De : Neil Marshall
Avec Shauna MacDonald, Natalie Mendoza, Myanna Buring, Molly Kayll
Année : 2005
Pays : Angleterre
Genre : Horreur
Résumé :
En plein milieu du massif des Appalaches, six jeunes femmes se donnent rendez-vous pour une expédition spéléologique.
Soudain, un éboulement bloque le chemin du retour. Alors qu’elles tentent de trouver une autre issue, elles réalisent qu’elles ne sont pas seules. Quelque chose est là, sous terre, avec elles… Quelque chose de terriblement dangereux décidé à les traquer une à une…
Avis :
Neil Marshall s’intéresse très vite au cinéma dans les années 90, et après un court-métrage, il passe directement au long avec le remarqué Dog Soldiers. Film d’horreur et d’action mettant en scène des soldats face à une horde de loups-garous, le tout filmé en huis-clos dans une vieille baraque, on peut dire que le réalisateur anglais s’est vite fait remarquer. Trois ans plus tard, il enchaine alors avec un nouveau film d’horreur, The Descent, qui va lui aussi connaître un gros succès, aussi bien public avec les amateurs du genre, que critique auprès des professionnels. Neil Marshall s’assoit alors comme une valeur sûre du cinéma de genre, mais cela ne va durer bien longtemps. D’ailleurs, a bien y re-regarder, The Descent constitue une petite esbroufe. Car si le succès fut fulgurant, force est de constater qu’en soi, le film n’a rien d’exceptionnel, accumulant des tares impardonnables.
Le film débute avec une introduction percutante. On y croise trois nanas qui font du rafting, et l’une d’elles va rentrer chez elle avec son mari et sa fille. Sauf qu’elle a un accident de la route, tuant mari et enfant. Après ce début de film violent (et gore), on va rentrer dans le vif du sujet. Afin de l’aider à faire son deuil, les amies de la victime lui proposent de faire de la spéléologie. A six, elles s’enfoncent dans une grotte qui s’avère instable et qui va s’écrouler. Enfermées dans des excavations encore inexplorées, elles vont rencontrer un Mal bien plus dangereux que la nature. A partir de là, The Descent va devenir un survival assez classique, où la lutte pour sa survie sera de mise, avec de l’entraide ou des trahisons. Neil Marshall propose alors plusieurs confrontations qui mettront en avant la bestialité de l’être humain.
« Neil Marshall essaye de créer une cohésion de groupe, mais ne présente finalement aucun personnage. »
Car ne nous y trompons pas, la place du deuil dans le film n’est qu’une note d’intention pour foutre six nanas dans un trou, qui vont devoir se battre contre des hommes chauve-souris. Le fait de perdre un enfant n’est que rarement évoqué, et cela ne servira qu’à donner plus d’épaisseur à l’un des personnages, qui trouvera toutes les raisons de se battre. Mais là encore, on reste dans un truc qui tangue dangereusement, puisqu’on pourrait se demander pourquoi cela lui donne de la force, alors qu’elle a tout perdu et pourrait arrêter de se battre pour rejoindre son mari et sa fille. Il réside un côté très égoïste dans ce personnage, pourtant central, qui ne va jamais nous faire ressentir de l’empathie. C’est l’un des gros problèmes de ce film, qui ne donne aucune consistance aux personnages, et surtout à cette femme traumatisée, marquée à vie par la mort.
Mais il n’y a pas qu’elle qui reste sous-exploitée. Les cinq autres protagonistes sont tout bonnement transparents. Avant le départ pour la grotte, Neil Marshall essaye de créer une cohésion de groupe, mais ne présente finalement aucun personnage. Les filles ne sont pas marquées par un trait de caractère particulier, et même si elles rentrent dans des compositions factuels et réelles, elles n’ont pas d’accroche particulière. Pire, une fois dans les groupes, on ne saure plus qui est qui, même dans les prénoms. Les deux seules qui ont un peu de poids sont Natalie Mendoza, mais surtout parce qu’elle est en quelque sorte une méchant, et sa copine, la sportive tête brûlée. Le reste ne sera que chair à canon dont on se foutra royalement. Difficile alors d’avoir peur pour elles. Dire que le premier jet du scénario mettait en avant des profils plus « clichés »…
« Le cinéaste veut donner du rythme dans les affrontements et il va mettre en avant un montage épileptique, incompréhensible. »
Visiblement, le réalisateur sait que ces personnages ne sont pas assez marquants, du coup, il va tout faire pour créer de la tension dans le groupe, mais aussi chez les actrices, pour plus de crédibilité. Par exemple, il a caché ses monstres aux comédiennes, qui ont découvert le crawler lors d’une scène, provoquant un mouvement de panique. Cette tension, dans le scénario, tient sur trois choses importantes : les risques naturels (éboulement, glissades, fosses), les monstres qui ont la dalle et des velléités entre deux nanas. Pour la première chose, le réalisateur joue avec les décors et cela lui permet de poser des problèmes logistiques pour le groupe, avec une blessée et une perte de matérielle. C’est malin, mais la mise en scène ne permet pas forcément de faire ressentir de l’angoisse. C’est pour cela que les monstres arrivent de façon inopinée.
On pourrait dire que l’arrivée des crawlers est une bénédiction pour le film, lui donnant un peu plus d’ampleur et d’épaisseur. Cela est dû à une réalisation assez maline, où tout se passe en arrière-plan avant de jouer avec des jumpscares qui sont assez efficaces (la caméra infrarouge avec l’apparition du premier monstre). En ne voulant aucun effets numériques, Neil Marshall met en avant un travail de maquillage très fort et intéressant, visuellement. Malheureusement, cela ne tient pas lors des séquences d’action. Le cinéaste veut donner du rythme dans les affrontements et il va mettre en avant un montage épileptique, incompréhensible, qui rend toutes ces scènes pénibles à regarder. On a presque un côté épileptique qui fait mal aux yeux, rendant les scènes d’action insupportables. Heureusement que certains plans sont jolis et inspirés, notamment sur des choix de couleurs, pour équilibrer le tout.
« Le tout est plombé par des personnages inconsistants. »
Enfin, l’autre gros point noir du film réside dans la confrontation entre les nanas. Ou du moins entre les deux filles aux profils les plus marqués. Dès le début, on comprend que le mari qui va mourir a une relation avec une des amies de sa femme. Mais cette dernière va la découvrir dans la grotte, de façon inopportune, et on sent que cela a été fait pour rajouter un mélo qui aille doucement vers une vengeance. C’est très mal foutu, ça n’a pas forcément sa place dans le récit horrifique, et cela montre l’incapacité de créer des personnages solides, qui luttent pour leur survie, sans faire passer des mélos personnels. Même le final, qui se joue de nous dans un twist péniblement amené, laisse sur le carreau, à cause d’un choix scénaristique très moyen.
Au final, The Descent est un film qui n’est pas désagréable, qui se révèle dynamique et qui a quelques moments intéressants, notamment sur les rares plans larges. Mais le tout est plombé par des personnages inconsistants, un mélo qui lorgne vers le nanar et une mise en scène qui foire tous ses plans d’action, à cause d’un montage épileptique. Neil Marshall prouve qu’il a des idées, peaufinant ses décors avec quelques effets économiques malins, mais il n’arrive pas à être constant sur la durée. Bref, un film qui a peut-être usurpé son statut…
Note : 12/20
Par AqME
Une réflexion sur « The Descent »