Cependant, il n’y a pas énormément de survivals autour du lion qui sont sortis sur les écrans. Le premier qui vient en tête et L’Ombre et la Proie de Stephen Hopkins, mais on peut aussi citer Prédateur de Dick Maas, même si ici, le lion n’est pas dans son état naturel. Avec Beast, Baltasar Kormakur pose sa caméra en pleine Afrique du Sud, autour d’un apex prédateur qui a de bonnes raisons de buter tout être humain qui vient poser le pied sur son territoire.
Le pitch du film est relativement simple. Un père de famille, médecin de son état, vient avec ses deux filles en Afrique du Sud pour visiter le village de naissance de sa femme, récemment décédée d’un cancer. Sur place, il retrouve Martin, un ami de la famille que les filles considèrent comme leur oncle. Après des retrouvailles succinctes, le petit groupe part en safari, mais un lion devenu fou les attaque, et tout ce petit monde va devoir lutter pour sa survie. Sorte de Cujo en version sauvage, Beast ne lambine pas et pose rapidement son propos après une introduction qui explique les raisons de la folie de ce lion. Le réalisateur dénonce fortement les braconniers, et les présente comme un fléau humain, dénaturant les animaux sauvages, jusqu’à les rendre cinglés. Une façon maline d’introduire sa bestiole, tout en tenant un message à la fois écologique et politique.
« Kormakur pose les bases de ses émotions, avec un père perdu et perclus de remords. »
Bien évidemment, afin de rendre une bonne tension, le cinéaste va s’évertuer à présenter correctement, et sans ambages, cette famille dysfonctionnelle, où un père de famille tente de renouer des liens avec ses filles. L’arrivée en Afrique, la découverte de l’ancien lieu de vie de la défunte mère, le contact précieux avec l’oncle qui s’intéresse aux passions des filles, tout concorde pour donner un portrait simple et concret, qui s’ancre bien dans une réalité. Ici, Kormakur pose les bases de ses émotions, avec un père perdu et perclus de remords, des filles adolescentes qui ont du mal à pardonner à leur père son absence, et une relation tendue qui va devoir s’apaiser face à une menace. Certes, c’est assez cousu de fils blancs, mais les relations fonctionnent, et on va se prendre d’affection pour ces personnages crédibles, possédant des failles comme tout un chacun.
A cette écriture pleine d’humanité, il faut y ajouter des messages forts et intéressants, qui posent un regard acerbe sur notre société contemporaine. L’introduction montre comment ce lion se dénature face aux braconniers, pointant du doigt une création monstrueuse par la faute de l’homme. Mais on fur et à mesure du film, on va voir aussi que les braconniers sont responsables d’une catastrophe écologique, n’hésitant pas à tuer n’importe quelle bestiole pour l’appât du gain, Kormakur critiquant le capitalisme, qui s’invite même dans la savane. Et il démontre aussi que l’homme est un prédateur aussi dangereux que ce lion malade, incapable d’empathie et d’aide lorsqu’il y a des inimités entre personnes. Finalement, sous ses airs de survival tout simple, Beast cache bien plus de messages que des films qui se veulent plus complexes, et plus longs.
« Le réalisateur utilise énormément de plans-séquences pour mieux nous inclure dans cette survie sauvage.. »
Car oui, Baltasar Kormakur a conscience que son film a des limites dans son écriture, et qu’il ne faut pas tirer sur la corde. De ce fait, il vise uniquement l’essentiel et nous plonge très vite dans l’action. Et afin de nous rendre pleinement acteur de son long-métrage, il va faire preuve d’une belle imagination dans sa mise en scène. Il y a très peu de cut dans le montage, et le réalisateur utilise énormément de plans-séquences pour mieux nous inclure dans cette survie sauvage. Nous sommes au plus près des personnages, et on va ressentir de l’angoisse pour eux, même si, au fond, on se doute bien que peu de gens vont mourir. Mais encore une fois, Beast se fait ultra efficace dans sa mise en scène, son dynamisme, et son antagoniste qui pourrait presque se voir comme un fantôme indestructible.
Au final, Beast pourrait presque être considéré comme un excellent film de série B. Survival simpliste et dénué de chichis, Baltasar Kormakur fait tout pour rendre ses personnages crédibles et empathiques, nous plongeant au plus proche d’eux grâce à une mise en scène dynamique et intimistes. Si la fin nous laisse un peu circonspect, avec ce combat à mains nues face au lion, tout le reste tient bien la route et fait que l’on reste scotché du début à la fin. Bref, une sorte de Cujo en version sauvage, mais où la folie du lion provient des méfaits de l’homme, enclenchant alors une réflexion maline autour du capitalisme, de la violence de l’humain et de sa déconsidération de la nature.
Note : 15/20
Par AqME