avril 25, 2024

I am not a Serial Killer

De : Billy O’Brien

Avec Max Records, Christopher Lloyd, Laura Fraser, Karl Geary

Année : 2016

Pays : Irlande, Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Dans une petite bourgade américaine, un lycéen perturbé décide de traquer le tueur en série qui sévit dans la région, un homme qui pourrait bien être l’un de ses voisins au comportement étrange…

Avis :

C’est en 2006 que le réalisateur Billy O’Brien fait parler de lui à travers son premier film, Isolation. Recevant une pluie de récompenses lors de divers festivals, ce premier long-métrage va tout de même avoir plus de mal à convaincre le public. Il faut dire que le fait de faire un ersatz d’Alien à travers une ferme anglaise où une vache se transforme en machine à tuer avait de quoi laisser perplexe. Cependant, malgré quelques défauts évidents, on ne pouvait passer à côté d’un message écolo intelligent et d’une réalisation maline qui ne tombait jamais dans l’excès, ayant conscience de son petit budget. Par la suite, le réalisateur va tomber dans l’oubli en sortant deux mauvais films, Ferocious Planet et Scintilla. Il faudra alors attendre 2016 pour revoir un petit film un peu intéressant du cinéaste avec I am not a Serial Killer.

L’approche est assez curieuse, puisque l’on va suivre un adolescent qui est mal dans sa peau, persuadé qu’il est un sociopathe en dormance. Il s’intéresse alors à des sujets glauques, comme les tueurs en série connus, et le travail de sa mère, pompes-funèbres de la petite bourgade, ne l’aide pas à se sentir plus « normal ». Tout s’agite encore plus en lui lorsqu’un tueur en série sévit dans le bled. Il va alors tout faire pour savoir de qui il s’agit et le suivre dans son cheminement macabre. Bref, Billy O’Brien délivre un scénario plutôt intelligent, qui va faire un parallèle entre fascination mortifère et une réalité meurtrière qui est toute autre. Comme d’habitude, il y a un vrai fond dans ce long-métrage, et une envie de bousculer les codes pour ne pas sombrer dans une horreur binaire et sans sujet.

« Le film se vautre dans une sorte de volonté « auteurisante ». »

Malheureusement, tout cela sera assez mal amené, la faute à un rythme lénifiant et à des passages qui laissent circonspects. Il faut dire que l’on reste trop longtemps sur la vie de ce jeune lycéen qui se fait harceler par des camarades et rejette quelques pulsions violentes. Le réalisateur s’appesantit trop sur des passages qui ne sont pas forcément intéressants, comme son amitié intéressée avec un autre garçon, ou encore une relation tendue avec un psychologue qui semble plus présent pour la mère du garçon que pour le garçon en lui-même. Le film se vautre dans une sorte de volonté « auteurisante » où il faut à tout prix jouer sur des codes sociaux pour expliquer la différence de ce garçon envers le reste de la population. Cela amène à une réflexion sur la normalité et ce qui est acceptable en communauté, mais ça reste survolé.

L’autre gros point noir va provenir du tueur en série en question. Le film ne va pas se contenter d’être un « thriller » avec un humain « normal ». On va rapidement voir que le tueur en question possède des pouvoirs étranges, et qu’il tue pour récupérer certaines parties du corps. Toujours dans cette volonté de placer du fantastique dans un quotidien tout ce qu’il y a de plus normal, le réalisateur amène une créature bizarre qui se dévoilera pleinement sur la fin du métrage. Mais là où ça s’intégrait parfaitement dans Isolation, trouvant des raisons dans les OGM, ici, ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, et on se demande bien pourquoi ce choix scénaristique. Alors certes, ça donne des éléments gores un peu inédits et des attaques sournoises provenant d’un homme que l’on peut ne soupçonner, mais tout cela reste très cryptique.

« Mais le vrai miscast provient de Christopher Lloyd. »

Il faut ajouter à cela une mise en scène pour le moins incongrue. Si le film date de 2016, on a l’impression qu’il a été tourné dans les années 90. L’image est très granuleuse, et il y a comme une envie de filmer sur le vif, en étant proche des personnages, comme pour mieux nous choquer. Mais cela ne fonctionne jamais vraiment, car il manque une patte graphique facilement identifiable. En fait, ça sent plus le manque de budget que la volonté artistique. Et toujours dans cette sensation un peu désagréable, les acteurs ne sont pas forcément bons. Max Records essaye de tenir le film sur ses frêles épaules en jouant un ado perturbé, mais il reste assez monolithique et ne parvient pas à faire passer toutes ses émotions. Ou son absence d’émotion. Il y avait peut-être mieux à faire comme choix de casting.

Mais le vrai miscast provient de Christopher Lloyd, qui peut s’identifier comme la plus-value du film. En effet, voir Doc de Retour Vers le Futur dans un film d’horreur bis, ça a de quoi attirer l’attention. D’autant plus qu’ici, il joue le grand méchant, ce monstre bizarre qui tue des victimes en fonction de leur partie du corps. Malheureusement, l’acteur ne sera pas vraiment à la hauteur, n’étant jamais vraiment inquiétant, et n’arrivant pas à jouer avec une dualité vieux fragile/bête tueuse. De plus, à ses côtés, il n’y a pas grand-monde pour soutenir une palette de personnages solides. On reste dans le bas du panier avec des personnages fonctions. Il en va de même pour les effets de peur, absents, ou le gore timide, que l’on retrouve dans quelques meurtres finalement vite expédiés, ou dans la préparation des corps, lorsque l’on est dans le travail de la mère.  

Au final, I am not a Serial Killer est un film qui avait un propos de base assez intéressant, mais qui se dégonfle assez vite. Le parallèle entre un ado qui se pense tueur et un vieux qui est un tueur se cachant ne tient pas ses promesses et délivre alors un message sur la normalité qui brasse du vent. La mise en scène fait datée, les acteurs ne sont pas assez bien exploités et l’histoire peine à se faire passionnante, avec cet élément fantastique qui tombe de nulle part. C’est dommage, car Billy O’Brien est un cinéaste qui a des choses à proposer, mais sans budget et sans soutien, tout son entreprise semble bien compliquée.

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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