Titre Original : Shin Gojira
De : Hideaki Anno et Shinji Higuchi
Avec Hiroki Hasegawa, Satomi Ishihara, Yutaka Takenouchi, Ren Ohsugi
Année: 2016
Pays: Japon
Genre: Fantastique
Résumé:
Un raz de marée inonde une partie de la côte de Tokyo. Après avoir pensé qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, les scientifiques se rendent compte que le responsable de ce désastre n’est autre que Godzilla, une créature géante prête à tout détruire sur son passage.
Avis :
Hideaki Anno est un sacré saint au Japon. Créateur de la série animée culte « Neon Genesis Evangelion« , il a presque commencé sa carrière chez Miyasaki avant de créer son propre studio (Gainax), au milieu des années 80. Depuis, le réalisateur a varié entre sa série et de temps à autre, un film.
Après un film animé en 2012 de la série « Evangelion« , Hideaki Anno, aidé de Shinji Higuchi, s’est emparé du légendaire « Godzilla » et a rebooté la franchise nippone, afin de redévelopper son univers. Ce reboot, c’est donc « Shin Godzilla« , et le moins que l’on puisse en dire, c’est qu’il est très différent des autres « Godzilla » Japonais. Prenant de par sa politique, passionnant dans les scènes où sa créature apparaît, « Shin Godzilla » est un excellent épisode, qui osera même se faire plus poétique à certains moments.
Baie de Tokyo, un matin comme les autres, une explosion sous-marine se fait entendre et voir. Les dirigeants du pays et ses scientifiques pensent alors à une éruption volcanique d’un volcan que personne n’aurait vu. Mais quelques heures plus tard, l’horreur s’étend quand une immense queue sort de l’eau. Bientôt, une créature inconnue se distingue. Une créature immense, qui finit par sortir de l’eau et détruit tout sur son passage. Le japon et bientôt le monde entier se tourne vers cette créature, qui sera baptisée Godzilla.
Alors que les Américains « découvrent » et s’accaparent le légendaire « Godzilla« , le Japon, en 2016, proposait son vingt-neuvième film sur la créature et après l’avoir fait combattre une foule inimaginable d’ennemis, voici que Hideaki Anno et Shinji Higuchi recommencent tout depuis le début. Bien souvent, les remakes et autres reboots ont de quoi faire parler, car on ne peut pas dire qu’on soit particulièrement satisfait par les différents projets. Mais si la Mecque hollywoodienne se perd souvent, la japonaise, si toutefois on peut l’appeler ainsi, a tout compris ou presque, en proposant un reboot actuel, qui s’avère intéressant dans son propos, et magnifique dans sa forme, mélangeant l’actuel et l’ancien, afin de ne pas dénaturer sa créature, et plus largement sa franchise.
Ce qui est étonnant dans ce nouveau « Godzilla« , et c’est aussi ce qui peut en agacer plus d’un, c’est le point de vue politique que le scénario développe grandement. Ce nouveau « Godzilla« , si l’on enlève ses attaques incroyables, est avant tout un film qui parle du Japon et de ses dirigeants. Hyper réaliste, au point d’en être presque un docu/fiction, « Shin Godzilla » c’est : comment réagirait le Japon face à une telle catastrophe ? Que faut-il faire ? Quelles sont les mesures à prendre ? Les deux réalisateurs se concentrent sur ces réunions faites dans l’urgence des situations. Il se concentre sur les faiblesses apparentes du Japon, alors puissant dans sa logique. L’un des personnages dit « – c’est étrange de voir Tokyo si fragile en fait » et cette simple phrase jette un état de fait sur tout un pays et plus largement sur le monde, et l’espèce humain qui se croit au-dessus du lot, et peut être remis très vite à sa place (mère nature…). D’ailleurs ce « Godzilla« , comme bien d’autres, a une réelle portée écologique, et sans donner des leçons, le film fait passer certains messages en toute subtilité. On appréciera aussi que pour coller à l’état actuel du monde, ce nouveau film a aussi une portée plus internationale, et ne se concentre pas seulement sur les problèmes que le monstre donne au Japon. Si la solution peut venir du Japon, le film propose les interventions de différents pays et essaie de s’accorder avec l’ensemble du monde et parfois les décisions prises sont terrifiantes.
En plus d’avoir un bon fond avec du relief, « Shin Godzilla« , c’est aussi une forme flamboyante. La mise en scène est belle, et sait se faire impressionnante, offrant des séquences de destruction massive. Des séquences de destruction qui sont aussi parsemées de poésie incroyable dont seuls les Japonais peuvent en avoir le secret. Et plus surprenant encore, ce mélange entre mise en scène impressionnante et poétique à la fois est bien plus marquant visuellement et émotionnellement parlant que ce qu’a pu faire Gareth Edwards dernièrement.
Ce nouveau « Godzilla« , c’est bien sûr, un « nouveau » monstre et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est très beau, puissant, répugnant (le corps de Godzilla est assez incroyable, on le croirait entièrement brûlé, ce qui lui donne un effet gore) et la réalisation, quand elle s’arrête sur lui, se fait bien souvent iconique. Chacune de ses attaques est filmée à hauteur d’homme avec précision, rage, détresse et les effets spéciaux sont magnifiques. Des effets spéciaux qui ont su garder un côté un peu kitsch, qu’on adore dans les « Godzilla » du Japon.
Enfin, si le film est réussi dans ce qu’il raconte, s’il est aussi réussi dans son visuel, « Shin Godzilla » est aussi un film sensoriel qui tient une BO magnifique faite par Sagisu Shiro, compositeur attitré de Hideaki Anno. Franchement, c’est un bonheur pour les oreilles et ça habille tellement bien certaines scènes. Et beaucoup de la poésie et de la tristesse que le film peut nous faire ressentir vient aussi de ces notes fabuleuses.
Ce nouveau « Godzilla » est donc un bien bon film. Superbement réalisé, excellent dans sa démarche politique, avec ce côté docu fiction. Bref, une excellente surprise qui, c’est bien dommage, risque fort de nous être inédite encore longtemps. Mais si jamais vous tombez dessus, tout en sachant qu’il faut aussi aimer les films où ça parle beaucoup, alors n’hésitez pas, ce « Shin Godzilla » est à voir !
Note : 16/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=hNwORVbNN-s[/youtube]
Par Cinéted
Une réflexion sur « Godzilla: Resurgence »