mai 2, 2024

Godzilla Minus One – Gargantuesque!

De : Takashi Yamazaki

Avec Ryûnosuke Kamiki, Minami Hamabe, Yûki Yamada, Munetaka Aoki

Année : 2023

Pays : Japon

Genre : Fantastique

Résumé :

Le Japon se remet à grand peine de la Seconde Guerre mondiale qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre.

Avis :

Aujourd’hui, c’est au Japon que l’on fait escale, pour revenir sur ce réalisateur aussi excellent qu’il est discret, Takashi Yamazaki. Débutant dans les effets spéciaux au cours des années 80, il va vite s’essayer à la réalisation, se faisant la main sur des épisodes de séries d’animation. Avec les années 2000, Takashi Yamazaki va passer à la mise en scène de long-métrage avec « Juvénile« , un film qui n’est jamais sorti chez nous.

Fort de cette expérience, Takashi Yamazaki ne pose désormais plus sa caméra, et il oscille entre des films en live et des films d’animation. Ainsi, entre 2000 et 2023, il va réaliser une vingtaine de films, parmi lesquels il faut citer « The Returner« , « Space Battleship« , « Dragon Quest Your Story« , ou encore « Lupin III : The First« .

« Puissant, virtuose, passionnant, bouleversant, avec ce film, Takashi Yamazaki livre un spectacle incroyable. »

Dans la culture japonaise, « Godzilla » est un sacré poids. Pour dire, en 2015, le roi des monstres est devenu citoyen d’honneur d’un des quartiers les plus connus de Tokyo. Si les américains se sont emparés du lézard depuis quelque temps et se sont amusés à faire un peu tout et n’importe quoi (bien que les Japonais aussi, si l’on jette à un œil à toutes les créatures que Godzilla a dû affronter au cours des décennies), depuis « Shin Godzilla« , sorti en 2016, les Japonais ont repris le destin de leur créature, et ils ont fait du très beau travail. Il faut dire que « Shin Godzilla » fut une jolie claque et l’idée de voir un nouveau film japonais qui serait consacré au lézard, ça faisait envie, mais pour voir ça, il aura fallu attendre pas moins de sept années pour que « Godzilla » soit de retour.

Un retour très furtif en salle, puisque « Godzilla Minus One » se paye une exploitation en salle sur deux jours seulement. Deux jours, c’est très court, et encore plus lorsque l’on découvre que le Takashi Yamazaki est tout simplement le blockbuster de l’année. Puissant, virtuose, passionnant, bouleversant, avec ce film, Takashi Yamazaki livre un spectacle incroyable, qui met à l’amande tout ce que les américains ont pu faire avec leur « multivers Godzillaté ». Bref, j’ai déjà envie de le revoir.

La Seconde Guerre mondiale touche à sa fin. Kōichi Shikishima, un pilote d’avion kamikaze, atterrit sur l’île d’Odo, un poste où se trouvent des mécaniciens. Shikishima a fui son devoir en prétextant une panne sur son avion. Ce soir-là, alors que la paix s’apprête à être signée, l’île est attaquée par une créature géante que les locaux appellent Godzilla. Shikishima s’en sort miraculeusement, en fuyant encore une fois ses responsabilités.

De retour chez lui, Shikishima découvre sa ville détruite par les différents raids qu’il y a pu avoir. Sur place, il fait la rencontre de Noriko, une jeune femme survivante, qui a pris avec elle un bébé. Ensemble, ils vont composer une famille, et petit à petit, malgré les regrets et les images qui le hantent, la vie reprend son cours. Enfin ça, c’est jusqu’à ce que l’on entende parler d’un monstre des mers qui attaque des bateaux et autres bâtiments de guerre.

« Le plus intéressant dans ce « Godzilla Minus One » ne sera pas les attaques du monstre. »

Il aura fallu attendre le dernier mois de cette année 2023 pour voir enfin un blockbuster qui offre un spectacle gigantesque à l’écran. Sorti dans des conditions maximales, puisqu’il est diffusé chez Pathé dans les salles Imax, 4DX ou Dolby Atmos (c’est la salle dans laquelle j’ai été le voir), « Godzilla Minus One » est un film incroyable, aussi bien de par le spectacle qu’il offre, alors même que son monstre n’apparaît pas tant que ça, que dans ce qu’il raconte, car « … Minus One » a la très belle idée de placer son intrigue à la sortie de la guerre. Et avec ça, le film va alors énormément parler du traumatisme de la guerre, et de la reconstruction du Japon, certes, mais surtout de son personnage principal, pour qui, en un sens, la guerre est loin d’être finie.

Si le film offre alors le spectacle qu’on est venu chercher, avec des moments de destruction bluffants et surpuissants, on sera très étonné de par la tournure que prend le film. Le plus intéressant dans ce « Godzilla Minus One » ne sera pas les attaques du monstre, mais plutôt tout ce qui est fait autour du personnage qui vit avec ses regrets. Passionnant, le scénario traite remarquablement son personnage, que ce soit dans sa vie « intime », avec cette famille qu’il se crée, que dans son envie de se venger du monstre qui ne cesse de le hanter. D’ailleurs, à bien des subtilités, Godzilla se pose comme le trauma de la guerre.

Le scénario prend le temps de développer aussi d’autres personnages qui entourent Shikishima pour donner encore plus de relief à l’ensemble, et surtout rendre le film vraiment touchant. Entre scènes de camaraderie en mer, scènes familiales, sauvetage et sacrifice, moment de bravoure, tout est fait pour que l’ensemble soit émouvant, et ça fonctionne à merveille, de sa scène d’ouverture (qui soit dit en passant est une véritable claque avec un Godzilla qui n’est pas encore gigantesque) et sa scène finale, un peu évidente, mais en même temps, on n’aurait pas voulu autre chose.

« Ce mastodonte presque robotique fonctionne à 200 %. »

Une fois qu’on s’est attardé sur l’histoire, on ne peut passer à côté de l’immense spectacle qu’offre « … Minus One« . Et mieux encore, car en cherchant un peu, je suis tombé sur le budget de « Godzilla Minus one » et c’est assez fou de se dire qu’avec environs quinze millions de dollars, les japonais viennent d’offrir plus fou, plus intense, plus dur, sombre et émouvant, que tout ce qui a été fait avec le « Godzilla » américain, dont les films ont des budgets démesurés. Ici, la direction artistique est un bijou, et le film oscille entre un drame humain formidablement mis en scène, et un film d’action grand spectacle, qui nous réserve de sacrées fulgurances (l’ouverture, une attaque en mer, la scène du métro, et plus largement tout ce qui se passe dans la ville de Ginza).

Puis il y a le final, qui est aussi prévisible qu’il est incroyable, avec une scène qui arrête le temps comme jamais. Le tout est sublimé par une créature absolument terrifiante, alors qu’elle est, entre guillemets, plus cheap que chez les ricains, et pourtant, ce mastodonte presque robotique fonctionne à 200 %. Enfin, il est aussi impossible de passer à côté de la puissance du score de Naoki Sato qui livre l’une des plus belles BO de l’année. Une BO qui reprend évidemment le thème de « Godzilla », tout en livrant des partitions bouleversantes et très prenantes.

Si l’on ajoute à cela un casting parfait, notamment Ryûnosuke Kamiki qui est bouleversant dans la peau de ce pilote rongé par les remords, ce nouveau « Godzilla » se pose comme un film incroyable qui assure un spectacle bluffant et surtout ultra puissant de bout en bout. Ne cherchons plus, « Godzilla Minus One » est le blockbuster de l’année ! Un blockbuster qui conjugue parfaitement drame humain, réflexion autour de la guerre, et spectacle majestueux. Et le seul regret que j’en ai, c’est finalement de ne pas pouvoir le revoir en salle, car malheureusement, avec ses deux jours d’exploitation, c’est trop court !

Note : 20/20

Par Cinéted

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